GAO ZHISHENG: LA "CONSCIENCE DE LA CHINE"

Nouvelle lettre de Gao Zhisheng, avocat chinois des droits de l’homme placé en résidence surveillée

septembre 24, 2015 15:26, Last Updated: mai 10, 2021 6:37
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Gao Zhisheng, le célèbre avocat chinois des droits humains, connu comme « la conscience de la Chine » et nominé pour le prix Nobel a été torturé et emprisonné à de nombreuses reprises pour avoir défendu les droits de l’homme dans son pays. Bien que toujours sous la surveillance de la police, il a récemment écrit une lettre à Epoch Times annonçant qu’il a fait sortir clandestinement de Chine deux manuscrits qui seront publiés l’an prochain.

Dans sa lettre, Gao Zhisheng parle également d’un projet de poursuite en justice vers la fin 2017 envers le Parti communiste chinois (PCC) pour crimes contre l’humanité. Les détails de ce qu’il a appelé un « tribunal spécial » ne sont pas définis, il oriente les lecteurs vers les deux livres qui seront publiés dans un an.

En 2001, Gao Zhisheng a été désigné par le ministère de la Justice chinois comme l’un des avocats les plus brillants de Chine. Mais lorsqu’il a commencé à prendre en charge des cas politiquement sensibles, en particulier ceux des pratiquants de Falun Gong persécutés et torturés par la police du PCC, Gao Zhisheng est devenu lui-même une cible. Sa carrière, et plus tard sa santé, en ont énormément souffert.

Après avoir voyagé dans diverses parties de Chine pour mener sa propre enquête sur la persécution du Falun Gong – une pratique traditionnelle de Qi Gong basée sur les principes d’authenticité, de bienveillance et de tolérance qui comprend des exercices de méditation – Gao Zhisheng a écrit trois lettres ouvertes au Parti communiste, condamnant la campagne de répression visant le Falun Gong. Cette pratique est victime d’une cruelle persécution, lancée en 1999 en Chine sous les ordres du dirigeant du Parti d’alors, Jiang Zemin, qui a fait de cette campagne une croisade personnelle.

Gao Zhisheng a alors ouvertement quitté le Parti communiste et a participé à une grève de la faim à l’échelle nationale. Aussitôt, son cabinet d’avocat a été fermé et sa licence d’avocat lui a été retirée. Comme Gao Zhisheng n’a pas arrêté ses activités pour défendre les droits des pratiquants de Falun Gong persécutés, il a été directement visé par la police chinoise.

« Ne parle pas de nouveau des tortures que tu as subies par le Parti communiste, sinon nous allons te donner une dernière leçon ! », a dit l’un de ses bourreaux durant les deux derniers mois de sa garde à vue, a rapporté Gao Zhisheng. « Tu as raison, nous torturons les gens du Falun Gong. C’est juste. À vrai dire, les 12 traitements que nous allons te faire subir ont déjà été infligées aux Falun Gong ».

Pendant cet épisode survenu en 2007, Gao Zhisheng a eu les yeux brûlés par la fumée des cigarettes tenues tout près de ses yeux, des cure-dents piqués dans les parties génitales et son visage battu avec des matraques électriques à haut voltage.

Après un bref moment de liberté, il s’est retrouvé de nouveau en détention jusqu’à l’an passé. Il avait été détenu et torturé dans des bunkers militaires et des endroits cachés utilisés par le bureau secret de la sécurité intérieure, avant d’être officiellement envoyé en prison pendant trois ans. De nombreux experts ont considéré comme montés de toute pièce les chefs d’accusation contre Gao Zhisheng. Depuis sa libération en août 2014, Gao Zhisheng a été assigné à résidence dans la province du Xinjiang à l’ouest de la Chine. Son épouse Geng He et leurs deux enfants ont fui la Chine en 2009 et vivent actuellement en Californie. Sa récente lettre est le seul signe de vie provenant de Gao Zhisheng depuis sa libération.

La qualité littéraire et la justesse des propos, typiques de ses écrits précédents, démentent ce qu’on pensait auparavant sur son état de santé : un vieux dissident, brisé mentalement et physiquement, dépourvu de toute volonté de continuer à lutter contre le Parti communiste chinois – le «  gang des bandits » – comme il préfère l’appeler.

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Hier, alors que je fouillais dans une vieille armoire de ma mère, je suis tombé sur le livre Écrits sélectionnés de l’avocat Gao Zhisheng. Je me suis assis et j’ai lu d’un seul trait les trois lettres que j’avais écrites aux dirigeants bandits communistes chinois. Seulement après être passé moi-même par les mêmes expériences de tortures, je sais à quel point elles sont catastrophiques, profondément troublantes et choquantes.

Wei Xiuling, une pratiquante de Falun Gong de la province du Shandong, a été « tuée », ressuscitée, et finalement tuée à nouveau. En lisant son histoire, la violence est tout simplement suffocante. En lisant que la moitié inférieure de son corps était nue quand elle est morte, je commence de nouveau à trembler au fond de mon cœur. Ou encore l’histoire de Liu Boyang et de sa mère Wang Shouhui de Changchun qui ont été tous les deux torturés à mort, chacun d’eux pouvant entendre les cris de l’autre, est à figer le sang.

Cela fait déjà une décennie que j’ai écrit ces notes d’enquête, cependant les meurtriers sont toujours des « camarades dirigeants » et se pavanent toujours la tête hautes et le ventre bedonnant, ayant oublié depuis longtemps la dette sanglante qui les suivra toujours. C’est le produit des médias tels que la Télévision centrale de Chine (CCTV), Global Times, Le Quotidien de l’Armée populaire de libération et les autres médias du parti pervers, qui effectuent leur travail honteux d’engourdissement du peuple chinois. Les mots que j’ai écrit à Hu Jintao et Wen Jiabao n’ont pas réussi en fin de compte à éveiller les âmes engourdies de ce monde, et le sinistre régime poursuit sa politique rusée et perverse, la même qu’il a toujours effectuée.

De jour et de nuit, je suis toujours entouré par des agents sans morale du régime, qui mettent en œuvre la stratégie de leurs maîtres de garder à jamais la Chine dans un rêve macabre et intoxiquant. C’est ce que le Secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, qui a récemment assisté au défilé militaire du Parti, ne voit pas et ne veut pas voir.

Ban Ki-moon, le dirigeant russe Vladimir Poutine et la dirigeante coréenne Park Geun-hye sont comme des visiteurs venant d’autres planètes. Ils font la sourde oreille devant la catastrophe des droits de l’homme qui se déroule devant eux en Chine. Ils ne réagissent même pas lorsque les voyous qui les ont invité effectuent une répression brutale de la liberté d’expression, de la pensée, de la croyance, ou quand ils bloquent le développement constitutionnel, les réformes de l’éducation et de la santé, l’indépendance judiciaire, ou font encore dérailler les tentatives de propagation des valeurs civilisées universelles. Leur torpeur envers tout cela doit être exposée.

Les éléments criminels et obscurs du Parti communiste sont apparus à nouveau dans toute la Chine, faisant disparaître des centaines d’avocats des droits de l’homme, les torturant et leur extorquant des aveux. Cette campagne est un autre crime ouvert contre l’humanité, un autre mal à être inscrit dans le registre de l’histoire. Tout comme le massacre de la place Tiananmen du 4 juin 1989, ou la persécution du Falun Gong, ou la violente et continue pratique de démolition des domiciles des gens pour les expulser.

Tout cela est une honte pour le monde civilisé. Je ne sais pas ce qui se passe dans la tête de Ban Ki-moon quand il fait des affaires avec ces gens qui commettent des crimes contre l’humanité de manière flagrante. Pendant le défilé militaire de ce gang de bandits, les pétitionnaires et les dissidents à travers le pays ont été réprimés et soumis à un contrôle très strict ; les restaurants à Pékin demandaient à leur clients de présenter leur carte d’identité ; dix jours avant le défilé, la poste a arrêté toute livraison de colis. Tout cela a été fait pour donner l’image d’un « village Potemkine » aux semblables de Ban Ki-moon, pour donner au gang de canailles ayant mauvaise conscience, une chance de se faire féliciter mutuellement.

Je peux maintenant rendre public le fait qu’à la mi-août, j’ai réussi à envoyer à l’étranger deux manuscrits. L’un est intitulé La Chine se lève en 2017 ; l’autre n’a pas encore de titre – les deux seront disponibles d’ici un an. Il y a beaucoup de choses à lire dans ces livres, je n’en dirai pas davantage aujourd’hui.

Je veux vous assurer solennellement que tous les crimes contre l’humanité qui se passent actuellement en Chine seront jugés sans exception. À la fin 2017, un tribunal spécial sera mis en place pour cela – les détails seront décrits dans mes prochains livres.

Après avoir lu les trois lettres ouvertes, j’ai ressenti un besoin d’écrire les notes ci-dessus pour commémorer les nobles martyrs qui nous ont quittés. Ils sont la gloire et le dernier espoir de notre nation, la preuve que notre peuple a encore du potentiel et de la grandeur. La commémoration de leurs vies est la preuve que notre conscience n’est pas encore entièrement détruite. »

Gao Zhisheng

le 12 septembre 2015

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