Aux premières places des pays les plus innovants en recherche et en développement, la France perd pourtant inexorablement son industrie : les chiffres parlent d’eux-mêmes, plus de 700 000 emplois perdus en 15 ans. En cause, des décennies de décentralisation, de perte de propriété intellectuelle, d’opposition sociale et d’une certaine image fanée de l’industrie. Pour contrecarrer cette tendance, le ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique Emmanuel Macron présentait la semaine dernière un plan stratégique industriel composé de 9 grands défis clés afin de préparer « l’industrie française de demain ».
De 34 plans à 9 grands défis d’avenir
Des 34 plans présentés en septembre 2013 par Arnaud Montebourg – parmi lesquels une voiture consommant moins de 2 litres aux 100 km, une généralisation des bornes de recharge électrique, le transport par dirigeable, Emmanuel Macron n’a retenu que neuf axes de développement prioritaires, basés sur les fleurons industriels français plutôt que sur le développement de produits spécifiques. Selon le ministre, « ces neuf solutions, c’est une façon d’apporter une réponse à neuf grands défis de l’avenir ».
Changement de méthode et changement de perspective, avec l’idée d’accroître la visibilité au niveau international et une simplification de la stratégie. Les plans démarrés en 2013 resteront cependant actifs et tendront à s’insérer parmi les neuf nouveaux plans du gouvernement, exception faite des projets « qui n’avancent pas assez ». La seconde partie du projet nommé « Nouvelle France industrielle » sera appuyée par une enveloppe de 3,4 milliards d’euros déjà comprise dans le programme des investissements d’avenir.
Neuf marchés autour du durable et de la digitalisation
Contrairement à ce qu’on a pu entendre, la nouvelle stratégie industrielle ne se retrouve pas exclusivement centrée autour de la digitalisation des entreprises, mais aussi autour de l’innovation durable.
En effet, le premier levier de relance concerne les nouvelles ressources énergétiques. Il vise à développer l’utilisation des matière premières d’origine végétale et à réduire le stockage des déchets par des nouvelles filières de recyclage. Y est prévue la création de 25 000 emplois d’ici à 2020. Le deuxième défi est celui de la ville durable, nourrie par la rénovation énergétique et la gestion intelligente des ressources (une prévision de 110 000 postes créés et un chiffre d’affaires généré de 100 milliards d’euros dans les cinq ans à venir, notamment dans l’exportation des innovations à l’étranger).
Le troisième défi concerne la mobilité écologique. De 8 000 à 25 000 postes seront créés d’ici à 2030, pour repenser la mobilité de demain, basée sur plus d’électrique et moins de pétrole, ainsi que sur les innovations dans le stockage de l’énergie. Le quatrième défi portera sur les transports de personnes et de fret, pour repenser les nouvelles filières de transport interrégionales, avec notamment l’étude de solutions via les aéronefs téléguidés.
Le cinquième défi industriel concerne les liens entre la médecine et les nouvelles technologies, un marché potentiellement porteur, dans un pays où l’industrie pharmaceutique est présente internationalement.
Les sixième, septième, huitième défis concernent plus directement les hautes technologies avec respectivement le développement de l’économie des données – autour des méga-données (création de 137 000 emplois d’ici à 2020), des objets intelligents (notamment en relocalisant 20% de la production en France) et de la sécurité numérique (le piratage des données informatiques allant de pair avec leur développement).
Le neuvième défi, aussi anachronique que cela puisse paraître, concernera l’alimentation intelligente, c’est-à-dire la modernisation numérique des industries agroalimentaires, l’innovation dans le froid durable et la création de nouveaux emballages plus écologiques.
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