La découverte récente d’une mouette très rare sur une plage près de Dunkerque pourrait bien changer la destinée de la région et avoir un impact sur le projet d’éoliennes prévu au large de la ville. En attendant, elle attire naturalistes et curieux qui viennent de loin pour l’observer et la photographier.
Tout a commencé par un message sur les réseaux d’ornithologues il y a une dizaine de jours. C’est Claire Mariani, naturaliste débutante, qui a pris cette photo sur la plage de Leffrincoucke aux environs de Dunkerque, sans se rendre compte de « l’ampleur de la découverte », a-t-elle confié à 20 Minutes.
S’en est suivi un véritable engouement pour l’oiseau : « J’ai reçu des messages de partout pour venir la voir », se souvient-elle. Rien que ce dimanche 13 décembre, environ 200 passionnés d’ornithologie se sont déplacés spécialement pour la voir depuis les quatre coins de la France, mais aussi de la Belgique ou des Pays-Bas, rapporte Géo.
Une mouette qui vit dans l’Arctique
Pourquoi cette petite mouette est-elle soudainement devenue si populaire ? Tout simplement parce qu’elle est extrêmement rare sur le territoire français. Il s’agit d’une mouette de Ross, aussi appelée mouette rosée, qui vit habituellement dans l’Arctique.
Dans le Nord, aucune mouette de Ross n’avait été observée depuis 2004. Dans tout l’Hexagone, il n’y a pas eu plus d’une dizaine d’observations de cet oiseau qui n’y avait pas été vu depuis 2014.
Le spécimen qui a élu domicile sur la plage de Leffrinckoucke depuis au moins une dizaine de jours serait une « jeune mouette », précise Vincent Gavériaux, naturaliste au GON. Vu qu’elle habite principalement là où l’homme ne va jamais, elle n’en a pas peur. Elle se laisse donc facilement approcher, ce qui ajoute encore à sa popularité.
Argument contre le projet de parc éolien
Au-delà de la curiosité suscitée par cette jeune mouette de Ross à cet endroit inhabituel, la présence de ce simple oiseau pourrait avoir un impact important sur l’avenir de la région mais aussi pour celui de bien des oiseaux.
En effet, l’étude d’impact d’un projet d’éoliennes en mer au large de Dunkerque est encore en cours, et la présence de la drôle de petite mouette, un « oiseau rare et protégé », sera « un élément supplémentaire dans le dossier », assure l’association Vent Debout, qui s’oppose à ce parc éolien sur ce site classé Natura 2000.
« On sait que l’endroit où les éoliennes doivent être construites est un couloir exceptionnel et unique au monde pour la migration des oiseaux. En voilà une nouvelle preuve », précise l’association.
Selon le site Internet de l’association, le projet serait « le premier parc aussi proche des côtes à 10 km, avec 46 éoliennes aussi grandes (300 m de haut). La distance moyenne des parcs éolien par rapport à la côte est de 41 km ». Vent Debout recense toutes les pollutions attendues si ce projet se concrétise : visuelle, chimique, pollution aux infrasons, sans compter la pollution en amont et en aval avec l’extraction de métaux rares et l’impossibilité de recycler les pales d’éoliennes et les socles de bétons.
Comme quoi, cette jeune mouette, « qui s’est sans doute un peu paumée », selon le naturaliste Vincent Gavériaux, est peut-être venue là pour une mission bien particulière !
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