Pour l’ancien champion du monde de boxe, il est essentiel de « faire la part des choses » et de ne pas mettre tous les policiers « dans le même sac ».
Dans un entretien accordé aux journalistes du Point, Jean-Marc Mormeck est revenu sur les accusations de racisme et de brutalité auxquelles les forces de l’ordre doivent faire face depuis plusieurs jours.
Une problématique que l’ancien champion du monde de boxe WBA et WBC connaît bien, lui qui a grandi dans une cité de Bobigny (Seine-Saint-Denis) avant de devenir délégué interministériel pour l’égalité des chances des Français d’Outre-mer, puis délégué aux quartiers populaires de la région Île-de-France après sa carrière de boxeur.
Alors que certains n’ont pas hésité à comparer la situation française à celle des États-Unis après le décès de Georges Floyd – un Afro-Américain de 46 ans asphyxié au cours de son interpellation par la police –, Jean-Marc Mormeck estime au contraire que « les sociétés françaises et américaines sont complètement différentes ».
« Les États-Unis sont un État fédéral et la police dépend directement des villes, ce sont les maires qui décident, et, évidemment, la situation varie d’une ville à l’autre. Mon parcours de boxeur m’a amené à vivre quelques années là-bas. C’est une société plus violente avec la libre circulation des armes, et les rapports entre les populations y sont plus marqués par la discrimination », précise le quadragénaire.
« Je ne nie pas les problèmes dans notre pays, les discriminations existent, mais ce n’est pas comparable. Je suis très gêné d’entendre des généralités, en parlant de violences policières. Non, en France, tous les policiers ne sont pas violents ni racistes. Il y a, en effet, des policiers violents. Dans ces cas précis, on peut parler de violences policières, et il faut les dénoncer. On ne peut pas tous les mettre dans le même sac en affirmant qu’ils sont tous violents ou racistes », ajoute-t-il.
Alors que différentes manifestations censées dénoncer le racisme et les violences exercées par la police ont été organisées en France depuis la mort de Georges Floyd, l’ancien athlète de haut niveau considère que plusieurs participants se sont lancés dans « une surenchère de propos choc, pour ainsi être repris et suivis dans les médias ou invités sur les plateaux télé et se faire connaître en avançant des thèses et des théories vides de véritable fond ».
« Bien sûr, on peut affirmer qu’il y a parfois des dérives policières. Mais il y a aussi des gens de banlieue qui ne se comportent pas bien. Je ne comprends pas pourquoi, par exemple, certains s’en prennent aux pompiers qui viennent éteindre des incendies ou aider la population de ces quartiers ? Pourquoi, à l’inverse, on ne pourrait pas dire que ceux agissant ainsi ne sont pas des gens bien ? Pourquoi, concernant les cités, se retiendrait-on de dénoncer des comportements inacceptables et négatifs ? Il faut faire la part des choses. Bien sûr, il y a des dérives policières. Bien sûr, il y a du racisme et des policiers racistes au même titre que, dans les banlieues, il y a des fouteurs de merde et des gens sans moralité », poursuit le natif de Pointe-à-Pitre (Guadeloupe).
« Ce n’est pas parce qu’on vient d’un quartier qu’on est voué à l’échec »
S’il reconnaît que « la vie n’était pas rose » dans le quartier de Bobigny où il a passé son enfance, Jean-Marc Mormeck estime néanmoins que la situation était bien différente de celle d’aujourd’hui, où le communautarisme semble avoir pris le pas.
« Il y avait déjà des phénomènes de bandes et on s’affrontait entre quartiers parce qu’on n’aimait pas les mecs d’une cité rivale. Mais on était ensemble dans notre quartier : Blancs, Noirs ou Arabes, on ne faisait pas de différence entre nous. Aujourd’hui, on constate une radicalisation des rapports entre les gens. On veut se distinguer dans son quartier au nom d’une religion, de ses origines ou de sa couleur, etc. C’est un prétexte à faire la guerre, à faire du mal, à se mettre à part, en marge de la société, et à marquer sa différence vis-à-vis de l’autre. Je n’ai pas grandi comme ça et je ne veux pas de cela pour cette jeunesse », souligne l’ancien pugiliste.
« […] Face à ceux qui crient à la discrimination systématique, j’ai envie de répondre que beaucoup, hélas, se ghettoïsent tout seuls. Ils portent des revendications qui les arrangent bien pour entretenir les jeunes dans leur mal-être et continuer à dénoncer et à tenir un discours politique et hostile. Mais non, ce n’est pas parce qu’on vient d’un quartier qu’on est voué à l’échec. On est victime de quoi quand on choisit un camp en prétendant ne pas faire partie de cette société ? Ou en se laissant pousser la barbe en mettant sa religion en avant ? Je ne vais pas le nier, c’est plus difficile de réussir, même avec des diplômes, quand on vient des quartiers ou d’Outre-mer. Tous n’y arriveront pas, mais c’est aussi ça, l’histoire de la vie. Il faut se challenger, essayer, recommencer pour réussir. Chacun doit prendre ses responsabilités et redoubler d’efforts pour y arriver », ajoute-t-il.
« […] La banlieue, c’est la France, ce n’est pas un prétendu territoire à défendre contre la police ou les pompiers. Ils doivent pouvoir entrer librement pour y faire leur travail comme partout ailleurs. Pour que les gens s’intéressent à eux, ces jeunes doivent, au contraire, laisser les autres entrer, voir leur réalité, leur quotidien. Il n’y a que comme cela qu’on peut les aider. J’ai été à leur place. Je sais ce que c’est. J’ai squatté les halls d’immeuble avec mes amis. On refaisait le monde et on pensait qu’il n’y avait pas de rêves ici pour nous. Mais, un jour, j’ai compris qu’il fallait vivre ses rêves, et non pas rêver sa vie. En restant enfermé, on finit par se créer ses propres barrières. Il faut oser les dépasser pour échanger, rencontrer et comprendre l’autre », conclut Jean-Marc Mormeck.
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