Un tout puissant responsable de l’organe provincial chinois de sécurité et de justice avait bâti sa carrière grâce à un réseau des liens politiques et d’affaires. Il jouait depuis près de 17 ans un rôle de premier plan dans de persécution d’une discipline spirituelle en Chine et a été récemment mis sur la touche.
Le 16 avril dernier, l’organe disciplinaire du Parti communiste chinois (PCC) a annoncé que Zhang Yue, patron de la sécurité de la province du Hebei, a été mis en examen pour « grave violation de la discipline du Parti » sans donner de détails sur ses méfaits.
Selon NetEase, un portail d’informations populaire chinois qui avait publié une étude détaillée sur les affaires de Zhang Yue, ce dernier avait été surnommé le « patron de la sécurité du Hebei ». NetEase a également rapporté que Zhang Yue, qui aimait bien la natation, avait dépensé des fonds publics pour financer un centre nautique de luxe à Shijiazhuang, la capitale du Hebei. Le personnel féminin du centre était sélectionné par leur apparence, comme des « hôtesses de l’air ». Seulement les responsables de la sécurité publique aux niveaux égaux ou supérieurs au directeur adjoint du département étaient autorisés à utiliser le complexe nautique.
Un réseau de liens politiques et d’affaires
Le réseau de liens politiques et d’affaires de Zhang Yue s’est profondément implanté à Pékin.
Zhang Yue était en relation avec Guo Wengui, un puissant homme d’affaires qui dirigeait un réseau influent assurant à ses membres une assistance politique et juridique dans toute la Chine. De son côté, Guo Wengui avait des liens étroits avec Ma Jian, ancien vice-ministre de la Sécurité d’Etat, ainsi qu’avec Ling Jihua, ancien chef de cabinet de l’ancien dirigeant du Parti Hu Jintao et l’ancien chef du Bureau Général, centre d’importance cruciale pour la documentation et la logistique secrète du Parti.
Selon NetEase, Zhang Yue, Guo Wengui et Ma Jian ont travaillé ensemble sur une OPA hostile de China Minzu Securities en 2010.
Cette affaire a servi d’exemple de l’utilisation de la puissance du système de la sécurité chinoise afin de soumettre aux concurrents commerciaux une offre qu’ils ne pouvaient pas refuser.
Les trois hommes ont approché les deux principaux actionnaires de China Minzu Securities : le plus grand, Capital Airports Holding Company, qui détenait 61,25 % du capital et Hebei Bank, le quatrième plus grand actionnaire, qui en détenait 6,81%.
D’après NetEase, Zhang Yue s’est occupé du régulateur gouvernemental de la Hebei Bank – la Commission de réglementation bancaire du Hebei – en menaçant de jeter en prison un responsable du Parti qui travaillait dans cette banque. En juin 2010, la Commission de régulation a autorisé à Beijing Zenith Holdings, où Guo Wengui était l’actionnaire majoritaire, de racheter toutes les actions que la banque détenait dans China Minzu.
Zhang Zhizhong, président de Capital Airports, était plus facile à mettre hors-jeu : il a été condamné à 12 ans de prison par la Cour intermédiaire de Hengshui. On soupçonne, sans pouvoir obtenir des preuves, que cela a été arrangé dans le cadre de la prise de contrôle de China Minzu.
En janvier 2011, Capital Airports Holding Company a vendu à la compagnie de Guo Wengui la totalité de ses actions de China Minzu pour 1,6 milliards de yuans (environ 218 millions d’euros), environ 1,8 milliards de yuans (environ 245 millions d’euros) en dessous du prix du marché. Beijing Zenith Holdings est alors devenu le plus important actionnaire de China Minzu Securities.
Des affaires de ce genre caractérisent les activités entrepreneuriales de Zhang Yue et ses collègues qui profitaient de leur influence dans l’appareil de sécurité publique et d’espionnage. Mais l’une des principales raisons pour lesquelles Zhang Yue a pu accumuler un énorme et incontrôlable pouvoir se trouve ailleurs.
Son rôle dans la persécution
Selon NetEase, Zhang Yue a gravi rapidement les échelons politiques grâce à ses liens avec l’ancien patron de la sécurité Zhou Yongkang. Ce dernier est connu pour avoir bâti sa propre carrière – il a également connu une ascension rapide d’un poste de responsable provincial au poste du responsable de la sécurité au sein du Parti – en suivant sans relâche les ordres de l’ancien dirigeant du Parti Jiang Zemin. Zhou Yongkang était devenu l’un des plus infâmes exécuteurs de la politique de Jiang Zemin visant à traquer et torturer les pratiquants de Falun Gong.
Le Falun Gong est une discipline traditionnelle chinoise de développement physique et spirituel comprenant des exercices et des enseignements basés sur les principes de vérité, compassion et tolérance. Craignant la popularité grandissante de cette pratique dans les années 1990, ainsi que son indépendance de l’État-Parti, le 20 juillet 1999 Jiang Zemin a lancé une campagne de sa répression au niveau national.
Avant de devenir patron des forces de sécurité du Parti dans le Hebei, Zhang Yue était directeur du bureau « anti-culte pervers» ou « Bureau 610 » entre novembre 2003 à décembre 2007. Selon Minghui.org, un site d’informations sur la persécution du Falun Gong, le « Bureau 610 », une organisation extrajudiciaire du PCC, était en charge de la persécution du Falun Gong en Chine.
L’autorité de ce Bureau, qui occupait une position privilégiée au sein du Parti, a commencé à s’effondrer après l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping, surtout après que son ancien patron Li Dongsheng ait été condamné à 15 ans de prison en janvier dernier.
La rapide ascension de Zhang Yue peut également être due à ses liens personnels. Selon NetEase, sa deuxième épouse Meng Li était amie et collègue de Jia Xiaoye, la deuxième épouse de Zhou Yongkang. Meng Li et Jia Xiaoye avaient travaillé ensemble à la chaine de télévision officielle CCTV, Meng comme hôte et Jia en tant que journaliste.
Selon l’Organisation mondiale d’enquête sur la persécution du Falun Gong, une ONG à but non lucratif basée à New York, la persécution d’au moins 10 pratiquants de Falun Gong est directement attribuée aux ordres de Zhang Yue.
Selon Minghui.org, Li Zhiqin, un pratiquant de Falun Gong de la ville de Xingtai dans le Hebei, est mort en garde à vue le 12 septembre 2007, tandis que la police de Ningjin a soumis un document fabriqué affirmant qu’il était décédé suite à une grave crise cardiaque.
La même source a également rapporté que Liu Yongwang, résident de Baoding, travaillait comme principal ingénieur électricien dans une compagnie étrangère à Pékin avant qu’il ne soit soumis en 2001 à la persécution dans un camp de travaux forcés après avoir été arrêté par la police à Shanghai. Pendant trois ans, Liu Yongwang a été soumis à différentes formes de torture, y compris le gavage, des coups de ceinture en cuir et de bâtons de bambou, des électrochocs de matraques électriques et des privations de mouvement en étant attaché à planche de lit. En juin 2006, il a été de nouveau arrêté par la police et emmené dans la prison de Jidong à Tangshan.
Après avoir purgé une peine de 8 ans, Liu Yongwang a été libéré en août 2013. En février 2016, il a déposé une plainte pénale contre Jiang Zemin.
Version anglaise : Notorious Chinese Human Rights Violator Placed Under Investigation
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