CHINE

Une nouvelle étude remet en cause le « miracle » de Xi Jinping : l’extrême pauvreté existe en Chine

juin 17, 2021 16:39, Last Updated: juin 18, 2021 8:19
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Une étude commanditée par la Suisse et récemment publiée révèle que la Chine n’a pas éradiqué la pauvreté, un « miracle » que le dirigeant chinois Xi Jinping prétend avoir réalisé.

Le 25 février, le régime chinois a organisé une cérémonie de remise de prix, au cours de laquelle Xi a annoncé que la Chine avait éradiqué la pauvreté, sur la base des normes de pauvreté chinoises.

« [La Chine] a créé un autre miracle dans les annales de l’histoire », a commenté Xi à propos de l’éradication de la pauvreté. « [C’est une] réalisation historique majeure. »

Le 6 avril, le régime chinois a publié un livre blanc intitulé : « La pratique de la Chine en matière de réduction de la pauvreté humaine. » Avec ce document, les autorités de Pékin veulent faire de la Chine un modèle pour le monde entier.

« La Chine n’a pas éradiqué la pauvreté – pas même l’extrême pauvreté », écrit Bill Bikales, ancien économiste principal de l’ONU en Chine, dans le rapport Réflexion sur la réduction de la pauvreté en Chine (PDF) qui a été publié le 8 juin.

Bill Bikales souligne que la pauvreté est dynamique, mais le régime de Pékin ne se concentre que sur les personnes issues des zones rurales et enregistrées en 2014-2015 comme pauvres, sans mettre à jour la liste dans les années qui ont suivi et sans couvrir la majorité de la population chinoise, qui vit dans les zones urbaines.

« Aucune statistique n’a jamais été publiée [en Chine] concernant les ménages nouvellement pauvres en raison du choc de revenus qui s’est produit [à cause de la pandémie] et l’assistance aux ménages pauvres non enregistrés était limitée », écrit Bill Bikales. « Pour saisir avec précision l’impact du Covid-19 sur la pauvreté ailleurs que dans les comtés et villages déjà identifiés, il aurait fallu des systèmes qui n’étaient tout simplement pas en place. »

Le régime chinois prétend que si le revenu d’une personne est supérieur à 3 218 yuans (418 €) par an, elle ne peut pas être comptée comme pauvre. Si le revenu d’une personne pauvre atteint 4 000 yuans (519 €), elle est retirée de la liste des personnes pouvant bénéficier des prestations de sécurité sociale et ne peut plus jamais être considérée comme pauvre. La Chine prétend qu’en raison du faible coût des produits de base en Chine, les individus n’ont pas besoin d’un revenu élevé pour ne pas vivre dans la pauvreté.

Au cours des derniers mois, des personnes interrogées en Chine continentale ont dit à Epoch Times qu’elles ne pouvaient toujours pas obtenir de l’eau potable, de la nourriture en quantité suffisante et des transports publics, mais que le régime refusait de verser des prestations de sécurité sociale parce que la Chine avait soi-disant éliminé la pauvreté.

L’agriculteur Liu Qingyou dans sa résidence du comté de Baojing, dans la province du Hunan (Chine centrale), le 12 janvier 2021. (NOEL CELIS/AFP via Getty Images)

La Voix du Peuple

Selon les personnes interrogées, un grand nombre de Chinois des zones rurales n’ont pas d’eau potable à boire et n’ont pas assez d’argent pour acheter de la viande et d’autres aliments riches en protéines et en graisses. Il y a des Chinois dans les zones urbaines qui ne peuvent pas non plus se nourrir et nourrir leur famille.

« Mon père et ses collègues villageois n’ont pas d’argent. Ils mangent ce qu’ils ont planté et n’ont pas de viande en général. Mon père n’a pas assez d’argent pour payer l’électricité, sans parler des installations sanitaires, des toilettes », a dit une femme, de nom de famille Wang, à l’édition en langue chinoise d’Epoch Times le 25 février.

Mme Wang vit dans une ville et dispose de l’électricité, de l’eau, d’Internet et du téléphone. Son père vit dans le canton de Taohe, dans le comté de Xichuan, dans la province du Henan (Chine centrale), qui se trouve dans les montagnes.

« Ils n’ont pas d’eau au robinet. Ils dépendent d’un petit réservoir [qui permet de récupérer l’eau de pluie] et de l’eau qui est acheminée de l’extérieur », explique Mme Wang. « Ils n’ont pas d’argent pour payer les hôpitaux, les cliniques ou même les médicaments. Ils combattent simplement les maladies en utilisant le système immunitaire de leur corps. Une fois qu’ils sont gravement malades, ils attendent simplement la mort chez eux. »

Des agriculteurs plantent des arbres Saxaul à Dunhuang, dans la province du Gansu (nord-ouest de la Chine), le 22 avril 2019, en Chine. (Lintao Zhang/Getty Images)

Un autre travailleur nommé Wang est un migrant de Pékin qui est originaire de la province du Hebei, dans le nord de la Chine. Il a dit à l’édition en langue chinoise d’Epoch Times le 2 mars que les agriculteurs du Hebei n’ont pas les moyens de payer une assurance médicale en général, que le régime ne fournit pas de service médical gratuit et que les agriculteurs n’ont pas d’argent pour se faire soigner.

« Pour nous, nous nous rendons juste dans une petite clinique si nous avons quelques maladies non mortelles. Lorsque nous sommes très malades, nous essayons d’emprunter de l’argent à nos proches. Si nous pouvons recevoir de l’argent, nous nous rendons à l’hôpital. Sinon, nous restons à la maison et nous attendons la mort », a déclaré M. Wang.

La majorité des Chinois pauvres n’ont pas de téléphone, ni d’ordinateur, et la censure du régime ne permet pas d’exposer des faits pertinents en ligne.

Le 12 décembre 2020, un compte de médias sociaux a publié un long article sur WeChat, dans lequel il parlait des enfants des zones urbaines qui se suicidaient parce que leurs familles étaient trop pauvres pour payer leur éducation, les nourrir ou traiter leurs maladies.

Bill Bikales a écrit dans son étude que 63 % des Chinois vivent dans les villes, et que ces personnes n’ont jamais été incluses dans la liste des pauvres de la Chine. Et, contrairement aux affirmations de Xi, même les pauvres figurant sur la liste n’ont pas échappé à la pauvreté.

En avril, la chaîne de l’État CCTV a rapporté des cas dans le comté de Luonan, dans la province du Shaanxi (nord-ouest de la Chine), où les gens n’ont pas de maison sûre où vivre et n’ont pas d’eau potable à boire. Les responsables locaux ont menti sur la situation et ont essayé de s’emparer du téléphone portable du journaliste, qu’il avait utilisé pour enregistrer la scène.

Un agriculteur travaille dans un champ sur une rive en face de Zhongba, une petite île près de la ville de Chongqing, dans le sud-ouest de la Chine, le 29 novembre 2020. (NOEL CELIS/AFP via Getty Images)

Suppression de la liste des personnes pauvres

Luonan a été retiré de la liste de la pauvreté en février 2020, ce qui signifie que tous les résidents du comté sont censés gagner un revenu supérieur au seuil de pauvreté.

À la mi-avril, lorsque CCTV est arrivé dans le comté, les reporters ont trouvé un vieil homme, M. Leng, qui vivait dans une petite maison en briques d’une pièce, délabrée. La maison n’a pas de cuisine, pas de salle de bain, et pas de chauffage.

M. Leng était sur la liste des pauvres. Il a dit à CCTV que la maison en briques servait d’espace de stockage pour ses proches. Comme sa maison en terre est fissurée et peut s’écrouler à tout moment, son parent lui permet de vivre dans cette maison en briques. M. Leng n’a aucun revenu et n’a pas d’argent pour louer une chambre.

CCTV a visité deux villages à Luonan, les deux n’avaient pas d’eau potable. Les villageois doivent parcourir un long chemin pour acheter de l’eau dans d’autres villes, et cette eau doit être filtrée avant d’être utilisée.

Comme les villageois sont pauvres en général, la plupart d’entre eux n’ont pas les moyens pour acheter de l’eau fréquemment. Ils conservent l’eau de pluie et, dans leur vie quotidienne, essaient d’économiser la moindre  goutte d’eau possible.

Le site d’information The Paper, basé à Shanghai, a signalé un autre cas dans la province du Yunnan, dans le sud-ouest de la Chine, le 19 novembre 2020.

Le régime local du comté de Zhenxiong, ville de Zhaotong, a retiré le villageois Jiang Tongxun de la liste des pauvres en octobre 2020, car le régime a déclaré que le revenu brut de Jiang en 2020 serait de 5 811,76 yuans (756 €). Ce chiffre est supérieur au niveau de revenu de 4 000 yuans (625 dollars) en 2020, en dessous duquel la personne peut rester éligible à la liste des pauvres.

Jiang Tongxun n’est pas d’accord avec le régime et refuse de signer le papier pour renoncer à son droit de recevoir d’autres prestations de sécurité sociale.

Selon les données du régime, Jiang Tongxun a gagné 3 000 yuans en travaillant comme travailleur migrant, a reçu 2 568 yuans de prestations de sécurité sociale du régime et 243,76 yuans de subventions du régime, qui ont servi à acheter des semences et des engrais agricoles.

Jiang Tongxun a déclaré qu’il ne recevait pas de prestations du régime, et que les fonds de réduction de la pauvreté du régime central ou du régime provincial étaient alloués aux villageois qui avaient de bonnes relations avec les fonctionnaires. Selon le rapport, Jiang Tongxun a perdu sa qualification de pauvre et a été critiqué par le régime.

Des Chinois ont dit à Epoch Times, lors d’entretiens téléphoniques, que 4 000 yuans ne suffisaient pas à assurer une vie de base.

Zhou, un retraité qui vit dans la ville de Shanghai, a dit à l’édition chinoise d’Epoch Times le 25 février : « Le coût minimum de la nourriture est de 500 yuans par mois et par personne à Shanghai. Il faut dépenser 200 yuans pour le transport, et plus de 2 000 yuans pour louer une chambre (au total 2 700 yuans par mois soit 351,16 €)… Donc 4 000 yuans par an (519 €), cela signifie 333 yuans (43,33 €) par mois. Vous ne pouvez pas survivre avec ce revenu. »

Hu Ping, rédacteur en chef honoraire du magazine Beijing Spring basé à New York et expert des affaires chinoises, a dit à Epoch Times le 26 février : « La Chine est encore extrêmement pauvre cette année … Combien de céréales la Chine a-t-elle maintenant ? En incluant les autres produits agricoles, la Chine a besoin de beaucoup plus que ce qu’elle a [pour nourrir la population]. »

Des agriculteurs récoltent des choux dans le comté de Huarong, dans la province du Hunan (sud de la Chine), le 5 mars 2020. (NOEL CELIS/AFP via Getty Images)
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