Quatre ans après l’incendie qui l’a ravagée, Notre-Dame de Paris va pouvoir retrouver sa flèche, effondrée avec une partie de sa charpente, et qui devrait s’élancer à nouveau dans le ciel de Paris en fin d’année.
Identique à la précédente, conçue par l’architecte du XIXe siècle Viollet-le-Duc et culminant à 96 mètres de hauteur avec ses statues de bronze, elle doit être reconstruite avec les matériaux d’origine, du bois de chêne pour la structure (500 tonnes) et du plomb pour la couverture et les ornements (250 tonnes).
« La pose du tabouret de la flèche », un socle de 80 tonnes constitué d’un savant assemblage de pièces en chêne, fabriqué en Lorraine, « sera achevée samedi », quatre ans jour pour jour après l’incendie, selon l’établissement public chargé du chantier de restauration.
Un élan de solidarité sans précédent
La réouverture du chef d’œuvre de l’art gothique au public est toujours prévue « en décembre 2024 », après les JO d’été à Paris, confirme-t-il.
Le tabouret prendra appui sur quatre arcs en pierres de taille situés à la croisée du transept, au cœur de la cathédrale, eux aussi reconstruits. Un échafaudage doté d’un plancher installé à 26 mètres de haut grimpera progressivement pour culminer à 100 mètres dans la phase finale de la reconstruction de la flèche.
Le 15 avril 2019, les images de Notre-Dame en feu et de sa flèche qui s’effondre avec sa charpente et une partie de ses voûtes, avaient ému le monde entier, déclenchant un élan de solidarité sans précédent (846 millions d’euros de dons provenant de 340.000 donateurs).
« Les travaux de restauration battent leur plein »
Dans la cathédrale en chantier, comme dans les ateliers d’art des compagnons, « les travaux de restauration battent leur plein », après deux ans consacrés notamment à la sécurisation de l’édifice. À l’intérieur, le nettoyage simultané des murs, des décors peints et des voûtes, d’une superficie de 42.000 m2, est bien « avancé », selon l’établissement public.
La repose du grand orgue, nettoyé et restauré par trois ateliers en Corrèze, dans l’Hérault et le Vaucluse, a démarré. Ses 8000 tuyaux seront remontés un par un. Il n’a pas été endommagé par les flammes, ni par l’eau utilisée par les pompiers, mais a été recouvert de poussière de plomb. Les vitraux des 39 baies hautes de la nef, du chœur et du transept ainsi que les vitraux de la sacristie, ont eux aussi été nettoyés et restaurés.
Un axe central épuré et contemporain
Depuis novembre et jusqu’à la fin de l’année, les maçons-tailleurs de pierre remontent progressivement les murs et voûtes effondrés. La réparation des charpentes médiévales est également en cours. Cinq artistes-designers doivent présenter au diocèse un projet « cohérent » pour le mobilier liturgique, qui doit être rajeuni. Le lauréat sera connu cet été.
L’archevêque de Paris, Mgr Laurent Ulrich, souhaite « un parcours pédagogique et spirituel » qui ne soit « pas l’équivalent d’un musée ». Les experts du patrimoine ont donné leur feu vert à un axe central épuré et la présence d’art contemporain. Ils s’étaient opposés à des bancs dotés de lumignons, écartés aussi par Mgr Ulrich au profit de chaises.
Les abords de Notre-Dame, dont le réaménagement revient à la ville de Paris, devraient gagner en épure et en verdissement, avec un groupement de spécialistes sélectionné en juin dont le paysagiste belge Bas Smets.
Une accélération d’un plan de sécurisation des cathédrales françaises
Une information judiciaire est, par ailleurs, toujours en cours pour tenter de déterminer les causes de l’incendie, tandis qu’une juge enquête aussi sur la pollution au plomb. La ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, a annoncé mardi l’accélération d’un plan de sécurisation des cathédrales françaises, avec un investissement de 220 millions d’euros d’ici à fin 2023 pour restaurer et sécuriser 87 d’entre elles.
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