Normandie – Le témoignage poignant d’un petit commerçant obligé de mettre la clef sous la porte : « Eh bien voilà, c’est terminé ! »

6 mai 2019 15:33 Mis à jour: 6 mai 2019 16:53

Installé depuis plus de vingt ans rue de la Harpe, dans le centre-ville d’Évreux, Jean Christopheville a été contraint de fermer son magasin de vêtements pour homme baptisé 3ème Mi-Temps. Une décision particulièrement difficile à prendre pour ce commerçant et son épouse qui ont estimé qu’ils n’avaient « plus le choix ».

C’est avec une certaine émotion que M. Christopheville a décidé d’expliquer la décision prise avec sa femme dans une vidéo publiée sur sa page Facebook le 1er mai, à la veille d’une ultime braderie destinée à écouler le stock de son échoppe.

Afin de justifier la fermeture de leur boutique, le commerçant énumère « plusieurs facteurs » dont la dégradation du centre-ville d’Évreux amorcée sous le mandat de Michel Champredon – maire (PS) de la commune entre 2008 et 2014 – et qui se serait selon lui poursuivie depuis l’élection de son successeur, Guy Lefrand (LR), auquel il reproche notamment les chantiers entamés pour « redonner son prestige » à la ville.

« Depuis son arrivée, nous subissons des travaux d’envergure, qui, certes, étaient nécessaires, mais qui ont été un vrai frein pour attirer le chaland », explique-t-il.

« En outre, il a autorisé et développé une immense zone commerciale qui est un aspirateur à clients où le stationnement est gratuit, alors qu’en centre-ville tout est payantEst-ce bien juste ? », s’interroge le commerçant.

« Nos marques ne jouent pas le jeu »

Et M. Christopheville d’évoquer aussi « une dose de crise sociale » ainsi que l’impact du mouvement des Gilets jaunes, expliquant avoir constaté « depuis le mois de novembre, une désertification toujours plus massive de [ses] clients potentiels ».

« Ça, ce sont les problématiques locales. Mais il y a également Internet, nos marques ne jouent pas le jeu : en créant des offres en ligne, en permettant d’avoir leurs produits moins chers que ce que nous les achetons », ajoute-t-il.

« Forcément, vous n’êtes pas idiots, vous allez là où c’est le moins cher et c’est logique, je vous comprends, je ne vous en veux pas », confie Jean Christopheville à l’intention des internautes.

Mais le chef d’entreprise dénonce également l’attitude des banques, coupables de couper les vivres des petits commerçant «dans un délai très court ».

« Mesdames et messieurs les banquiers, demain, avec les banques en ligne, vous allez vous retrouver au chômage également. Et à force de vouloir nous vendre des assurances et de la téléphonie mobile, vous en oubliez votre métier premier. Et si j’en juge par les frais bancaires que nous avons payés en vingt ans, cela représente pourtant une petite fortune », souligne le gérant.

« Merci pour ces vingt ans »

Au bord des larmes, M. Christopheville explique ensuite à quel point la décision de se séparer de leur « bébé » a été compliquée pour lui et sa femme, avant de remercier chaleureusement celles et ceux qui leur ont adressé des messages de soutien.

« Eh bien voilà, c’est terminé ! […] Nous sommes prêts à vous accueillir le jeudi 2 mai », déclare le commerçant avant de se lever pour montrer les portants remplis de vêtements attendant leurs derniers clients en vue d’un ultime déstockage.

« Tout est sur cintres, tout est bradé. On compte sur vous. Venez nombreux. Merci pour ces vingt ans », conclut Jean Christopheville avec émotion.

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