Après avoir été pendant des décennies le plus proche allié de la Chine au sein de l’Union européenne, l’Allemagne semble enfin avoir remis son approche en question.
Le 13 juillet, l’Allemagne a publié son premier document de « stratégie envers la Chine » afin de guider ses responsables politiques et économiques du pays dans leur engagement vis-à-vis de l’État-parti chinois. Ceci dans le but d’équilibrer les relations économiques et les risques liés à la belligérance croissante du Parti communiste chinois (PCC) à l’étranger et à son autoritarisme à l’intérieur de la Chine.
Le document indique que « la prospérité et les réalisations croissantes de la Chine (…) contrastent avec des reculs en matière de droits civils et politiques ».
« Cela a également eu un impact sur les échanges entre l’Allemagne et la Chine. La Chine empêche les contacts avec sa société civile, ses médias, ses instituts de recherche et ses agences gouvernementales. Dans ce contexte, la Chine est à la fois un partenaire, un concurrent et un rival systémique pour le gouvernement fédéral », indique le document officiel.
Ce rapport stratégique, qui fournit des orientations aux gouvernements, aux entreprises, aux établissements d’enseignement et aux responsables politiques allemands dans leurs relations avec la Chine, sera maintenant transmis au parlement allemand, où les législateurs devraient commencer à en débattre lorsqu’ils reviendront de leurs vacances en septembre.
Bien que le document reconnaisse les défis que le PCC pose à l’Allemagne dans l’avenir, il ne s’agit pas d’un changement de cap pour le plus grand défenseur des intérêts du régime chinois en Europe continentale.
Tout d’abord, la stratégie ne recommande pas de modifier la politique ou d’empêcher la Chine d’accéder aux technologies essentielles, ce qui aurait un impact réel compte tenu du secteur industriel avancé de l’Allemagne. Par exemple, les États-Unis ont limité l’accès de la Chine aux technologies essentielles des semi-conducteurs.
Le document lui-même est assez contradictoire. Alors qu’il plaide pour un engagement plus intelligent avec la Chine, il insiste sur le fait que les entreprises allemandes doivent maintenir des relations économiques bénéfiques avec Pékin et sur la nécessité de « travailler ensemble dans la lutte contre le changement climatique ».
Il y avait un réel potentiel de changement de politique allemande après la divulgation, à la fin de l’année dernière, de la première version de ce document stratégique qui imposait des changements importants par rapport à la manière dont les entreprises allemandes devaient s’engager avec la Chine. Ces changements comprenaient la divulgation de l’étendue de leur collaboration avec des entités chinoises et l’obligation de se soumettre à des « tests de résistance » périodiques pour démontrer leur capacité à résister aux turbulences géopolitiques.
En fin de compte, rien de notable n’a été inclus. Le document de 64 pages énumère une série de risques liés aux activités commerciales avec Pékin – dont aucun n’est nouveau et qui peuvent tous être identifiés par une simple recherche sur Google ou ChatGPT – tout en présentant des réponses possibles, notamment le ralentissement du flux d’investissements vers la Chine, le contrôle des exportations de technologies à usage militaire, etc.
Pourtant, le document ne précise aucun objectif contraignant ou quantifiable que les entreprises et les institutions allemandes devraient respecter. Il est loin, très loin, de proposer même des obstacles mineurs pour les entreprises désireuses de faire des affaires avec Pékin. Aucune restriction à l’exportation n’a été recommandée.
Il n’est pas étonnant que les milieux d’affaires allemands aient accueilli favorablement ce document de la stratégie du gouvernement – un document d’une faiblesse risible dont la rédaction a pourtant pris des années.
La Fédération des industries allemandes (BDI) a reconnu qu’une discussion plus approfondie sur la conception concrète de certaines mesures était nécessaire, mais elle a rapidement souligné qu’il y avait un risque que cela limite un peu trop le dynamisme entrepreneurial, a déclaré Siegfried Russwurm, président de la BDI, à l’agence Reuters. M. Russwurm est également président du conseil d’administration du géant allemand de l’ingénierie ThyssenKrupp AG et siège aussi au conseil d’administration du conglomérat industriel Siemens AG.
Le PCC est sans aucun doute favorable au nouveau document stratégique de l’Allemagne.
Pour démontrer la solidarité de Pékin avec l’Allemagne, le régime chinois a réagi de manière typique pour apaiser les nombreuses critiques allemandes de sa nouvelle stratégie d’engagement vis-à-vis de la Chine.
L’ambassade de Chine en Allemagne a publié le même jour une déclaration affirmant que la Chine n’est à l’origine d’aucune « difficulté ou défi auquel l’Allemagne est actuellement confrontée » et que traiter la Chine comme un « concurrent et un rival systémique » n’est pas fondé sur la réalité et ne profiterait pas à l’Allemagne.
En fin de compte, si l’État-parti fait semblant d’être offensé par le document, cela veut dire qu’il s’agit d’une stratégie qui l’arrange. En même temps, le simple fait de reconnaître les risques de traiter avec le régime chinois pourrait permettre aux géants industriels allemands largement impliqués en Chine de gagner du temps face à leurs critiques.
Comme les parties concernées n’ont pas l’intention de modifier le statu quo, on voit qu’il s’agit d’une situation gagnant-gagnant.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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