TRADITIONS CHINOISES

Neuf bergers pour dix moutons (十羊九牧)

mars 13, 2015 22:03, Last Updated: octobre 29, 2017 12:49
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L’idiome «Neuf bergers pour dix moutons» provient d’une histoire relative au rapport d’un haut fonctionnaire à un ancien empereur chinois et contient la sagesse, le bon sens nécessaire, la pertinence, pour les gestionnaires de tous bords de nos jours.

Il y a 1500 ans, la Chine traversait une période de chaos qui a duré plus de 100 ans, au moment où le pays a été divisé en deux parties, le Nord et le Sud, chacune gouvernée par une succession de courtes dynasties. Il y avait des guerres et des désordres sociaux continuels, mais c’était aussi une période de prospérité pour l’art, la culture et la religion. Cette époque a été appelée les Dynasties du Sud et du Nord (420-589).

Suite à cette période, l’Empereur Wen a instauré la Dynastie Sui (581-589) qui a, pour la première fois, unifié la Chine après plus d’un siècle de séparation Nord-Sud.

L’empereur disposait de quelques fonctionnaires loyaux pour l’aider. L’un d’entre eux était Yang Shangxi (533-590).

Yang avait remarqué quelques adversités à régler dans la gouvernance du pays. Il y avait trop de comtés et de fonctionnaires du comté, en raison des différentes juridictions administratives émanant des dynasties précédentes. Ainsi, la plupart des fonctionnaires étaient responsables uniquement de petites régions ou étaient affiliés à un service qui n’avait plus de raison d’être, ne répondant plus à une fonction utile.

Cette situation n’occasionnait pas seulement une dépense importante pour le gouvernement, mais constituait aussi une entrave à la bonne marche des affaires. Yang, préoccupé, a par conséquent rédigé un rapport à l’Empereur Wen.

Yang a écrit: «Il y a maintenant trop de comtés et trop de fonctionnaires, comme si nous avions neuf bergers pour dix moutons. Cela engendre des coûts financiers importants pour la cour et généralement cela prend beaucoup de temps pour faire avancer les choses.

La réduction du nombre des comtés et des fonctionnaires est une urgence prioritaire pour l’Empire. Je recommande de maintenir uniquement les régions administratives qui sont utiles et d’amener les fonctionnaires compétents à s’installer là où c’est vraiment nécessaire. Concernant les fonctionnaires rejetés nous pourrions leur offrir d’autres fonctions.

Ces changements permettront au gouvernement de réduire significativement les dépenses et d’administrer les affaires de l’Empire beaucoup plus efficacement et plus aisément.»

Après lecture du rapport de Yang, l’Empereur Wen prit en compte son conseil et  mit en place une série de réformes centralisées qui ont abouti à de très bons résultats.

Cette histoire fait partie de la biographie de Yang Shangxi (楊尚希) que l’on retrouve dans le «Livre de Sui» (1). La phrase十羊九牧 (shí yáng jiǔ mù) qui apparaît dans le rapport de Yang à l’Empereur Wen, littéralement «Dix bergers pour neuf moutons», est devenue par la suite un idiome.

L’idiome est souvent traduit par «Neuf bergers pour dix moutons» et est utilisé pour décrire une situation où il y a trop de personnes donnant des ordres et pas assez pour les mettre à exécution.

Cette expression est également utilisée pour exprimer l’importance pour l’autorité d’avoir une vue claire dans la gestion de n’importe quelle tâche ou organisation, afin qu’il n’y ait pas d’incertitude sur la marche à suivre.

Remarque :

Le Livre de Sui (隋書, Suí Shū) est l’histoire officielle de la Dynastie Sui. Il a été rédigé par un groupe d’intellectuels éminents durant la Dynastie Tang et a été complété en 636. Le livre comporte cinq volumes d’annales, 30 volumes de traités et 50 volumes de biographies.

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