Jugeant leur exploitation agricole en péril à cause des effets d’une antenne 3G et 4G installée à 250 m de leur ferme des agriculteurs de Mazeyrat-d’Allier (Haute-Loire) ont saisi la justice ce jeudi 17 février. Leur troupeau dépérit depuis le jour de sa mise en fonction. Le tribunal judiciaire a ordonné une expertise technique pour vérifier si la surmortalité du troupeau de vaches est liée au fonctionnement de l’antenne.
« Les vaches sont amorphes, on dirait des robots. Elles ne mangent plus, ne boivent plus comme elles devraient. La production est en baisse de 50 %. Maintenant c’est au tour des veaux« , explique à France 3 Géraldine Jammes, associée de la ferme de la famille Salgues, située à Mazeyrat-d’Allier.
En l’espace de quelques mois seulement, les trois associés de cette ferme ont vu les effets dévastateurs sur leur troupeau de l’antenne installée en juillet 2021. « Aujourd’hui on en est à 34 bêtes mortes », ajoute Frédéric Salgues, l’un des éleveurs. « Même les pigeons et les chats quittent le bâtiment. »
Moins de deux mois après l’installation de l’antenne à 250 m de leur ferme, la situation était déjà tellement catastrophique que l’agriculteur avait lancé un cri de détresse, relayé par La Montagne. « On n’était pas contre son installation. Mais nos bêtes sont en train de dépérir. Elles ont changé d’état corporel et ne s’alimentent plus comme il faut. Par conséquent, les vaches produisent beaucoup moins de lait qu’auparavant. La production a chuté de 50 % », avait lancé Frédéric Salgues, expliquant que les symptômes étaient apparus le 16 juillet, jour de la mise en service de l’antenne-relais.
Une expertise technique ordonnée par la justice
En ce début d’année 2022, l’affaire a d’abord été reportée à deux reprises par le tribunal de Grande instance du Puy-en-Velay, laissant les agriculteurs désemparés et en colère.
Lors de l’audience qui s’est finalement tenue le 17 février, l’avocat des éleveurs a réclamé la mise en place d’une expertise technique pour évaluer l’impact de l’antenne sur la santé des animaux. Après 24 heures de réflexion, le tribunal a ordonné vendredi 18 février la tenue de cette expertise qui a été confiée au professeur Jean-Dominique Puyt, de Nantes, rapporte L’Éveil de la Haute-Loire.
L’expert devra, entre autres, faire des recherches pour trouver la cause de la diminution de la baisse de production de lait et celle de la surmortalité des animaux, et s’il existe un lien direct entre les symptômes et la mise en service de l’antenne de téléphonie mobile.
« Si ça agit sur les bêtes, ça doit agir sur les hommes aussi »
Soutenant les agriculteurs, le maire de Mazeyrat-d’Allier, Philippe Molherat, s’est déplacé au tribunal lors de l’audience. « On ne peut pas laisser des bêtes mourir : elles sont 34 aujourd’hui à être mortes. Les gens se posent des questions parce que si ça agit sur les bêtes, ça doit agir sur les hommes aussi », remarque l’élu.
« Les agriculteurs sont venus me voir depuis fin juillet, en me disant que leurs bêtes changeaient de comportement, que leur poil changeait, que leurs yeux devenaient globuleux, qu’elles produisaient de moins en moins de lait », se souvient-il.
L’édile espère qu’un protocole puisse être mis en place pour qu’il y ait une « expertise sérieuse ». Il propose de mettre des caméras pour voir comment les animaux réagissent lorsque l’antenne-relais est arrêtée. « Il faudrait couper l’antenne pendant quinze jours ou trois semaines, puis la remettre en service pour voir comment les bêtes évoluent », suggère le maire.
Soutien des agriculteurs
Un grand nombre d’agriculteurs étaient également présents dans la salle d’audience afin de soutenir ces éleveurs dont « l’exploitation agricole est en péril », selon les paroles de Nicolas Merle, vice-président de la FDSEA. Le cas de la ferme de la famille Salgues ne serait pas unique. « On a des exemples dans d’autres départements, où il y a des faits similaires, sur des animaux très sensibles aux ondes et aux résidus électriques », a-t-il remarqué.
« Nous avons gagné la première manche », se réjouit sur les réseaux sociaux Géraldine Jammes, associée de la ferme de Mazeyrat-d’Allier. « On continue le combat. »
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