Invité de David Pujadas sur LCI ce mardi, l’ancien architecte en chef des Monuments historiques a fait part de sa stupéfaction au sujet de l’incendie qui a complètement détruit la toiture et la charpente de la cathédrale Notre-Dame.
Ancien architecte en chef des Monuments historiques, Benjamin Mouton a été en charge de la cathédrale Notre-Dame de 2000 à 2013. Une période pendant laquelle il a notamment piloté le chantier lié à la mise en place de dispositifs de détection incendie.
Le 16 avril, il était l’invité de David Pujadas sur LCI pour l’émission d’actualité 24h Pujadas L’info en questions. Questionné sur l’incendie qui a ravagé l’un des monuments les plus emblématiques de la capitale, M. Mouton a fait part de son étonnement quant à la rapidité avec laquelle la charpente était partie en fumée.
« Du chêne qui a 800 ans, c’est très dur. Essayer d’en faire brûler… Enfin je n’ai jamais essayé, mais du vieux chêne, ce n’est pas évident du tout. Il faut mettre beaucoup de petit bois pour y arriver – là, je ne sais pas s’il y en avait raconte-t-il avec ironie. Ça me stupéfie beaucoup. »
« Je ne vois pas d’hypothèse que je puisse dire. Quelle hypothèse pourrait-on dire ? Que cela a été vite. Est-ce que l’on aurait pu faire autre chose pour que cela n’aille pas aussi vite ? Je me perds en conjectures », soupire l’ancien architecte.
« Juste avant que je prenne ma retraite, c’est-à-dire dans les années 2010, nous avons remis à plat toute l’installation électrique de Notre-Dame. Donc il n’y a pas de possibilité de court-circuit. Nous avons remis à plat – et aux normes contemporaines, même en allant très loin – toute la détection et protection incendie de la cathédrale, avec des éléments de témoins de mesure, d’aspiration, etc., qui permettaient de détecter un départ de feu. Vous avez en permanence en bas de la cathédrale, deux hommes qui sont là jour et nuit et qui sont là pour aller voir dès qu’il y a une alerte et appeler les pompiers dès que le doute est levé », souligne M. Mouton.
« Cela a été un travail colossal, c’est comme dans tous ces chantiers de monuments historiques, surtout à Notre-Dame : nous avons un encadrement technique, normatif, de contrôle, etc., qui est considérable, que l’on voit nulle part ailleurs. Je dois dire que je suis quand même assez stupéfait », ajoute-il.
« L’incendie n’a pas pu partir d’un court circuit »
Interrogé par le site spécialisé Batiactu, Benjamin Mouton a confié que Philippe Villeneuve, actuel architecte en chef en charge de la cathédrale, était lui aussi « totalement incrédule ».
« En 40 ans d’expérience, je n’ai jamais connu un incendie de la sorte », ajoute l’ancien architecte en chef des Monuments historiques.
« Lorsque je me suis occupé de la détection incendie, qui a été un dispositif très onéreux, il fallait très peu de minutes pour qu’un agent aille faire la levée de doute, nous avons fait remplacer de nombreuses portes en bois par des portes coupe-feu, nous avons limité tous les appareils électriques, qui étaient interdits dans les combles », poursuit M. Mouton.
Une incrédulité partagée par un expert du secteur de la construction dont le point de vue a été relayé par Batiactu :
« L’incendie n’a pas pu partir d’un court circuit, d’un simple incident ponctuel. Il faut une vraie charge calorifique au départ pour lancer un tel sinistre. Le chêne est un bois particulièrement résistant », a-t-il affirmé aux journalistes du site.
« Il est possible que l’on ne sache jamais qui est à l’origine de cet incendie »
Selon François Chatillon, actuel architecte en chef des Monuments historiques, les travaux de restauration à proprement parler n’avaient pas encore commencé sur le site de Notre-Dame de Paris.
« Les travaux n’avaient pas encore débuté, seuls les échafaudages étaient en cours de montage. L’hypothèse du point chaud [provoqué par une soudure, ndlr] n’est donc pas la bonne », a-t-il expliqué aux journalistes du Monde.
Autant de questions auxquelles l’enquête ouverte par le procureur de Paris Rémy Heitz – qui a déclaré d’emblée privilégier la piste accidentelle – pour « destruction involontaire par incendie » devra répondre.
Interrogées par Le Parisien au lendemain de l’incendie, des sources proches de l’enquête ont d’ores et déjà expliqué que la recherche de la vérité serait compliquée : « Il est possible que l’on ne sache jamais qui est à l’origine de cet incendie. »
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