Partout en France, les prélats des diocèses ruraux affichent leur soutien sincère aux paysans en colère, allant jusqu’à participer aux blocages.
« Béni le labeur des paysans de France, Maître des moissons. Fais que leurs efforts assurent à tous nos frères, le pain quotidien. » Bien connu des fidèles, ce bénédicité témoigne de la proximité que l’Église a toujours eue avec ceux qui travaillent la terre.
Le nouvel évêque de Valence, Mgr François Durand, sera ordonné le 10 mars 2024. En attendant, c’est le père Éric Lorinet, administrateur diocésain, qui assure de la « solidarité » et du « soutien » des églises de la Drôme face au mouvement de colère des professionnels agricoles.
« Beaucoup d’agriculteurs sont chrétiens, relève le prêtre auprès de Ouest-France. Certaines de nos vingt-deux paroisses sont très rurales. Notre foi nous appelle à la solidarité et à la justice sociale », écrit-il, faisant écho aux remontées des clochers ruraux.
À maintes reprises, les agriculteurs lui ont « fait part d’une lassitude ou d’un épuisement, se sentant abandonnés et n’arrivant plus à donner du sens à l’énergie folle dépensée dans leur travail. » Il évoque, pour certains, « une détresse profonde les poussant à mettre fin à leur vie prématurément ».
Au bord du rond-point de Limoges-sud (Haute-Vienne), Mgr Pierre-Antoine Bozo. L’homme d’Église était venu, ce lundi 29 janvier, pour « leur apporter (son) soutien », résume-t-il. Il est la seule personnalité locale à avoir pu rallier le grand feu de pneus allumé au centre du giratoire par 150 mécontents, qui ont refusé la visite de certains élus.
Les évêques veulent organiser « une action »
Comme eux, depuis quelques jours, de nombreux représentants de l’Église catholique affichent publiquement leur soutien aux revendications paysannes. Selon nos confrères du Parisien, ils ne s’arrêteront pas à de simples paroles: les évêques envisagent d’organiser une « action » au prochain Salon de l’agriculture, qui débute samedi 24 février.
« À cette échelle, autant d’évêques qui prennent position, c’est assez rare, sauf peut-être sur les sujets de bioéthique, même si l’Église n’est pas indifférente à la misère », note Martin Dumont, historien du catholicisme et chercheur à la Sorbonne-Nouvelle.
À la Conférence des évêques de France (CEF), on affirme que « de nombreux évêques, à commencer par ceux des diocèses ruraux », sont montés au front. On retrouve notamment, ceux de Vendée, de Valence, du Languedoc-Roussillon, tous ceux de Bretagne, de Lourdes, Tarbes, Lille ou encore Bordeaux. Tous ont manifesté un soutien sans failles aux agriculteurs.
« On connaît leur situation »
Alors, comment expliquer une prise de position aussi forte ? « Notre diocèse est en grande partie rural. On connaît donc la situation très compliquée des agriculteurs, dont certains sont dans nos églises le dimanche », répond le père Éric Lorinet, qui confie avoir récemment « enterré un copain agriculteur ».
Là-bas, deux des diacres sont eux-mêmes professionnels agricoles. « Et les confessions au sujet de leurs souffrances, on en a souvent », indique un prêtre de province. Un lien qui ne surprend pas le sociologue François Purseigle. « Les agriculteurs sont une catégorie qui va beaucoup à la messe, plus que la moyenne des Français », relève-t-il.
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