« Nous vivons une situation terrible » : l’île de Cuba plongée dans le noir après l’arrêt de la principale centrale thermique

Par Epoch Times avec AFP
19 octobre 2024 09:10 Mis à jour: 19 octobre 2024 09:27

Cuba faisait toujours face samedi à la paralysie de son système électrique au lendemain d’une panne géante qui prive de courant ses 10 millions d’habitants.

« Il n’y aura pas de répit » tant que le service ne sera pas « totalement rétabli », a déclaré vendredi soir le président Miguel Diaz-Canel, lors d’une réunion de crise, retransmise par la télévision d’État. Cuba traverse une « urgence énergétique », a-t-il reconnu.

« Nous vivons une situation terrible »

« Le système est sans électricité dans tout le pays », après l’arrêt de la centrale thermique Antonio Guiteras, dans le centre-ouest du pays, avait annoncé à la mi-journée à la télévision d’État Lazaro Guerra, directeur général de l’électricité au ministère de l’Énergie et des mines. M. Guerra a précisé que quand la centrale électrique s’est arrêtée « le système s’est effondré », provoquant une panne géante.

À la nuit tombée, les larges avenues de La Havane étaient plongées dans le noir, à l’exception de points de lumière fournis par certains hôtels, hôpitaux et quelques restaurants ou bars privés pouvant faire fonctionner des générateurs, a constaté l’AFP.

Vue générale de La Havane lors d’une panne nationale d’électricité, le 18 octobre 2024. (Photo YAMIL LAGE/AFP via Getty Images)

« Nous vivons une situation terrible avec cette coupure », témoigne au bord des larmes, Betsabe Valdes, 40 ans, venue prendre l’air sur une avenue du centre de La Havane pour éviter la chaleur de son appartement. « Nous n’avons pas de gaz, nous n’avons pas d’électricité, la vie est difficile car nous avons une petite fille », ajoute-t-elle, en désignant sa nièce âgée d’un an. « Les jeunes enfants et les personnes âgées sont ceux qui souffrent le plus », poursuit-t-elle.

Jeudi, le président cubain avait annoncé que Cuba se trouvait en situation d’« urgence énergétique » face aux difficultés pour acheter le combustible nécessaire à l’alimentation de ses centrales, à cause du renforcement de l’embargo que Washington impose à l’île communiste depuis 1962. « C’est une démonstration de plus de tous les problèmes que le blocus nous cause », a-t-il martelé vendredi soir.

« Il n’y a pas de quoi maintenir ce pays debout »

En début de soirée, la compagnie électrique nationale (UNE) a indiqué avoir généré grâce à des « microsystèmes » annexes un niveau minimum de courant, qui devrait être utilisé pour relancer les centrales thermoélectriques et générateurs flottants dans plusieurs provinces du pays, et qui bénéficie d’ores et déjà à quelque 19.000 personnes sur l’ensemble de l’île.

« C’est aberrant », a déclaré à l’AFP Eloy Font, un retraité de 80 ans vivant dans le centre de La Havane. « Cela démontre la fragilité de notre système électrique (…) il n’y a pas de réserve, il n’y a pas de quoi maintenir ce pays debout, on vit au jour le jour », a-t-il pesté.

Depuis trois mois, les Cubains pâtissent de coupures de courant devenues plus en plus fréquentes. Jeudi, le déficit énergétique national, qui oscillait autour de 30%, a atteint les 50%, renforçant l’exaspération de la population.

« Il y a deux jours, j’ai à peine pu travailler et maintenant qu’est-ce que je vais faire ? C’est terrible de vivre ainsi, en 47 ans, je n’ai rien vu de pire », se lamente auprès de l’AFP Barbara Lopez, créatrice de contenus numériques.

Les cours ont été suspendus à tous les niveaux dans le pays jusqu’à lundi, et tous les lieux de divertissement ont été fermés.

Pénuries de nourriture, de médicaments et coupures d’électricité chroniques

Les premières restrictions remontent à mars, avec les difficultés croissantes du gouvernement de se fournir en combustible et en pièces nécessaires au fonctionnement et à la réparation des centrales thermoélectriques vieillissantes du pays. Ces dernières semaines dans plusieurs provinces les coupures ont duré plus de 20 heures par jour.

Jeudi, le Premier ministre Manuel Marrero avait annoncé la suspension de tous les services publics non essentiels afin de donner la priorité à l’approvisionnement en électricité des hôpitaux, entreprises et foyers.

Sur l’île, l’électricité est produite à partir de huit centrales thermiques vétustes, parfois en panne ou en maintenance, ainsi que plusieurs centrales flottantes, que le gouvernement loue à des entreprises turques, et de groupes électrogènes. La plupart de ces infrastructures requièrent du carburant pour fonctionner.

L’île connaît actuellement sa pire crise depuis trois décennies, avec des pénuries de nourriture et de médicaments et des coupures d’électricité chroniques.

Les coupures d’électricité avaient été l’un des éléments déclencheurs des manifestations antigouvernementales sans précédent du 11 juillet 2021. En septembre 2022, l’île avait déjà connu un black-out généralisé après le passage de l’ouragan Ian qui avait frappé l’ouest de l’île.

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