Au-delà des multiples bienfaits que la consommation du nopal et son usage topique apportent à l’homme, sa culture représente par ailleurs un atout majeur pour la préservation de l’environnement et s’inscrit dans une démarche agroécologique judicieuse.
Les plantations de nopals ont en effet un impact global et contribuent de façon positive à l’équilibre de nombreux écosystèmes. De plus, elles s’avèrent peu gourmandes en eau et ne nécessitent qu’un faible entretien.
Riche en nutriments, les résidus des raquettes ou des fruits du nopal entrent ainsi dans la composition d’engrais naturels, à même de fertiliser et de régénérer les sols épuisés par l’agriculture intensive.
Les différentes parties de la plante constituent de surcroît un fourrage particulièrement nourricier pour le bétail. Très mellifère, le nopal plaît également beaucoup aux insectes pollinisateurs et participe à la sauvegarde des abeilles. La polyvalence des plantations de nopals trouve par exemple tout son sens dans le cadre d’exploitations agricoles dites de polyculture-élevage.
Grâce à son vaste système racinaire, le nopal permet en outre de stabiliser les étendues sablonneuses et les dunes le long des littoraux, ainsi que de lutter contre l’érosion des sols et la désertification. Pour les agriculteurs du Sahel et des régions du sud du Maghreb, il compose d’ailleurs une barrière naturelle très utile en bordure du désert, afin d’endiguer la progression des sables et de protéger les terres cultivables.
Du reste, les haies de nopals hérissées d’épines forment un rempart très difficile à franchir pour les animaux sauvages et font également office de coupe-vent. Elles découragent ainsi les importuns les plus téméraires et s’avèrent aussi un obstacle efficace pour ralentir l’avancée des flammes lors d’incendies, compte tenu de la teneur significative en eau des raquettes.
Enfin, une fois sèches, les tiges du nopal fournissent un combustible de très bonne qualité. Utilisées autrefois par les Indiens pour façonner des torches aux longues flammes éclairantes, ce sont aujourd’hui des scientifiques chiliens qui s’y intéressent dans le cadre de recherches sur les biocarburants.
Plusieurs expériences ont lieu actuellement dans le désert d’Atacama, afin d’utiliser la plante comme biomasse pour remplacer le charbon et le gaz naturel au sein des centrales thermiques et constituer une source pérenne d’énergie renouvelable.
Cette solution pourrait notamment permettre de diminuer l’impact environnemental des industries minières implantées dans la région, souvent dépendantes de la production d’électricité issue du charbon pour exercer leurs activités.
Par ailleurs, dans le cadre d’un projet agroécologique d’envergure soutenu par les autorités, un gigantesque biodigesteur a été inauguré cette année au mois de mai, à Milpa Alta, au sud de Mexico. Il traitera notamment les déchets organiques issus des plantations de nopals avoisinantes, qui s’étendent sur plusieurs milliers d’hectares et produisent plus de deux cent mille tonnes de nopals par an, soit près d’un quart de la production totale du pays chaque année.
Limitrophe du vaste marché de Milpa Alta, spécialisé dans le négoce des nopals – commerce qui génère quotidiennement jusqu’à dix tonnes de résidus organiques – ce biodigesteur transformera les épines et l’écorce des tiges du fameux cactus, ainsi que la peau de ses fruits, en biocarburant destiné à la production locale d’électricité. Il permettra également de produire un compost naturel, qui pourra ensuite être réutilisé pour enrichir les sols des nopaleraies de la région.
Une ressource ancestrale aujourd’hui menacée
Le nopal représente ainsi une formidable ressource naturelle aux propriétés tout à fait étonnantes. L’étendue de son champ d’action, son efficacité et sa polyvalence lui confèrent de précieux atouts, aussi bien sur le plan sanitaire que social ou environnemental.
Tenu en haute estime par les civilisations précolombiennes, admiré un temps par les Espagnols, le nopal retrouve désormais ses lettres de noblesse et fait l’objet de nombreuses promesses. Il suscite d’ailleurs l’intérêt de plusieurs scientifiques et de multiples thérapeutes dans le monde entier.
Aujourd’hui, la plante est toutefois menacée par un insecte ravageur – la pyrale du nopal – dont les larves se nourrissent des raquettes et infligent aux arbustes de graves blessures, capables d’anéantir un plant en quelques jours seulement.
Originaire du sud de l’Amérique latine, cet insecte a d’abord été utilisé au début du XXe siècle pour juguler de façon naturelle la prolifération de certaines espèces de nopals introduites en Australie et en Afrique du Sud.
Les plantes avaient en effet fini par envahir les terres agricoles, les rendant impropres à la culture d’autres espèces végétales. La pyrale du nopal s’avéra très efficace et fut par la suite introduite aux Caraïbes.
À présent, l’insecte échappe à tout contrôle et menace les cultures de nopals au Mexique. Il est d’ailleurs déjà à l’origine de la disparition involontaire d’une espèce endémique de la Floride. Son avancée pourrait ainsi avoir de lourdes conséquences sur le pays d’origine de la plante, où elle s’épanouit depuis plusieurs milliers d’années, malgré des conditions parfois très rudes.
La protection et la valorisation du nopal constituent ainsi un enjeu important pour les descendants des civilisations précolombiennes. À l’heure du réchauffement climatique et de la raréfaction des ressources naturelles, le legs de ces peuples antiques représente en effet un héritage inestimable et une manne opportune qu’il s’agit de préserver soigneusement.
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