Une nouvelle étude sur les opérations d’influence menées par la Chine dans le monde, réalisée par l’armée française, prend la France de court.
Le Monde, Le Parisien, Le Figaro, L’Express, Libération, jusqu’au Sénat et bien d’autres encore citent ce rapport de 641 pages, la plupart positivement tandis que beaucoup restent sans voix.
Rester sans voix, voilà bien la réaction naturelle lorsqu’on découvre la vérité sur les opérations d’influence menées par la Chine, et le nouveau rapport y parvient avec brio.
Les auteurs de ce rapport, publié le 20 septembre et intitulé Opérations d’influence chinoises : Un moment machiavélien, sont le Dr Paul Charon et le Dr Jean-Baptiste Jeangène Vilmer de l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (IRSEM), du ministère français de la Défense.
Le rapport met à jour trois nouveautés dans le champ des opérations d’influence de la Chine : les activités de la base 311, le département secret de propagande de l’armée ; les méthodes employées par le Parti communiste chinois (PCC) pour influencer les universités, think tanks et partis politiques français ; le rôle clé joué par la Ligue de la jeunesse communiste chinoise (LJC) pour tenter d’accroitre l’influence du PCC auprès des jeunes du monde entier.
Selon l’étude, les « partenaires ponctuels » du PCC, les cibles qui vont lui permettre d’étendre son influence, comprennent des « think tanks, des fondations et des centres de recherche » Parfois certains de ces organismes d’« idiots utiles » prennent les devants en proposant leurs services, généralement contre rémunération. « Ces partenariats sont très utiles au Parti car ils lui permettent, au prix d’efforts dérisoires, d’étendre sa surface de contact et son acceptabilité sur un sol étranger. Lorsqu’un think tank réputé organise un événement avec la Chine, c’est la capacité de cette organisation à faire passer le discours du Parti qui est recherchée par Pékin. »
Le PCC organise des forums en Chine et à Bruxelles pour toucher le plus large spectre de partis politiques. « C’est pourquoi plusieurs délégués d’un même pays, mais de partis politiques différents, peuvent être ciblés », selon les auteurs. Le PCC « a par exemple invité Francis Wurzt, ancien président du Parti de la gauche européenne/Gauche verte nordique (PEL/NGL) et membre du Parti communiste français, mais aussi Thierry Mariani, ancien vice-président de l’UMP. »
L’Union pour un mouvement populaire (UMP), appelée Les Républicains depuis 2015, est un parti politique français de centre-droit fondé par l’ancien président Jacques Chirac, et dirigé par Nicolas Sarkozy (condamné le 2 septembre dernier pour avoir financé de façon illégale sa campagne électorale menée sans succès en 2012).
Selon les auteurs, la multitude de partis politiques avec lesquels le PCC fait des compromis est avantageuse en raison de « leur compatibilité avec le discours chinois et leur capacité à être entendues par une large frange de la population. »
Les auteurs ont effectué des recherches approfondies sur la LJC, qui exerce une influence sur les jeunes du monde entier en créant, par exemple, des groupes de rap chinois et des associations d’étudiants chinois. Selon les auteurs, les groupes de rap détournent les formes musicales et les aspects culturels américains et européens qui plaisent aux jeunes Chinois, pour critiquer sévèrement le gouvernement américain.
Les textes de rap chinois parrainés par l’État comprennent, par exemple, des mises en garde contre les révolutions de couleur comme celles que l’on trouve dans les pays en voie de démocratisation : « C’est également la LJC qui est responsable de la mise en ligne d’une vidéo, le 1er août 2016, accusant les États-Unis de fomenter une révolution de couleur en Chine à l’instar de celles de Géorgie, d’Ukraine et des Printemps arabes. La vidéo, mise en ligne sur le site Weibo du Parquet populaire suprême, a été vue plus de 10 millions de fois en seulement 24 heures. »
Le Parquet populaire suprême est la plus haute instance chinoise compétente pour engager des poursuites judiciaires.
L’armée chinoise coordonne une grande partie des opérations d’influence que mène Pékin dans le monde, ainsi que ses actions de répression contre les partisans de la démocratie et des droits de l’homme en Chine. Les auteurs consacrent une grande partie de leurs recherches sur une organisation militaire chinoise secrète appelée « base 311 ». Cette organisation se livre à des activités de propagande et de répression dans le monde entier, notamment en utilisant des organisations de façade.
La base 311 est le principal organe chargé de la guerre de l’information en Chine : « le principal acteur identifié dans ce domaine est la base 311, qui a son quartier général dans la ville de Fuzhou, et qui est dédiée à l’application de la stratégie des ‘Trois guerres’. « , selon les auteurs.
La « stratégie des Trois guerres », à savoir la guerre sur l’opinion publique effectuée par les médias, la guerre psychologique destinée à influencer les élites étrangères et la guerre du droit (lawfare) permettant de mettre en place un environnement législatif mondial avantageux pour le PCC.
La base 311 utilise « des entreprises-façades du secteur médiatique » qui sont « des organisations civiles pilotées dans l’ombre (…) et qui lui servent donc d’écran pour opérer publiquement ». C’est dans un hôtel fictif à Fuzhou que se situe son centre de formation. Il est évidemment impossible de réserver une chambre dans cet hôtel qui se situe non loin d’une piscine publique servant de « boite aux lettres ».
Pour défendre les idéaux que constituent la démocratie et les droits de l’homme, il est essentiel de contrecarrer les opérations d’influence mondiale menées par Pékin, qui tente d’étendre son modèle totalitaire en recourant à des tactiques sournoises. Cherchez le consulat chinois le plus proche de chez vous et prêter attention à ce qui s’y passe. Cela peut sembler anodin au premier abord, mais pas lorsqu’on y regarde de plus près.
Anders Corr est titulaire d’une maîtrise en sciences politiques de l’université de Yale (2001) et d’un doctorat en administration de l’université de Harvard (2008). Il dirige la Corr Analytics Inc, l’éditeur du Journal of Political Risk, et a mené des recherches approfondies en Amérique du Nord, en Europe et en Asie. Il est l’auteur de « The Concentration of Power » (La concentration du pouvoir, à paraître en 2021) et de « No Trespassing » (Défense d’entrer), et a édité « Great Powers, Grand Strategies » (Grandes puissances, grandes stratégies).
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