« J’étais en train de battre le riz lorsque ma fille m’a averti que nous étions cernés par les +colons+. J’ai levé la tête et vu qu’ils braquaient leurs armes sur moi », raconte à l’AFP Camilo Castro, un indien miskitos de Sagnilaya, sur la côte caraïbe du Nicaragua.
Sagnilaya, qui compte environ un millier d’habitants, est l’un des 350 villages miskitos, l’ethnie la plus importante de la côte caraïbe du Nicaragua. Ici, les autochtones ont conservé leur langue et leur organisation sociale ancestrale, avec l’accord du gouvernement de Managua.
Des pilleurs qualifiés de « colons »
Dans le plus pur style d’un mauvais Western, des petits groupes d’hommes armés, des pilleurs qualifiés de « colons » par les indiens miskitos, parcourent la région à pied ou à dos de mules et revendiquent, arme au poing, des terres ancestrales appartenant aux indigènes.
Ce 21 septembre, cinq de ces « colons » ont intimé l’ordre à Camilo Castro, l’un des leaders de la communauté miskitos de Sagnilaya, pasteur protestant de l’église Morave, la plus influente de la région, d’avertir ses ouailles de leur intention de s’emparer d’une partie de leurs terres, situées au nord-ouest de Bilwi, chef-lieu de la région autonome Caraïbe-Nord du Nicaragua.
Les agresseurs avaient jeté leur dévolu sur les terres de la petite communauté d’agriculteurs situées de l’autre côté de la rivière Wawa, tandis que les indigènes devraient se contenter du côté de la vallée où ils habitent.
Mais les villageois ont rejeté cette « négociation » sous la menace, déclarant préférer mourir plutôt que de céder.
Les « colons » ont alors annoncé qu’ils allaient tuer des leaders de la communauté, dont le chef coutumier Apolinar Taylor, et qu’à défaut ils brûleraient leurs fermes.
« Ils veulent me tuer parce que je défends la terre », déplore le leader indigène, âgé de 60 ans.
Ce n’étaient pas des paroles en l’air… Le groupe armé a fait irruption dans le village en l’absence de la plupart des hommes, occupés à travailler sur les terres qu’ils convoitent sur l’autre rive.
Furieux de ne pas trouver le chef coutumier, ils ont séquestré deux indigènes pendant plusieurs heures et ont incendié cinq fermes, dont celle d’Apolinar Taylor.
Une dizaine d’hommes sont « arrivés en rang, chacun avec deux armes (…) il se sont jetés sur moi, m’ont jeté face contre terre et m’ont ligoté », raconte à l’AFP Salvador Hernandez, l’un des deux villageois qui ont été séquestrés.
Les agresseurs d’anciens guérilleros
« J’ai peur de retourner à la ferme car ils m’ont menacé. Eux, ils ont des armes, mais pas moi. Ils ont brûlé ma maison où il y avait 30 quintaux de riz que je venais de rentrer. Que vais-je faire maintenant ? Que vais-je donner à manger à mes enfants », se lamente-t-il.
Une patrouille de la police indigène est venue enquêter. Après s’être enfoncés à pied une dizaine d’heures, de nuit, dans la forêt, les policiers sont parvenus à capturer l’un des assaillants, a indiqué Apolinar Taylor.
Selon certains miskitos, les « colons » veulent s’emparer de leurs terres pour les revendre, pour d’autres, ils agissent sur commande d’éleveurs, des « métis », qui prétendent les avoir louées et veulent s’y installer.
De son côté, le directeur du gouvernement régional Caraïbe-Nord, Rigoberto Gonzalez, assure que, dans le cas du village de Sagnilaya, les agresseurs sont d’anciens guérilleros antisandinistes issus de l’ethnie Yatama et qui louent illégalement les terres des miskitos.
La loi nicaraguayenne reconnaît les droits des miskitos
Ces bandits réclament 1.125 hectares prétendument vendus par un indigène, affirme le curé du village, Augustin Ocampo.
Pourtant, depuis 1987, la loi nicaraguayenne reconnaît les droits des communautés indigènes miskitos, mayangnas, garifunas et des descendants des afro-caribéens. La loi « d’autonomie » interdit ainsi de vendre ou de louer les terres communautaires, même si « depuis une dizaine d’années » certains chefs coutumiers en ont vendu, sans consulter le reste de la communauté, reconnaît le prêtre.
Dans toute la région caraïbe, plus de 300.000 hectares de terres indigènes inaliénables ont été recensées par les autorités gouvernementales, relève le directeur du gouvernement de la Caraïbe-Nord.
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