Dans les années 80, arriver à simplement afficher « COUCOU » sur un écran dans une salle d’informatique d’école provoquait la joie des élèves et des professeurs. À l’époque, le plan de Laurent Fabius, « Informatique pour tous » préparait les enfants à plonger dans le monde virtuel.
Trente ans plus tard, le numérique suscite toujours autant d’espoir. En témoigne la succession de plans ministériels en matière d’équipements et d’objectifs. Mais sur le terrain, les observateurs témoignent d’une réalité plus subtile. En plus d’un manque constaté de ressources pédagogiques, les résultats peinent à convaincre.
Utilisation du numérique : des résultats décevants
Une étude internationale d’un genre nouveau a été menée par le programme Pisa de l’OCDE. L’enquête s’est penchée sur l’utilisation des tablettes à l’école dans près de 31 pays. Les élèves ont été jugés sur leur capacité à se servir d’un clavier et d’une souris pour naviguer sur des pages, en utilisant les liens hypertextes, le défilement, les fonctions de recherche ; tout cela dans le but d’accéder à l’information et d’être capable de créer un graphique à partir de données ou d’utiliser des calculatrices.
Les statistiques avancent que les élèves de Singapour, de Corée du Sud, de Hong Kong et du Japon ont une meilleure compréhension de l’écrit électronique. Mais certaines observations laissent entrevoir de subtiles différences entre pays. Par exemple, les élèves espagnols ont des résultats en dessous de la moyenne des pays développés, bien que ces derniers « consacrent plus de 30 mn par jour au numérique pour les apprentissages ».
Dans l’utilisation du numérique, ce n’est pas la quantité qui compte mais plutôt la qualité – Francesco Avvisati analyste à l’OCDE
Dans le pire des cas, la technologie semble même desservir l’individu. Certains élèves, « connectés » plus de cinq heure par jour ont pour leur part de mauvais résultats scolaires, en plus de présenter des signes de mal-être et de solitude.
Globalement, d’après l’OCDE, les leçons à tirer sont plutôt négatives : l’organisme conseille aux pays concernés d’adopter une « approche différente » dans leur utilisation du numérique. « Dans l’utilisation du numérique, ce qui compte ce n’est pas la quantité mais plutôt la qualité », avance Francesco Avvisati, un analyste de l’institut.
Plus de numérique dans les écoles ?
En mai, François Hollande a déclaré que d’ici à 2018, un milliard d’euros serait dépensé pour permettre à chaque collégien d’être équipé d’un outil numérique. Une mesure accompagnée d’un plan de formation de trois jours est également au programme pour les enseignants. On peut ainsi s’attendre à voir toute les régions françaises se mettre au diapason du numérique, par l’entremise entre autre des Conseils généraux, qui prodigueront les équipements comme ils fournissent déjà les calculatrices et les dictionnaires. Certains départements sont déjà pris en exemple : dans les Landes, le plan « un collégien, un ordinateur portable » a été mis en place, pour la somme de 52 millions d’euros. Jusqu’ici, l’équation est simple pour l’Hexagone : plus d’équipements, plus de pédagogie, plus d’engagement.
Mais là où les choses se compliquent, c’est que des études parallèles à celle de l’OCDE s’accordent à dire que le numérique à l’école serait loin de remplir ses promesses. Les économistes américains Robert W. Fairlie et Jonathan Robinson ont mené une enquête sur deux ans. Après avoir équipé 1 123 enfants californiens d’ordinateurs personnels, les économistes ont comparé leur résultats scolaires avec ceux des enfants non équipés. Conclusion : bien que le groupe équipé d’ordinateurs ait passé plus de temps sur leurs devoirs, les notes étaient sensiblement les mêmes. Une étude d’inspecteurs du travail des Landes sur les résultats des élèves, publiée dans Le Monde, présente une conclusion similaire.
Kentaro Toyama, professeur à l’University of Michigan School of Information, a participé à plusieurs missions pour Microsoft en Inde. Enthousiaste au départ pour le numérique, l’expérience sur le terrain a changé son appreciation de la technologie dans l’apprentissance : « La technologie n’apporte aucune plus-value en soi et n’est jamais venue à bout des difficultés socio-économiques que rencontrent certains élèves. Avant tout, ces derniers ont besoin de la présence des adultes et de recevoir une éducation de qualité ».
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