ENTRETIEN – Jeudi dernier à Amsterdam, en marge du match de football opposant l’Ajax d’Amsterdam au Maccabi de Tel Aviv, des supporters israéliens ont été violemment agressés par des individus. Une soixantaine de personnes ont été interpellées. La députée de la 8e circonscription des Français établis hors de France, Caroline Yadan, revient sur ces attaques antisémites.
Epoch Times : Comment avez-vous réagi en visionnant les images de ces attaques antisémites d’une rare violence ?
Caroline Yadan : Comme beaucoup d’entre nous, j’ai été effarée par ce que j’ai vu. Nous avons en effet assisté, pour la première fois, à un retour de la chasse aux Juifs sur le sol européen. Ces agressions montrent à quel point la haine du Juif s’est diffusée dans les esprits et s’est, en quelque sorte, démocratisée.
Ces attaques ont également mis en lumière la manière dont fonctionne l’antisémitisme aujourd’hui. Une personne supposée juive par son origine, qu’elle soit israélienne ou d’une autre nationalité, est jugée responsable et coupable de ce qu’il se passe à Gaza.
En 2024, on ne peut plus être ce qu’on est et porter une identité en toute sécurité en raison de son origine alors qu’il s’agit là des fondements de nos précieux régimes de liberté.
Des personnes ont été volontairement agressées parce qu’on a déduit de leurs origines et de leurs idées qu’elles seraient néfastes à la société et que, par conséquent, elles pouvaient être poursuivies en toute impunité. Tout ceci relève de l’infamie et sonne malheureusement le tocsin de l’esprit européen.
La maire d’Amsterdam, Femke Halsema, a également réagi à ces agressions. L’élu a notamment mentionné un « cocktail toxique d’antisémitisme et de hooliganisme ». Peut-on, selon vous, parler d’hooliganisme dans ce cas ?
Beaucoup de politiques et de commentateurs ont très vite parlé d’affrontements entre supporters afin de légitimer, en réalité, de manière très confortable, ces agressions antisémites.
Je ne crois pas qu’un père qui amène son fils voir un match de foot et qui se fait frapper à la tête sous ses yeux soit la manifestation de quelconques affrontements entre des bandes rivales de supporters.
Malheureusement, cette légitimation de l’inacceptable est une réplique de ce qu’il s’est passé après les attaques du 7 octobre. Nous devons donc combattre cette pratique et rétablir les faits.
Ce jeudi doit se tenir le match France-Israël. Un dispositif de sécurité a été mis en place. Beaucoup de personnalités seront présentes à l’instar d’Emmanuel Macron, Nicolas Sarkozy et François Hollande. Allez-vous assister à cette rencontre sportive ?
J’assisterai bien entendu à cette rencontre, aux côtés de mes collègues Christophe Marion et Emmanuelle Hoffman.
Nous avons vraiment tenu à être présents pour réaffirmer les valeurs de la République, l’autorité de l’État. Dans le contexte actuel, il est primordial que la République et les parlementaires qui représentent le peuple français soient aux côtés des Juifs de France et du monde entier, afin de dire non à l’antisémitisme, en embrassant les valeurs du sport.
Ne va-t-il pas malheureusement devenir très difficile pour les personnes de confession juive de continuer à vivre en Europe ? L’ancien ambassadeur d’Israël à l’ONU Yehuda Lancry a récemment déclaré sur Radio J que « chaque Juif en Europe doit considérer sérieusement de faire son Alyah ». Qu’en pensez-vous ?
Pour ma part, je considère que l’Europe connaît un problème sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale.
L’État français demeure fort et continue de défendre les Juifs, mais il est vrai qu’en France et dans d’autres pays européens, les Juifs ne se demandent plus s’ils vont partir mais quand ils vont partir. Cela devient très prégnant. Ils n’imaginaient pas avoir peur quotidiennement dans les rues de Paris, Amsterdam ou encore New York, surtout 80 ans après la Shoah.
C’est un moment extrêmement difficile à vivre pour l’ensemble des Juifs européens.
Article mis à jour le 23 novembre
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