Le gouvernement Macron a annoncé à grand renfort de communication la hausse de CSG de 1,7 point, compensée par une baisse des cotisations de sécurité sociale et d’assurance chômage. Cela est censé libérer du pouvoir d’achat pour les salariés du privé. Les chiffres annoncés sont éloquents : 250 euros de plus par an pour un Smicard.
Les salariés du privé sont annoncés gagnants par ce qui est présenté comme un « coup de pouce ». Les retraités quant à eux seraient plutôt perdants car uniquement concernés par la hausse de la CSG.
Prenons un peu de recul par rapport aux discours et grandes théories reprises par la presse fin 2017, le mieux est d’analyser des bulletins de salaire.
Concrètement, comparons deux bulletins de janvier 2017 et 2018 pour un cadre et un non-cadre.
Exemples chiffrés
Prenons l’exemple d’un cadre au forfait, rémunéré 4000 euros bruts mensuels et d’un employé gagnant 12 euros de l’heure (le smic est à 9,88 euros de l’heure au 1er janvier 2018) et comparons leurs bulletins entre 2017 et 2018.
Pourquoi le gain n’est pas si significatif ?
Nous constatons donc un gain net par mois de 16 euros avant impôts pour un cadre, soit 192 euros par an. Pour le salarié non-cadre, 9 euros nets mensuels avant impôts sont gagnés soit 108 euros. Notons que le coût employeur reste pour le cadre de 2100 euros, pour le non-cadre 550 euros en 2018 contre 538 en 2017, soit une légère baisse liée à l’augmentation de la réduction « Fillon » sur les bas salaires.
Le gain net du salarié sera fiscalisé en fonction de la composition de son foyer, ce qui minore encore le gain réel de pouvoir d’achat. Cela paraît décevant par rapport aux annonces faites par le gouvernement.
1re explication : la baisse des cotisations se fera en deux temps. Il faudra donc attendre octobre 2018 pour apprécier les effets pleins de la réforme.
2e explication : Le mécanisme de calcul des cotisations
- Pour la CSG, la base de calcul correspond à la formule suivante :
0,9825 X salaire brut + part patronale de prévoyance + part patronale de complémentaire santé + part patronale de retraite supplémentaire (Tranche A et Tranche B).
- Les cotisations de prévoyance et retraite supplémentaire sont mécaniquement augmentées au 1er janvier car leur base de calcul est la tranche A (plafond mensuel de sécurité sociale qui est passé de 3269 euros en 2017 à 3311 euros en 2018). La base CSG a donc augmenté entre le 1er janvier 2017 et le 1er janvier 2018.
- Pour le chômage, la cotisation se découpe en deux tranches : tranche A et la tranche B (salaire brut compris entre 3311 euros et 13244 euros).
- Pour la maladie, la cotisation est calculée sur le salaire brut.
- Le net imposable est supérieur au net à payer car une partie de la CSG n’est pas déductible. La hausse de 1,7 point ne concerne que la CSG qui n’est pas imposable (non déductible), donc cela n’a pas d’impact sur l’imposition des salariés.
La différence entre le brut et le net à payer correspond aux cotisations versées par le salarié.
Au final, le gain en pouvoir d’achat n’est pas significatif et ne va pas changer la vie des salariés. D’autant moins que parallèlement au 1er janvier l’énergie, les timbres, les transports publics, les frais bancaires ou les assurances ont augmentés, eux, de manière très sensible !
Caroline Diard, Professeur associé en Management des Ressources Humaines et Droit – Laboratoire Métis, École de Management de Normandie – UGEI
La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.
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