Le silence de l’administration Biden par rapport à l’imposition de nouvelles sanctions contre la construction par la Russie du gazoduc Nord Stream 2 a suscité des réactions négatives de plusieurs législateurs américains. Ils considèrent que l’achèvement de ce projet sera un « cadeau » au Kremlin et aura des implications dévastatrices pour la sécurité énergétique des pays européens alliés des États-Unis ainsi que pour la sécurité nationale américaine.
Un rapport sur ce gazoduc, mandaté par le Congrès et publié par le département d’État le 19 février, ne parle pas de nouvelles sanctions contre la Russie ni ne mentionne l’Allemagne et les autres entités européennes qui ont été impliquées dans la construction du gazoduc. Le sénateur Ted Cruz (Parti républicain), membre de la commission sénatoriale des relations étrangères, a déclaré au sujet de ce rapport qu’il était « surprenant de voir l’administration Biden commencer par offrir à Poutine une victoire pour laquelle il œuvrait depuis plus de dix ans ».
« Il n’y a aucune justification juridique cohérente à ce rapport », a-t-il souligné dans une déclaration du 20 février. « Le Congrès a imposé des sanctions non seulement contre les navires qui posent des conduites pour le Nord Stream 2, mais aussi contre les navires qui se livrent à des activités connexes, les assureurs de ces navires et les sociétés fournissant des services de certification.
« Les informations publiquement disponibles indiquent que le président russe Poutine a réussi à relancer ce projet qui est maintenant à quelques mois de son achèvement. L’administration Biden signale qu’elle est prête à laisser finaliser ce pipeline, ce qui aura des implications catastrophiques. »
Nord Stream 2 est un projet visant à relier la Russie et l’Allemagne par des gazoducs offshore, permettant à la Russie de fournir beaucoup plus de gaz aux pays de l’Europe occidentale. Les États-Unis s’opposent depuis longtemps à ce projet, affirmant qu’il permettrait à la Russie de faire pression sur ces pays sous menace de couper leur approvisionnement énergétique.
Ned Price, le porte-parole du département d’État américain, a réitéré ce point de vue le 19 février, mais a indiqué que l’administration Biden est réticente à imposer des sanctions. Cela fait suite à une autre décision prise par cette administration – la fermeture précipitée de la construction de l’oléoduc Keystone XL entre les États-Unis et le Canada en raison des préoccupations liées au changement climatique.
« Si vous voulez sérieusement imposer des coûts à Poutine, sanctionnez alors toute entité impliquée dans le gazoduc Nord Stream 2. Il est temps d’agir et non de prononcer de belles paroles », a tweeté le 9 février Tom Cotton, un autre sénateur républicain.
Jen Psaki, l’attachée de presse de la Maison-Blanche, a déclaré en janvier que Biden pensait que le gazoduc Nord Stream 2 était une « mauvaise affaire pour l’Europe » et que son administration réviserait les restrictions imposées sur ce projet.
Dans son rapport, l’administration Biden a identifié un navire russe et une société qui, selon elle, aident à la construction du gazoduc Nord Stream 2. Cependant, ces entités avaient déjà été sanctionnées par l’administration Trump.
« Pour dire les choses clairement, les cibles de sanctions actuelles sont totalement inadéquates », a indiqué Michael McCaul, le républicain le plus haut placé dans la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants. « Permettre l’achèvement de ce pipeline ne serait rien d’autre qu’une victoire » pour le président russe Vladimir Poutine.
Nord Stream 2 est terminé à plus de 90 % – la société énergétique d’État russe Gazprom et ses partenaires occidentaux espèrent le terminer cette année. La plupart des travaux restants sont difficiles à accomplir – il s’agit des travaux en eaux profondes au large du Danemark.
Les deux présidents américains précédents, le républicain Donald Trump et le démocrate Barack Obama, s’étaient opposés au projet car il contournerait l’Ukraine, par laquelle la Russie fournit du gaz à l’Europe depuis des décennies. Le nouveau gazoduc pourrait priver l’Ukraine de frais de transit lucratifs et potentiellement saboter sa résistance à l’agression russe.
Le sénateur républicain James Risch, membre de la commission sénatoriale des Affaires étrangères, a indiqué dans un communiqué qu’il était « profondément troublé et déçu » par le rapport du département d’État de Biden, notant que des progrès bipartites avaient été réalisés dans l’opposition au gazoduc.
« Le Congrès a adopté de nombreuses lois bipartites concernant ce projet et il a spécifiquement élargi les sanctions obligatoires pour inclure les types d’activités de pose de conduites qui ont lieu en ce moment », a-t-il précisé le 19 février. « La décision de l’administration [Biden] d’ignorer ces activités demande une explication immédiate. »
« Les démocrates ont largement critiqué l’administration précédente [de Trump] par rapport à la Russie, bien que cette même administration ait imposé des sanctions importantes sur la Russie pour ses actes malveillants d’influence, y compris ce qui concerne l’Ukraine, l’attentat contre Skripal à Londres et, en particulier, le Nord Stream 2 », a poursuivi James Risch.
« Ce rapport est un cadeau aux Russes et à leurs efforts continus de saper la sécurité énergétique européenne, de déstabiliser l’Ukraine, de faciliter la corruption et leurs actes malveillants d’influence dans toute l’Europe. »
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