Nucléaire iranien, rapprochement avec la France, mondialisation, etc. : les derniers déplacements du PCC sur l’échiquier mondial

Par Germain de Lupiac
4 avril 2025 07:16 Mis à jour: 4 avril 2025 13:18

Dans la compétition internationale, la Chine est le premier adversaire des démocraties occidentales et ne cache pas ses ambitions de devenir la première puissance mondiale à l’horizon 2049, année du centenaire de la création du Parti communiste chinois (PCC).

Voici une vue d’ensemble sur les derniers pions avancés au niveau mondial par le PCC pour le mois de mars 2025. Retrouvez les articles de la série ici.

● Pékin découvre un champ pétrolifère en mer de Chine méridionale

La compagnie pétrolière chinoise CNOOC a découvert un important champ pétrolifère dans l’est de la mer de Chine méridionale, doté de réserves prouvées de plus de 100 millions de tonnes, a-t-elle annoncé le 31 mars.

Le sous-sol de la mer de Chine méridionale est en grande partie sous-exploré en raison de différends territoriaux mais la plupart des gisements de pétrole et de gaz connus se situent dans des zones non contestées, selon l’Agence d’information sur l’énergie (EIA) des États-Unis.

Pékin revendique la souveraineté de la quasi-totalité de cette mer, sur laquelle les Philippines, la Malaisie, le Vietnam, l’Indonésie et Brunei ont également des prétentions.

● Le PCC resserre les liens avec le Bangladesh

Le leader chinois Xi Jinping a reçu le 28 mars à Pékin le prix Nobel de la paix Mohammad Yunus, chef du gouvernement provisoire du Bangladesh en froid avec son grand voisin indien depuis la chute du gouvernement Hasina, et plaidé pour une coopération approfondie entre les deux pays.

À Pékin, Xi Jinping a estimé que la Chine et le Bangladesh devraient envisager de coopérer dans la construction d’infrastructures, la préservation des ressources en eau et les secteurs marin, numérique et environnemental. Les deux pays ont en commun d’avoir une puissante industrie textile.

● Les portes de la Chine « s’ouvriront de plus en plus grand », dit Xi Jinping aux investisseurs étrangers

Le leader chinois Xi Jinping a annoncé le 28 mars que les portes de son pays s’ouvriraient « de plus en plus grand », lors d’une rencontre à Pékin avec des chefs d’entreprise. Xi Jinping a également estimé que le libre-échange et le multilatéralisme étaient confrontés à de « graves défis », soulignant que « l’unilatéralisme et le protectionnisme s’intensifi[ai]ent »

Le géant asiatique tente d’attirer les entreprises étrangères, alors qu’il est le plus ciblé par les nouveaux tarifs douaniers du président américain Donald Trump, destinés à redéfinir les règles de la mondialisation.

La Chine est le pays ayant le plus important excédent commercial avec les États-Unis pour les biens (295,4 milliards de dollars en 2024) selon le ministère américain du Commerce.

● La Chine et son rapprochement avec la Russie, principales menaces pour le renseignement américain

La Chine demeure la principale menace étatique pour les États-Unis mais le rapprochement entre Pékin, Moscou, Téhéran et Pyongyang constitue aussi un facteur croissant d’inquiétude, souligne la communauté du renseignement américain dans son dernier rapport annuel.

« La Chine représente la menace militaire la plus importante pour la sécurité nationale des États-Unis, » selon le rapport, qui compile les évaluations des différentes agences de renseignement américaines, et elle continue de moderniser et d’accroître ses capacités nucléaires.

Dans le domaine cyber, Pékin demeure la menace « la plus active et la plus persistante pour le gouvernement américain, le secteur privé et les réseaux d’infrastructures critiques », poursuit le rapport. Elle « a éclipsé la Russie en tant que leader spatial et est prête à concurrencer le leadership mondial des États-Unis ».

Mais la Chine est plus « prudente » que les autres pays autoritaires, ne voulant pas apparaître « trop agressive » et être la cible des attentions.

● Le PCC veut se rapprocher de la France dans un monde « instable »

Le PCC a espéré le 24 mars que la visite du ministre français des Affaires étrangères permettra à Pékin et Paris d’améliorer leurs relations dans un monde écrit par le régime chinois « de plus en plus complexe et instable ».

La Chine espère pouvoir « résister » avec la France « à l’unilatéralisme et à la résurgence de la loi de la jungle » – une allusion à la remise en question de la mondialisation par le nouveau président américain.

Cette visite a permis, selon Pékin, de « consolider la confiance politique mutuelle ».

● La Chine compte rester sur la voie de la mondialisation

Le Premier ministre chinois Li Qiang a déclaré le 23 mars que son pays resterait engagé dans « la bonne direction de la mondialisation » face à la « fragmentation » croissante de l’économie mondiale.

La Chine, dont la croissance est en berne, a depuis des années basé son modèle de développement économique sur l’exportation et la mondialisation, devenant l’usine du monde avec des coûts de production très bas.

La Chine « adhérera à la bonne direction de la mondialisation économique, pratiquera un véritable multilatéralisme et s’efforcera d’être une force de stabilité et de certitude », a assuré Li Qiang.

Pékin cherche depuis des mois à restaurer la confiance des consommateurs et des milieux économiques, fragilisée par une crise persistante du secteur immobilier et dans un contexte de tensions commerciales avec les nouvelles taxes douanières américaines sur leurs produits.

● Le Chili veut réévaluer un accord avec la Chine pour la construction d’un observatoire astronomique

Le Chili a remis à l’examen un accord de construction d’un parc astronomique chinois prévu près des plus grands télescopes du monde, dans le nord du pays, a annoncé le 19 mars le ministère chilien des Affaires étrangères.

Un accord avait été signé entre l’Université catholique du Nord (UCN, privée) et le gouvernement chinois en 2016, lors d’une visite au Chili du leader Xi Jinping. Il prévoyait un financement initial de 20 millions de dollars.

Mais le magazine américain Newsweek avait affirmé en décembre que l’observatoire pourrait également être utilisé pour des opérations militaires chinoises, dans un contexte de rivalité géopolitique croissante entre les États-Unis et la Chine en Amérique latine.

Sans se référer spécifiquement au projet, le service de presse de l’ambassade américaine à Santiago a affirmé que les États-Unis « ont depuis longtemps exprimé clairement leur inquiétude » face à la stratégie de fusion des programmes militaires et spatiaux avec le monde académique et scientifique chinois.

● Nucléaire iranien : des discussions Chine-Iran-Russie à Pékin

L’Iran, la Chine et la Russie ont entamé le 14 mars à Pékin des discussions à haut niveau sur le nucléaire iranien, sur fond d’intense activité diplomatique des grandes puissances afin d’espérer raviver l’accord international de 2015.

Ces échanges interviennent au moment où le président américain Donald Trump s’est dit ouvert au dialogue avec Téhéran depuis son retour au pouvoir en janvier.

Les pays occidentaux soupçonnent depuis des décennies Téhéran de chercher à se doter de l’arme nucléaire. L’Iran conteste vigoureusement et affirme que son programme n’existe qu’à des fins civiles, notamment pour l’énergie.

De son côté, le porte-parole de la diplomatie iranienne, Esmaïl Baghaï, a affirmé cette semaine que les échanges porteraient « sur les récents développements liés à la question nucléaire et à la levée des sanctions » imposées à l’Iran.

● La justice française appelée à trancher entre le PCC et une opposante ouïghoure

La justice française a dû statuer le 12 mars sur une amende de 150 euros réclamée à une opposante ouïghoure, pour dégradations à l’encontre de l’ambassade de Chine – de la peinture rouge sur un kakémono, elle-même étant accusée de harcèlement contre l’intéressée.

Le tribunal d’Évry a renvoyé l’affaire au 13 octobre, au grand dam de l’opposante. « J’espérais être libérée de cette pression psychologique, que je vais subir encore huit mois », a déclaré, au bord des larmes, Dilnur Reyhan, présidente de l’Institut ouïghour d’Europe (IODE), à l’AFP.

Les Ouïghours représentent le principal groupe ethnique du Xinjiang (nord-ouest de la Chine). Depuis 2017, plus d’un million de Ouïghours ou de membres d’autres groupes ethniques, principalement musulmans comme eux, ont été internés dans des « camps » de « rééducation » où les violations des droits de l’homme sont nombreuses, selon des études et des ONG occidentales. La Chine présente une partie de ces infrastructures comme des « centres de formation professionnelle ».

● Le PCC appelle à « lutter sans relâche » au niveau international

Le PCC a clôturé le 11 mars à Pékin sa principale réunion politique annuelle en exhortant à une lutte « sans relâche » sur fond de difficultés économiques et de rivalité politico-commerciale avec les États-Unis.

Un haut responsable parlementaire, Li Hongzhong, a appelé à « lutter sans relâche pour la grande cause du renouveau du peuple chinois », une allusion au développement économique de la Chine et à son retour au sein des grandes puissances mondiales.

Le Premier ministre Li Qiang a dévoilé un objectif « d’environ 5 % » de croissance pour 2025, comme l’an dernier, un relèvement inédit du déficit budgétaire de la Chine, un soutien aux entrepreneurs privés, et avait dit espérer créer 12 millions d’emplois urbains cette année.

La deuxième économie mondiale est en effet lestée, depuis la pandémie de Covid-19, par une crise du secteur immobilier, une consommation atone ou encore un taux de chômage élevé chez les jeunes.

● Londres dénonce les « activités dangereuses et déstabilisatrices » de Pékin en mer de Chine méridionale

Le ministre des Affaires étrangères britannique David Lammy a dénoncé le 10 mars les « activités dangereuses et déstabilisatrices » de Pékin en mer de Chine méridionale, zone au cœur de tensions régionales, après une visite aux Philippines.

« Un tiers du commerce maritime mondial passe par la mer de Chine méridionale. La croissance au Royaume-Uni et dans le monde entier dépend de la sécurité de ces routes commerciales. C’est pourquoi nous sommes préoccupés par les activités dangereuses et déstabilisatrices de la Chine dans cette région », a-t-il déclaré dans un message sur X.

Pékin revendique, en invoquant des raisons historiques, sa souveraineté sur la quasi-totalité des récifs et îlots inhabités de la mer de Chine méridionale, ignorant une décision de justice internationale selon laquelle ses demandes ne reposent sur aucune base juridique.

● L’Iran, la Russie et la Chine ont mené des exercices navals conjoints

Les forces maritimes de l’Iran, de la Russie et de la Chine ont mené le 10 mars des exercices militaires navals au large des côtes iraniennes dans le sud-est du pays, ont rapporté Moscou et l’agence officielle iranienne.

Les trois pays, qui partagent une volonté commune de contrer les États-Unis, avaient déjà organisé ces dernières années des exercices similaires dans la région.

« Des navires de combat, de soutien des forces navales chinoises et russes, ainsi que des navires de l’armée iranienne et des Gardiens de la Révolution », l’armée idéologique de l’Iran, ont participé aux exercices.

L’Azerbaïdjan, l’Afrique du Sud, Oman, le Kazakhstan, le Pakistan, le Qatar, l’Irak, les Émirats arabes unis et le Sri Lanka ont assisté à ces exercices en tant qu’observateurs.

● La Chine muscle son budget de la Défense

La Chine a annoncé le 5 mars une hausse de 7,2 % de son budget militaire pour 2025, sur fond de rivalité géopolitique avec les États-Unis et de tensions avec Taïwan.

Pékin prévoit de dépenser 245,7 milliards de dollars pour sa défense – environ trois fois moins que Washington.  La Chine affirme avoir une politique militaire « défensive » et vouloir uniquement préserver sa souveraineté – ce qui implique toutefois la conquête potentielle de zones considérées comme son territoire national.

Pour justifier la hausse de ses dépenses militaires, la Chine souligne le besoin d’améliorer les conditions de vie des soldats, de mener des exercices ou d’avoir de meilleurs équipements.

Régulièrement suspecté par des analystes étrangers d’être en réalité plus élevé qu’annoncé, le budget militaire chinois augmente depuis plusieurs décennies, au fil du développement économique.

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