Les annulations de concert et les incertitudes concernant l’avenir ont eu raison du claveciniste François Grenier, codirecteur de l’ensemble de musique ancienne Hemiolia. Le musicien de 39 ans s’est suicidé le 17 mars dernier, après s’être enfermé de plus en plus dans sa bulle.
« L’avenir l’inquiétait de plus en plus, il en avait une peur panique, car il y avait de moins en moins de reports de nos concerts », témoigne Claire Lamquet, violoncelliste qui codirigeait avec lui l’ensemble Hemiolia, dans un hommage publié dans La Lettre du musicien.
Nouvelle victime collatérale des mesures sanitaires, François Grenier avait de moins en moins d’énergie au fur et à mesure que les mois passaient, alors que cette saison de concerts aurait dû être « la plus importante de l’histoire de notre ensemble, avec des tournées prévues en Bolivie, au Québec ».
« Avec la crise sanitaire, et en particulier à partir du deuxième confinement, j’ai senti un net changement dans le comportement de François », raconte la violoncelliste. La fermeture des salles de spectacle, tout comme les autres mesures sanitaires, ont été mises en place dans le cadre de la lutte contre le coronavirus, maladie causée par le virus du Parti communiste chinois (PCC).
« Il était tellement triste des annulations de concert. Il ne les supportait plus. » Le trentenaire, « de plus en plus fuyant », « s’était renfermé dans sa bulle, et ressassait les annulations ».
La musique, en particulier le répertoire italien du XVIIe siècle, était sa passion inconditionnelle. « Il ne supportait plus cet océan de silence auquel on nous a réduits depuis des mois », témoigne Claire Lamquet.
L’ensemble Hemiolia est en résidence au théâtre de Calais depuis 2015. En novembre dernier, le groupe a enregistré un disque consacré au répertoire français du XVIIIe siècle pendant le second confinement, ce qui « avait reboosté » le musicien, confie sa collègue à L’Obs. « C’est la dernière fois qu’il a touché son clavecin… »
L’ensemble de musique baroque envisage de sortir ce disque à titre d’hommage. Toutefois, il lui faudra se réinventer par la suite. « Ce sera impossible de rejouer ce qu’on a construit avec François sans lui », assure la codirectrice d’Hemiolia.
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