Au moins neuf personnes, dont huit policiers, ont été blessées lundi dans un attentat perpétré par une femme kamikaze à Tunis, le premier à secouer la capitale tunisienne depuis 2015.
La kamikaze s’est fait exploser « à proximité de voitures de police », sur l’avenue Habib Bourguiba, la principale artère du centre de la capitale, a déclaré le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Sofiène Zaag.
Cette femme, âgée de 30 ans, n’était pas considérée comme « extrémiste » par les services de sécurité, a par la suite indiqué le ministère dans un communiqué, sans autre précision sur son identité.
Sur place, une journaliste de l’Agence France Presse (AFP) a pu voir le corps sans vie de la kamikaze, allongée sur le dos, voilée et lunettes noires sur le front. Selon le ministère de l’Intérieur, elle est décédée sur le coup. Son cadavre portait essentiellement la marque de l’explosion sur son flanc gauche.
D’après des sources policières, la kamikaze ne portait vraisemblablement pas de « ceinture d’explosifs » mais « plutôt une bombe artisanale ».
Rapidement, plusieurs ambulances et d’importants renforts de police sont arrivés sur les lieux, et le secteur a été bouclé. Au moins deux personnes ont été interpellées, dont une dans des conditions mouvementées, a constaté la journaliste de l’AFP.
Dans une atmosphère chaotique, de nombreux cafés et boutiques de cette avenue emblématique de la capitale ont rapidement baissé leurs rideaux, selon la même source.
Les journalistes ont reçu l’interdiction de s’approcher des lieux de l’explosion.
L’ambassade de France, qui se trouve à proximité du site, a affirmé que son personnel restait confiné dans l’après-midi.
Dans une première réaction politique, le groupe parlementaire du parti islamiste Ennahdha a dénoncé une « lâche attaque » et appelé « tous les Tunisiens à s’unir pour faire face au terrorisme ».
L’avenue Bourguiba est l’une des artères les plus fréquentées de la capitale et peu avant l’explosion, un groupe de personnes y manifestait pour protester contre la mort d’un jeune homme de 19 ans, la semaine dernière.
Touchées à des degrés divers, les neuf victimes de l’attaque ont été hospitalisées, a dit le ministère de l’Intérieur, sans autre détails.
Si aucun décès parmi les victimes n’est pour l’heure à déplorer, cet attentat a replongé la capitale tunisienne plusieurs années en arrière.
Il s’agit en effet du premier à secouer Tunis depuis le 24 novembre 2015, quand une attaque suicide, commise là aussi en plein centre, avait visé un bus de la garde présidentielle, tuant 12 agents. Elle avait été revendiquée par le groupe jihadiste État islamique (EI).
Cette même année, 60 personnes dont 59 touristes, avaient été tuées dans d’autres attentats contre le musée du Bardo à Tunis, le 18 mars, puis contre une plage et un hôtel près de Sousse, le 26 juin. Ces deux attaques avaient aussi été revendiquées par le groupe EI.
En mars 2016, des dizaines de jihadistes venus de Libye avaient en outre tenté, sans succès, de s’emparer de postes des forces de sécurité dans la région de Ben Guerdane (sud), près de la frontière libyenne. L’attaque avait fait 20 morts parmi les forces de sécurité et les civils.
Cette attaque n’avait pas été revendiquée mais les autorités avaient accusé l’EI d’avoir voulu créer « un émirat » sur le sol tunisien.
Cette vague d’attentats, consécutive à l’émergence d’une mouvance jihadiste comprenant l’EI mais aussi Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), avait gravement nui au tourisme, un secteur vital de l’économie tunisienne.
Elle avait contribué à fragiliser le processus démocratique né de la révolution de 2011 contre le régime de Zine el Abidine Ben Ali.
Depuis le printemps 2016, les autorités tunisiennes se sont félicitées d’un retour au calme, même si des incidents meurtriers persistent, notamment près des monts du nord-ouest, repaire des jihadistes : en juillet, six membres des forces de l’ordre ont été tués dans une attaque revendiquée par Aqmi.
À la faveur de l’accalmie, l’industrie touristique a connu une embellie lors des saisons 2017 et 2018 et la croissance tunisienne s’est raffermie.
Mais l’état d’urgence reste en vigueur sur l’ensemble du territoire depuis l’attentat de novembre 2015. Il a été prolongé d’un mois le 5 octobre dernier.
Celui-ci octroie des pouvoirs d’exception aux forces de l’ordre. Il permet notamment l’interdiction des grèves et des réunions « de nature à provoquer (…) le désordre ».
D. S avec AFP
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