Notre-Dame de Paris, un monument à la fois célébré « et mal aimé »

16 avril 2019 19:22 Mis à jour: 16 avril 2019 20:42

La cathédrale Notre-Dame de Paris, ravagée par un violent incendie lundi, est un monument qui a été à la fois célébré et délaissé au cours de l’histoire de France, explique à l’agence France Presse (AFP) l’historienne Claude Gauvard, grande spécialiste du Moyen-Âge et auteure d’un livre sur ce chef-d’œuvre gothique.

Que représente Notre-Dame de Paris dans l’histoire de France ?

« C’est un symbole de Paris, un symbole de paix, d’union et de concorde, dans lequel on a célébré des Te Deum à travers les siècles et qui occupe un emplacement exceptionnel au cœur de la ville. C’est d’ailleurs du parvis de la cathédrale que part le kilomètre zéro. Pour moi, c’est peut être l’une des cathédrales les plus équilibrées, qui symbolise à la fois le travail des artistes et des hommes qui l’ont construite, mais elle a été à travers les temps à la fois très aimée et mal aimée ».

Pourquoi estimez-vous que ce monument emblématique de Paris et de la France est en partie mal-aimé ?

« Notre-Dame de Paris est très aimée par les Français et les étrangers qui la visitent par millions chaque année, mais ils entrent et ressortent sans que je sois sûre qu’ils aient compris ce qu’est cette cathédrale… Et la Renaissance et le 18e siècle l’ont pas mal mutilée, par exemple on n’a pas hésité à couper dans le tympan du portail central pour faire passer le dais du roi ! C’est tout le travail du 19e siècle, avec Prosper Mérimée, Victor Hugo, Viollet-le-Duc et Lassus, qui a permis de remettre en place l’art gothique ».

« Je pense qu’on n’a pas mis les moyens qu’il fallait pour l’entretenir. Les travaux en cours avaient fini par être lancés et il était grand temps, et peut-être même un peu tard. J’étais montée voir au pied de la flèche (avant le début des travaux) et il y avait des pierres disjointes, retenues par une grille pour empêcher qu’elles tombent… »

A-t-elle déjà connu des catastrophes comparables et pourra-t-on réparer les dégâts ?

« Que la flèche soit tombée n’est pas si grave, car on la reconstruira grâce aux plans de Viollet-le-Duc, que je respecte beaucoup car sans lui la cathédrale ne serait plus là. C’est lui qui avait reconstruit la flèche, car elle s’était écroulée en 1792, sans rapport avec la Révolution française. Mais on n’aura plus la « forêt », cette magnifique charpente de bois qui soutenait la toiture… Le problème de Notre-Dame c’est qu’elle relève de plusieurs juridictions : l’Archevêché, la ville de Paris, les monuments historiques etc. Ce qui rend son entretien encore plus compliqué ».

« J’espère qu’il y aura une souscription nationale voire internationale pour financer les travaux, car ça va être très cher ».

Propos recueillis par Frédéric POUCHOT

D. S avec AFP

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