Les déchets courants (hors déchets industriels et de construction) devraient atteindre 3,8 milliards de tonnes par an au milieu du siècle, dépassant les prévisions du précédent rapport consacré à ce thème par la Banque mondiale.
Deux tiers de déchets en plus d’ici à 2050 : le volume de déchets dans le monde, à 2,3 milliards de tonnes en 2023, devrait continuer à croître de manière exponentielle, faute d’action, avec un impact massif pour la santé et les économies, alerte l’ONU.
La crise sera d’autant plus aiguë que leur croissance s’annonce particulièrement marquée dans des pays où leur mode de traitement reste polluant : décharges, incinération à ciel ouvert (pollution des sols, émission de gaz à effet de serre comme le méthane ou de polluants comme le carbone suie)… « En dépit d’efforts, peu de choses ont changé », résume le nouveau rapport produit par le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). « L’humanité est même revenue en arrière, générant plus de déchets (…). Des milliards de gens ne bénéficient pas d’une collecte de leurs détritus. »
Si dans les pays riches l’essentiel est ramassé, le taux de collecte est à moins de 40% dans les pays à faibles revenus et ces milliards de tonnes d’ordures qui sont relativement bien gérées dans les pays riches, finissent le plus souvent dans des décharges à ciel ouvert dans les pays qui n’ont pas les capacités de les collecter et les traiter. En Afrique subsaharienne, les pays devront même faire face à un triplement de la masse des déchets, avec plus de 516 millions de tonnes contre 174 aujourd’hui. Une catastrophe, d’autant plus que ces pays disposent de peu d’infrastructures pour gérer cet afflux.
Du côté européen
Les Danois sont les premiers au classement des générateurs de déchets avec une moyenne annuelle de 777 kg. Les Allemands font partie des Européens qui en génèrent le plus en 2017 selon de récentes données Eurostat : chaque habitant produit en moyenne 627 kg de déchets municipaux par an.
La France quant à elle, génère 511 kg de déchets municipaux par an, elle ne peut cependant pas prétendre être un exemple pour les pays de l’UE, elle est derrière l’Espagne qui a une production annuelle moyenne par habitant de 443 kg de déchets par an.
Réduire la production de déchets, enjeu environnemental majeur, passe bien sûr par des gestes du quotidien mais dépend aussi des industriels. À cette fin, de nombreux produits à usage unique en plastique seront d’ailleurs bannis par l’Europe d’ici 2025
Au rayon des déchets particulièrement toxiques : le plastique
L’humanité produit plus de 430 millions de tonnes de plastique chaque année, deux tiers correspondant à des produits à courte durée de vie qui deviennent rapidement des déchets, se déversent dans l’océan et, souvent, se retrouvent dans la chaîne alimentaire humaine et chaque année, plus de 280 millions de tonnes de produits en plastique utilisés pendant une courte durée sont jetées.
Il peut mettre jusqu’à des centaines d’années pour se décomposer, ce qui signifie qu’après avoir été jeté, il s’accumule dans l’environnement de façon critique. Cette pollution asphyxie les espèces marines, a une incidence négative sur les sols et empoisonne l’eau souterraine, et peut avoir de graves répercussions sur la santé.
La solution de référence : passer de l’économie linéaire du plastique actuelle, qui consiste à fabriquer, utiliser et jeter les matières plastiques, à une économie circulaire des plastiques, dans laquelle le plastique fabriqué reste dans l’économie aussi longtemps que possible avant d’être recyclé.
Une gestion inappropriée des ordures extrêmement meurtrière
Aujourd’hui, entre 400.000 et un million de personnes meurent chaque année de maladies liées à une gestion inappropriée des ordures (diarrhées, paludisme, pathologies cardio-vasculaires, cancer), souligne le rapport publié pour la VIe session de l’Assemblée des Nations unies pour l’environnement, organisée cette semaine à Nairobi.
Les déchets abandonnés sur le sol diffusent pour longtemps pathogènes, métaux lourds et autres perturbateurs endocriniens dans les sols et les nappes phréatiques. Leur combustion à ciel ouvert relâche des polluants persistants dans l’atmosphère.
Si rien n’est fait, le coût direct et indirect des déchets dans le monde devrait presque doubler pour atteindre 640 milliards de dollars annuels d’ici à 2050, estime ce rapport, à la fois « guide et appel à l’action ».
En 2020, le coût direct du traitement des déchets était évalué à 252 milliards de dollars (361 milliards si l’on inclut les coûts indirects liés à la pollution générée par les installations ou modes de gestion inadaptés).
« Transformer les détritus en ressources » d’extrême urgence
Il y a « urgence » à commencer « une réduction drastique des détritus » et à investir dans l’économie circulaire, appelle l’ONU : « Nous devons agir pour éviter le scénario du pire ». « De nombreuses économies à la croissance rapide se débattent sous le poids croissant des déchets », souligne la directrice du PNUE, Inger Andersen, pointant « le rôle clé » des acteurs publics et privés qui peuvent trouver là « des opportunités pour créer des sociétés plus viables ». Garder les déchets « sous contrôle », notamment via de meilleurs modes de traitement, pourrait limiter leur coût annuel net à 270 milliards de dollars d’ici à 2050.
Mais il est possible d’aller plus loin, en s’orientant vers une vraie économie circulaire, de meilleures pratiques des industriels et une gestion complète des ordures résiduelles, le tout pouvant même générer un gain net de plus de 100 milliards de dollars annuels (génération d’énergies, réutilisation, création d’emplois…), plaide le rapport, intitulé « Transformer les détritus en ressources ».
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