Des témoignages confirment les conclusions d’un rapport de la défenseure des droits au sujet des graves entraves à la vie privée que vivent les résidents des Ehpad depuis plus d’un an.
« On est tous plus ou moins déboussolés, le fait d’être enfermés… », s’inquiète Philomène, 101 ans, résidente de l’Ehpad de Plestin-les-Grèves dans les Côtes-d’Armor. En effet, elle croit que cela fait deux ans que la situation dure, rapporte France 3, qui a recueilli son témoignage. « C’est mieux de perdre la tête quand on est ici », reconnaît-elle tristement.
« On nous enferme comme de bagnards ! » s’indigne la dame qui, malgré le fait qu’elle soit vaccinée depuis plusieurs semaines, n’a toujours droit à aucune visite de la famille, tout comme les autres résidents.
L’établissement a prévenu les familles par mail le 13 avril que « les visites en chambre et les sorties des résidents y compris ceux qui ont bénéficié d’un schéma vaccinal complet » étaient suspendus, à la suite d’une demande de l’ARS (Agence régionale de santé). De son côté, l’ARS précise que « cette restriction a été levée le 1er avril ».
Malgré cela, l’infirmière coordonnatrice de l’Ehpad ne peut pas expliquer la raison pour laquelle les personnes âgées, même celles qui sont vaccinées, n’ont toujours pas le droit de sortir à leur gré.
« Tour à tour nos petits vieux lâchent », témoigne un membre du personnel de l’établissement. « Ils ne sortent pas et ne voient quasiment personne. Depuis février, on a beaucoup de décès, et pas liés au Covid puisqu’on n’a eu aucun cas dans l’établissement. »
« Quel goût peut-elle avoir la vie quand on reste dans sa chambre toute la journée ? » questionne la fille d’un résident en fin de vie d’un autre Ehpad breton en décembre dernier. « Mieux vaut qu’il meure entouré », a-t-elle ajouté.
En février dernier, le Conseil d’État a jugé « disproportionnée » la recommandation du ministère des Solidarités et de la Santé d’interdire totalement les sorties aux résidents d’établissements pour personnes âgées, une mesure prise face à l’épidémie du Covid-19 causée par le virus du PCC (Parti communiste chinois). Ce « confinement imposé » peut « altérer l’état physique et psychologique de nombreux résidents, ainsi que plusieurs études l’ont démontré », souligne l’arrêt.
900 réclamations dénonçant les conditions et modalités d’accompagnement médico-social ont été adressées au Défenseur des droits ces six dernières années. 80% de ces dossiers mettaient en cause un EHPAD (public, privé associatif et privé commercial).
— Défenseur des droits (@Defenseurdroits) May 4, 2021
Plus récemment, un rapport de la Défenseure des droits vient de dénoncer « des atteintes aux droits fondamentaux, au respect de la dignité et l’intégrité des personnes accueillies » dans les Ehpad.
« Nombre de témoignages et réclamations font état de personnes ayant perdu le goût de la vie, souffrant de dépression, exprimant le sentiment d’être emprisonnées ou encore leur envie de ne plus vivre », a constaté la Défenseure des droits dans le document, qui remarque que « nombre de personnes résidant en EHPAD n’ont jamais pu sortir de leur établissement depuis le mois de mars 2020. »
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