Dragan Vlahovic connaissait les prénoms des élèves de l’école dont il était le gardien à Belgrade. Lorsqu’il faisait froid, il leur disait de mettre leur manteau.
Mercredi, cet homme d’à peine 50 ans qui veillait depuis longtemps à la sécurité des écoliers de l’établissement Vladislav Ribnikar, a sauvé des vies au prix de la sienne. Sans hésiter, le gardien avait fait face à un élève de treize ans armé d’un pistolet de 9 mm qui venait de débarquer dans cette école du centre de la capitale serbe. Dragan a été la première des neuf victimes de cette tuerie sans précédent dans le pays des Balkans.
Pour que les enfants puissent s’enfuir ou se mettre à l’abri
D’aucuns pensent cependant que son geste a contraint l’assaillant à ralentir sa marche funeste, permettant ainsi à des enfants de disposer de plus de temps pour fuir lorsqu’ont retenti les coups de feu et que d’autres s’enfermaient à clé dans leurs classes avec leurs enseignants, selon des témoignages rapportés par la presse. Les huit autres victimes sont sept filles et un garçon, tous nés entre 2009 et 2011. Une professeure d’Histoire et six de ses élèves ont en outre été blessés, dont deux grièvement atteints.
Qui était Dragan Vlahovic ?
« Notre héros », peut-on lire sur un portrait de l’homme, posé au milieu des fleurs, des jouets et des bougies, sur le trottoir devant l’école. Un homme jovial, à l’aise avec les élèves qu’il surveillait, Vlahovic était considéré comme le pilier de cette école. « Les enfants avaient l’impression qu’il était l’un des leurs », a confié à l’AFP Suzana Stojicic, mère d’une fillette de huit ans qui étudie dans la même école. « Il les connaissait tous par leur prénom. Chaque matin, il les accueillait avec un sourire, les interrogeait sur leurs notes et leur rappelait de mettre leur manteau », ajoute Mme Stojicic.
Rendre hommage au sacrifice du gardien
Peu après la fusillade, Milan Nedeljkovic, président de la municipalité de Vracar, où est localisée l’école, a annoncé aux journalistes que Dragan Vlahovic était la première victime des tirs. « Il a voulu empêcher cette tragédie et il est mort le premier. Cela aurait pu être pire si cet homme ne s’était pas interposé devant le tireur », a déclaré M. Nedeljkovic. Après l’annonce de sa mort, des parents et des étudiants ont rendu hommage au travail et au sacrifice du gardien. « Il était un ange et le symbole de notre école… L’oncle Dragan, nous nous souviendrons toujours de toi », a écrit un parent sur les réseaux sociaux. En s’adressant à la nation, mercredi soir, le président serbe Aleksandar Vucic a lui aussi évoqué Dragan Vlahovic en soulignant qu’il connaissait son meurtrier.
Il connaissait son meurtrier
« Il l’aimait, ils étaient amis. Cet homme était le bon génie de l’école, il protégeait les enfants, il s’en occupait, tout le monde le connaissait », a dit le chef de l’État. Andrijana, dont deux enfants sont scolarisés dans l’établissement, affirme pour sa part que le défunt gardien « était toujours aux côtés des enfants ». « Il a perdu la vie en défendant les enfants. Malheureusement pour nous tous, cette tragédie est le reflet de la société dans laquelle nous vivons. C’est triste ».
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