Le député conservateur Garnett Genuis se dit déterminé à faire toute la lumière sur l’affaire d’un transfert de virus mortels d’un laboratoire canadien au Wuhan Institute of Virology (WIV), affilié à l’armée chinoise.
Deux scientifiques chinois, Xiangguo Qiu et son mari Keding Cheng, ainsi que certains des étudiants chinois de Xiangguo Qiu, ont été expulsés sous escorte du Laboratoire national de microbiologie (LNM) et privés de leur accès de sécurité le 5 juillet 2019.
Le laboratoire de Winnipeg – le laboratoire de niveau 4 de sécurité le plus élevé du Canada – travaille avec certains des agents pathogènes humains et animaux les plus mortels, comme Ebola.
« La ligne officielle jusqu’à présent a été que l’expulsion de ces scientifiques n’avait rien à voir avec le transfert de virus mortels à Wuhan. Et pourtant, cette expulsion a eu lieu quelques mois plus tard », a dit à Epoch Times le 22 avril M. Genuis, membre de la commission parlementaire Canada-Chine.
Leur renvoi du laboratoire soulève beaucoup de questions, a déclaré M. Genuis.
« Si ce n’était pas lié au transfert de virus, y avait-il une autre raison pour laquelle ils ont été expulsés, et quelle était-elle ? » a demandé le député. « Appliquons-nous un examen approprié dans les cas où des virus dangereux sont transférés vers les entités qui sont soumises au contrôle de l’État chinois ? »
L’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) a déclaré que leur renvoi était dû à une possible « violation de politique » et à des raisons administratives, sur lesquelles la Royal Canadian Mounted Police (Gendarmerie royale du Canada, GRC) du Manitoba enquêtait.
En juin 2020, grâce à une demande d’accès à l’information, CBC (Canadian Broadcasting Corporation) a obtenu des documents révélant que Xiangguo Qiu avait expédié des échantillons vivants des virus mortels Ebola et Henipah au WIV de Chine le 31 mars 2019, 4 mois avant qu’elle et son mari Keding Cheng ne soient expulsés sous escorte du Laboratoire national de microbiologie.
Mais l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) a déclaré que leur expulsion n’avait aucun lien avec l’envoi.
« L’enquête administrative n’est pas liée à l’envoi d’échantillons de virus en Chine », a écrit Eric Morrissette, chef des relations avec les médias pour Santé Canada et l’ASPC, dans un courriel adressé à CBC en juin dernier.
En février, M. Morrissette a confirmé que les deux personnes n’étaient plus employées par l’ASPC depuis le 20 janvier, mais n’a pas donné plus de détails.
« Nous ne pouvons pas divulguer d’autres informations, ni faire de commentaires supplémentaires, pour des raisons de confidentialité », a écrit M. Morrissette dans un courriel adressé à la CBC.
La confidentialité invoquée par l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) a toutefois incité le Comité des relations Canada-Chine (CACN) à convoquer le président de l’agence, Iain Stewart, et le Dr Guillaume Poliquin, vice-président par intérim du Laboratoire national de microbiologie (LNM), à témoigner devant le comité le 22 mars.
Bien qu’il ait été mis sur la sellette par les députés de l’opposition, M. Stewart a refusé de fournir des détails sur l’enquête de l’ASPC et les raisons pour lesquelles les deux scientifiques ont été retirés du LNM.
« Ils ne font plus partie de l’agence, nous avons entrepris une enquête, et je ne suis pas vraiment en mesure d’en parler davantage », a déclaré M. Stewart.
Lorsque M. Genuis, qui est également vice-président du Comité des relations Canada-Chine, lui a demandé s’il y avait eu des cas où un laboratoire gouvernemental avait licencié des scientifiques en raison de failles dans la sécurité ou de transferts inappropriés de virus, M. Stewart a répondu : « C’est une question à laquelle il est très difficile de répondre. »
Le président de l’ASPC a continué d’éviter la question malgré la demande de Garnett Genuis d’une réponse définitive.
« Je ne suis pas en mesure de répondre à la question telle qu’elle a été structurée », a déclaré M. Stewart.
M. Genuis a dit à Epoch Times que ses questions étaient liées aux protocoles de sécurité nationale.
« Le Parlement a le droit de poser des questions, et en fait, d’exiger des réponses, surtout de la part des hauts fonctionnaires, sur la politique du gouvernement, parce que nous devons être en mesure de faire des recommandations sur les protocoles de sécurité, sur la façon dont nous protégeons l’information, sur la protection du travail effectué dans les laboratoires canadiens », a-t-il dit.
« Les hauts fonctionnaires ne devraient pas refuser de répondre aux questions qui leur sont posées par l’espace parlementaire », a déclaré M. Genuis. « Parce que même sur des questions de sécurité nationale, les gens doivent être responsables du travail qu’ils font. »
« Des erreurs seront commises, des problèmes surgiront si nous ne surveillons pas de près ce travail. Et c’est pourquoi le Parlement a le pouvoir d’examiner un large éventail de questions, et si nécessaire, de mener cet examen dans un cadre privé », a-t-il ajouté.
M. Genuis a déclaré que le témoignage de M. Poliquin semblait impliquer que le laboratoire avait pris pour argent comptant l’objectif déclaré du transfert, au lieu de se demander si l’Institut de virologie de Wuhan « suivrait sérieusement ce qu’il disait être l’objectif visé ».
« Lorsque nous avons reçu la lettre du directeur de l’Institut de virologie de Wuhan concernant l’utilisation prévue des virus, il était indiqué qu’ils devaient être utilisés pour comprendre la pathophysiologie – la nature de l’infection – ainsi que le développement d’antiviraux », a déclaré M. Poliquin.
« Est-ce cela que vous nous dites ici, que cette lettre va dans un dossier, que la case est cochée et que les données sont transférées sur la base de la parole d’un gouvernement qui est connu pour mentir, non seulement à son peuple mais à la communauté mondiale ? » a demandé le député conservateur John Williamson au chef du Laboratoire national de microbiologie.
« L’Institut de virologie de Wuhan est un organisme voué à la santé publique », a déclaré M. Poliquin, ajoutant que l’envoi a été effectué conformément à la Loi sur les agents pathogènes humains et les toxines, à la Loi sur le transport des marchandises dangereuses et aux normes canadiennes de biosécurité.
Mais lorsque M. Genuis a demandé au responsable du LNM s’il savait si le WIV se livrait à des expériences de gain de fonction (GOF) liées aux coronavirus, M. Poliquin a répondu : « Je ne suis pas en mesure de répondre à cette question particulière. »
Selon le Bureau de la politique scientifique de l’Institut national de la santé des États-Unis, les expériences de gain de fonction impliquent la manipulation de virus mortels afin d’accroître leur transmissibilité ou leur létalité.
« Comment pourriez-vous déterminer le caractère approprié des transferts vers cette institution, si vous ne connaissez pas un aspect aussi important de la façon dont les matériaux transférés pourraient être utilisés ? » a poursuivi M. Genuis.
« Chaque transfert de matériel est évalué au cas par cas. Nous n’avons jamais transféré de coronavirus à l’Institut de virologie de Wuhan ; par conséquent, nous n’avons pas évalué la question comme étant structurée », a déclaré M. Poliquin.
M. Genuis a déclaré que l’incapacité de l’ASPC à répondre aux questions a conduit le comité à adopter une motion le 31 mars, donnant à l’agence 20 jours pour soumettre toutes les informations et tous les documents relatifs à l’expédition des virus au laboratoire de Wuhan.
« On nous a dit que certains documents ont été envoyés à la commission », a dit M. Genuis à Epoch Times. « Nous allons demander l’avis du légiste parlementaire sur ce que contiennent ces documents et sur les prochaines étapes possibles. »
Le comité examinera les documents et identifiera les parties qui peuvent être rendues publiques, « puis utilisera les informations contenues dans ces documents pour formuler les recommandations que nous faisons au Parlement en ce qui concerne la politique autour de la sécurité nationale ».
Dans le rapport annuel 2020 du Service canadien du renseignement de sécurité, il est indiqué que la Chine est l’un des États étrangers qui « fait souvent appel à des ‘collecteurs non traditionnels’, y compris des personnes ayant peu ou pas de formation officielle en matière de renseignement – comme des chercheurs, des entités privées et d’autres tiers – pour recueillir des informations et des compétences précieuses au nom de l’État ».
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