Pour sa réouverture, Notre-Dame de Paris va se doter d’une nouvelle bougie votive, toute blanche avec une mèche bleue, entièrement biodégradable, et dont la fabrication a été confiée à la Ciergerie de Lourdes qui fait tourner à plein sa petite usine.
« Symboliquement c’est un peu de la lumière de Lourdes qui entre dans Paris », explique Guillaume de Vulpian, le directeur du Sanctuaire de Lourdes, propriétaire de la ciergerie. Pour ce contrat de trois ans, Notre-Dame a choisi une petite entreprise installée depuis 1928 dans la ville haute, non loin du Sanctuaire qui attire trois millions de personnes chaque année.
Au premier étage de la petite usine de béton, une dizaine d’employés en blouse s’activent autour des machines qui fabriquent les cierges, surveillant la rotation des cadres et récupérant à la main la paraffine, sous l’œil d’une statue de Bernadette Soubirous, la jeune Lourdaise à qui la Vierge serait apparue dans la grotte locale en 1858, selon la tradition catholique.
Au fond de la pièce, une chaîne à part débite en vrombissant les bougies votives destinées à Notre-Damec : de petits godets blancs de 3,5 centimètres de haut sont munis d’une mèche avant d’être remplis, par rangées de douze, d’un matériau combustible.
« Les bougies du soja » plus écologique
« Contrairement aux cierges, on n’utilise pas pour les bougies de la paraffine, qui est un dérivé pétrolier, mais du soja, matériau plus écologique, qui présente moins de montée en température, moins de carbonisation et de salissure aux plafonds », explique Laurent Lacoste, le directeur de production de la ciergerie.
La bougie est donc 100% biodégradable et compostable, avec un approvisionnement fait totalement en France, notamment pour le godet qui est lui fabriqué par une entreprise de Mèze dans l’Hérault. Quant à la mèche, elle est bleue, couleur associée par les catholiques à la Vierge, et « signature » de la ciergerie pour ses bougies.
Plusieurs fois par semaine, Thierry Samar, le responsable technique, procède à un test en allumant quelques bougies prélevées au hasard : « On vérifie le centrage de la mèche, sa hauteur, celle du soja, et la durée de la combustion : elle doit atteindre deux heures », explique-t-il.
12 à 13.000 bougies par jour
Le premier lot d’environ 200.000 bougies sera envoyé à Paris fin novembre, un peu en amont de la réouverture de la cathédrale le week-end des 7 et 8 décembre. Pour tenir la production, « on tourne autour de 12 à 13.000 bougies par jour », ajoute M. Lacoste.
La ciergerie compte en effet produire 1,25 million de bougies par an. Une activité considérable pour cette petite entreprise de 17 salariés, qui devrait faire grimper son chiffre d’affaire de près de 40%. « Nous allons aussi embaucher deux personnes pour l’activité liée à Notre-Dame », explique Guillaume de Vulpian.
Jusqu’à son rachat par le sanctuaire il y a trois ans, cette entreprise familiale travaillait pour un bassin géographique limité autour de Lourdes, avec 80% de sa production destinée au sanctuaire lui-même. Depuis, elle a étendu son activité, notamment via un contrat avec le sanctuaire de Lisieux.
Pour autant, l’entreprise ne veut pas que cette visibilité liée à Notre-Dame lui amène massivement d’autres contrats : « Je ne souhaite pas qu’on se diversifie, la croissance doit rester sereine », affirme M. de Vulpian, en soulignant « l’esprit artisanal » de cette manufacture « qui a été renforcé par le label entreprises du patrimoine vivant ». « Il y a beaucoup de savoir-faire, de tradition, notre métier ne s’apprend pas à l’école mais par transmission », ajoute-t-il.
Ainsi les cierges sont toujours fabriqués ici par trempages successifs, une méthode traditionnelle « qui les rend tous différents, avec leurs imperfections », explique Laurent Lacoste. « On a gardé les mêmes techniques même si aujourd’hui ce sont des automates qui font tourner la machine. »
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