Interpellé après avoir tenté de se soustraire à un contrôle d’identité pendant le confinement, un Compiégnois accuse les policiers de l’avoir menotté à une cheville « comme les esclaves » et d’avoir tenu des propos racistes à son égard.
Les faits ont eu lieu le jeudi 16 avril à Compiègne. Vers 8 h, Jean-Uriel Agbalika, un Compiégnois de 41 ans exerçant le métier de régisseur, quitte son domicile pour se rendre chez la mère de son fils de deux ans, rue de Paris, à quelques centaines de mètres de chez lui.
« Alors que j’arrivais sur le seuil de l’entrée, des policiers se sont dirigés vers moi pour contrôler mon attestation de déplacement », a expliqué le quadragénaire dans les colonnes du Parisien.
Dépourvu de l’attestation de déplacement obligatoire pendant le confinement, il tente de pénétrer dans le logement de la mère de son fils mais s’en trouve empêché par les forces de l’ordre.
« Il n’a pas voulu nous montrer ses papiers d’identité et a voulu se soustraire à un contrôle. Un policier l’a retenu », souligne un policier du commissariat de Compiègne.
Mais Jean-Uriel Agbalika en est persuadé : les policiers l’auraient contrôlé à cause de sa couleur de peau.
« Pour moi, c’est parce que j’étais noir. J’ai senti qu’ils voulaient me contrôler moi particulièrement, alors qu’il y avait d’autres personnes dans la rue, ce que je leur ai d’ailleurs dit », affirme le quadragénaire.
La police nie catégoriquement les accusations de violences et de racisme
Le Compiégnois se débat et repousse le fonctionnaire qui le retenait. Ce dernier parviendra finalement à le maîtriser avec l’aide de ses collègues. Un agent est toutefois blessé au cou et au visage pendant les faits.
S’il admet s’être débattu, M. Agbalika assure qu’il n’a porté aucun coup volontairement, ce que confirment les forces de l’ordre.
« Ils m’ont mis une menotte à une cheville, comme les esclaves, je n’avais jamais vu ça », poursuit le père de famille.
Témoin de la scène, la mère du fils de Jean-Uriel Agbalika explique qu’il « a toujours mal à la cheville ».
D’après le couple, un fonctionnaire de police leur aurait déclaré que cette menotte était destinée à empêcher le mis en cause de prendre la fuite en entravant le talon d’Achille. Des déclarations formellement démenties par la police de Compiègne.
« Ce type d’acte n’a jamais fait partie de nos pratiques. Un fonctionnaire lui a peut-être tenu les pieds, pour éviter les coups pendant qu’on l’entravait », observe un officier de police.
Une fois au commissariat, le suspect aurait déclaré aux policiers : « Le temps de l’esclavage est révolu ! »
Dans la plainte qu’il a déposée ce mardi pour « faits de violences volontaires aggravées commises par personne dépositaire de l’autorité publique et en raison d’une appartenance à une prétendue race », M. Agbalika affirme qu’un agent lui aurait rétorqué : « Des nègres comme toi, j’en rencontre tous les jours. Tu n’es ni le premier ni le dernier. »
L’Inspection générale de la police nationale saisie
Des allégations réfutées par les forces de l’ordre : « Ce monsieur n’a pas bien compris le confinement. On ne passe pas la journée à un endroit et la nuit chez soi. »
Et le commissariat de rappeler que six jours d’incapacité totale de travail (ITT) ont été délivrés à un policier à l’issue des constatations médico-légales, tandis que le mis en cause ne s’est vu délivrer aucune ITT.
Dans l’attente d’être jugé pour rébellion, Jean-Uriel Agbalika a néanmoins fourni un arrêt de travail de sept jours prescrit par son médecin traitant.
« S’ils m’avaient mis une amende car je n’avais pas d’attestation, je l’aurais accepté », soutient le quadragénaire.
Contactée par les journalistes du Parisien, Virginie Girard, procureur de la République de Compiègne, confirme qu’une enquête préliminaire va bien être ouverte à la suite du dépôt de plainte de M. Agbalika. Elle précise que l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) sera saisie.
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