Nombre de places insuffisant, lits occupés à plus de 90%, mortalité infantile en hausse : « il est urgent de revoir l’organisation » des soins intensifs et de réanimation qui accueillent les nouveau-nés vulnérables, alerte la Société française de néonatalogie (SFN).
À rebours de nombreux pays occidentaux, « la mortalité infantile (enfants décédés dans leur première année) augmente en France depuis 2012 », déplore l’organisation dans une note consultée mardi par l’AFP. La France, « qui se trouvait en troisième position des pays à la mortalité infantile la plus faible d’Europe entre 1996 et 2000, se trouve désormais en 20e position », souligne la SFN dans ce document compilant les résultats de plusieurs enquêtes, notamment de l’Insee et l’Inserm.
Parmi ces décès de bébés, 74% sont intervenus dans le « premier mois de vie », contre 65% en 2005, souligne la société savante. Selon son président, Jean-Christophe Rozé, ces excès de mortalité sont généralement liés à une « extrême prématurité », ou des cas de bébés nés à terme mais « très malades ».
L’offre de « soins critiques » est « insuffisante »
La SFN avance « plusieurs hypothèses » à la surmortalité, dont « la hausse de l’âge des mères », « l’accroissement des grossesses multiples », les « situations de précarité » mais aussi « une dégradation du circuit de soins ». L’offre de « soins critiques » (soins intensifs et réanimation) est « insuffisante et inégalement répartie sur le territoire », déplore-t-elle. En réanimation néonatale, le nombre de lits « varie du simple au double » dans les régions métropolitaines (entre 0,60 pour 1000 naissances en Provence-Alpes-Côte d’Azur et 1,28 dans le Grand Est).
Mais les besoins augmentent, notamment car l’extrême prématurité peut être prise en charge bien plus tôt qu’auparavant. « En conséquence, les taux d’occupation sont très élevés », estimés entre « 91,3% et 93,8% » en moyenne dans l’ensemble des services dits « de type 3 » (prenant en charge les grossesses à haut risque), selon trois études menées entre 2021 et 2023.
Manque de médecins et « sous-effectif infirmier »
« En réanimation, le taux d’occupation est supérieur à 100% » environ 20% du temps, et le taux moyen dépasse 95% dans près de la moitié des unités ». Quelque « 23% des services déclarent refuser régulièrement des entrées critiques faute de place ». Par manque de médecins, ces services peinent à assurer les gardes. Ils sont aussi en « sous-effectif infirmier » chronique. Dans près de 80% des services, « au moins un tiers de l’effectif infirmier a moins de deux ans d’expérience », durée considérée comme « nécessaire » pour ce type de soins.
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