Pékin a annoncé de nouvelles réglementations qui pourraient affecter négativement et même détruire divers secteurs de l’économie chinoise, notamment ceux du divertissement, de la technologie, de l’éducation privée et des jeux.
En se présentant en digne héritier de Mao, le chef du Parti communiste chinois (PCC) Xi Jinping s’est attaqué aux célébrités, ainsi qu’à l’influence occidentale dans la culture chinoise. Il veut réformer les marchés financiers afin qu’ils ne soient pas des endroits où les riches peuvent s’enrichir rapidement. Il n’aime pas non plus les jeux vidéo et a ordonné que les enfants soient limités à jouer une heure par jour – vendredi, samedi et dimanche uniquement. Les mineurs de cryptomonnaie Bitcoin sont également devenus des cibles à éliminer, car ils gaspillent les ressources de l’État. De plus, bien que les sociétés technologiques aient été l’épine dorsale de la modernisation et de l’expansion économique de la Chine, Xi Jinping a décidé qu’il les déteste aussi. D’une manière ou d’une autre, il prétend que toutes ces nouvelles interdictions sont liées à la correction de l’énorme écart de richesse en Chine.
Afin de dompter ce qu’il appelle la culture des fans, le dirigeant de l’État-parti chinois a interdit aux plateformes de médias sociaux de publier des listes de popularité ou de vendre des produits dérivés des stars. Les célébrités et influenceurs en ligne attiraient un grand nombre de fans qui dépensaient de l’argent pour les aider à gagner des concours. Plus maintenant. Xi Jinping mène une guerre contre les deux – les célébrités et leurs fans – afin d’éliminer le « culte inapproprié des idoles ».
Les tatouages et les boucles d’oreilles sur les hommes ne seront plus tolérés à la télévision, pas même dans les sports. Certaines émissions de télévision consacrées aux talents ont été interdites. Des « normes de beauté correctes » seront mises en place et les artistes sont invités à ne pas être « trop divertissants ». Le PCC considère que les célébrités et les émissions divertissantes détournent les citoyens de leur amour pour le Parti communiste et de leur obéissance à celui-ci. Des stars sont désormais arrêtées pour diverses raisons, notamment pour fraude fiscale, leurs comptes de médias sociaux sont bloqués ou leurs noms et leurs œuvres ont complètement disparus de l’Internet.
Le sort de Jack Ma, fondateur d’Alibaba, est peut-être le meilleur exemple de la répression à l’encontre des grandes sociétés technologiques. C’est l’un des Chinois les plus célèbres, connu dans le monde entier. Il est également l’incarnation du milliardaire de la technologie. C’est peut-être cette notoriété qui lui a attiré l’ire du régime chinois. L’année dernière, Pékin a bloqué l’introduction en bourse de son groupe Ant. Peu après, Jack Ma a disparu pendant près de trois mois.
L’histoire de Jack Ma a peut-être servi d’avertissement à d’autres entrepreneurs du secteur de la haute technologie : lorsque Xi Jinping a prononcé un discours sur la « prospérité commune » en demandant aux riches, en particulier aux milliardaires de la haute technologie, de rendre leur argent, ils l’ont fait. Lei Jun, président de Xiaomi, a fait don de 2,2 milliards de dollars en actions de sa société à ses fondations caritatives. En outre, cinq des plus riches milliardaires chinois de la technologie se sont engagés à verser un total de plus de 13 milliards de dollars à des fondations caritatives. Aucun d’entre eux ne s’est opposé publiquement à la nouvelle politique.
Le coefficient de Gini est la mesure d’inégalité de la répartition des richesses dans un pays : il varie de 0 (égalité parfaite) à 100 – un chiffre qui ne peut être atteint et signifierait une inégalité parfaite (une seule personne dispose de toutes les richesses). Si ce coefficient atteint 5 ou plus, il sert déjà de source d’inquiétude en indiquant un risque d’instabilité sociale. En 2020, le coefficient de Gini de la Chine a atteint 70,4. Alors que la Chine compte presque autant de milliardaires que les États-Unis, 600 millions de ses citoyens ont un revenu de seulement 209 dollars par mois. Il y a donc bien un écart de richesse. La question est de savoir si Pékin peut ou doit intervenir.
Les sciences économiques enseignent que les marchés libres apportent généralement les meilleurs résultats et que l’intervention de l’État sur les marchés entraîne l’inefficacité. En outre, il y a d’innombrables exemples de l’intervention gouvernementale qui a eu l’effet exactement inverse de celui escompté. En annonçant qu’il visait à aider les familles avec des difficultés financières, Xi Jinping a mis fin aux cours à but lucratif et aux centres d’enseignement complémentaire. Avec seulement cette mesure, il a mis au chômage 10 millions de personnes. Cela n’aidera probablement pas les familles en difficulté, en particulier depuis que la majeure partie du pays a subi des mois et des mois de confinement à cause du Covid-19.
Ce coup dur survient alors que le pays, dans son ensemble, fait face à un chômage urbain de 5,5 %. Et ce chiffre n’inclut pas les dizaines de millions de travailleurs migrants au chômage qui ont été licenciés des usines. Il ne prend pas en compte non plus le taux de chômage de 10 % chez les jeunes et les nouveaux diplômés, dont certains auraient probablement été très contents de travailler dans un centre d’éducation complémentaire.
Les enfants chinois ne pourront plus avoir accès à des cours de langues étrangères supplémentaires, alors que les entreprises qui les enseignaient font faillite. L’un des plus grands fournisseurs de cours complémentaires, la société Juren Education, a déclaré faillite. Cependant, craignant d’être accusée de critiquer la politique du gouvernement, elle a annoncé aux parents qu’elle fermait boutique en raison de « difficultés opérationnelles ».
Le secteur du tutorat postscolaire en Chine était évalué à 564 milliards de yuans (87,65 milliards de dollars). Cet argent vient de s’évaporer de l’économie. L’une des raisons invoquées pour justifier la décision de tuer cette poule aux œufs d’or est le fait que, dans l’éducation chinoise, l’État-parti doit contrôler le discours et l’idéologie. Cependant, dans les centres de cours privés, il avait très peu de moyens pour le faire.
L’industrie du jeu était évaluée à plus de 377 milliards de yuans. Bien que, visiblement, les nouvelles restrictions sur les jeux ne fassent pas disparaître ce secteur – comme c’est le cas de l’éducation complémentaire – il faut quand même s’attendre à ce qu’elles réduisent considérablement les revenus globaux. Les jeux ont été supprimés parce que le PCC estimait que les enfants s’adonnaient à un « opium spirituel » qui les détournait des « valeurs correctes » établies par Pékin.
Xi Jinping a annoncé avoir un nouveau plan économique – la « Xiconomie », ainsi que la stratégie de « double circulation » (le renforcement mutuel des marchés intérieur et extérieur) et la « prospérité commune » (un plan de redistribution des richesses) – pour atténuer les inégalités de richesse et aider le pays à se remettre des effets du Covid-19. Les mesures qu’il prend semblent ralentir l’économie et non la faire progresser. De plus, ces politiques éliminent des emplois dont le pays a tant besoin. Plus encore, le secteur de la technologie a créé des emplois bien rémunérés, en déplaçant les travailleurs chinois des usines fabriquant des jouets vers des bureaux et des laboratoires de pointe. En restreignant les entreprises technologiques, la Chine pourrait redescendre dans la chaîne de valeur manufacturière.
Les sociétés technologiques sont déjà obligées d’avoir des personnes nommées par le Parti au sein de leur conseil d’administration et, avec les récentes mesures, leurs PDG deviennent encore plus nerveux et hésitants lors de prise de décisions. Les investisseurs potentiels considèrent également que ces mesures draconiennes augmentent considérablement le risque, ce qui rend les investissements technologiques en Chine moins attrayants. Cela devrait avoir un impact négatif sur l’innovation chinoise et l’accès aux capitaux, ainsi que sur la croissance économique du pays à long terme.
Mais peu importe, puisque ces politiques permettent à l’État-parti d’exercer un contrôle plus ferme sur ses citoyens, sur leur culture et leur vie quotidienne, et ce, en leur dictant comment se détendre, comment investir, et même sur quelles stars ils ont l’autorisation de fantasmer. Parallèlement à toutes ces restrictions, le PCC a annoncé que l’enseignement de la « Pensée de Xi Jinping » serait désormais obligatoire dans les écoles primaires et secondaires du pays. Il semble que la seule star autorisée en Chine soit Xi Jinping lui-même.
Antonio Graceffo, docteur en philosophie, a passé plus de 20 ans en Asie. Il est diplômé de l’Université des sports de Shanghai et titulaire d’un MBA chinois de l’Université Jiaotong de Shanghai et il travaille comme professeur d’économie et de l’analyste économique de la Chine, écrivant pour divers médias internationaux. Parmi ses ouvrages sur la Chine, on peut citer Beyond the Belt and Road: China’s Global Economic Expansion et A Short Course on the Chinese Economy.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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