« On ne peut pas faire un gouvernement d’union nationale avec un seul camp », a mis en garde mercredi François Bayrou, alors qu’une partie des soutiens d’Emmanuel Macron prône un accord à droite avec Les Républicains, et qu’à gauche le Nouveau Front populaire continue de revendiquer Matignon.
« Si vous passez par les partis, ce sont les intérêts partisans qui vont s’imposer » et cette démarche « serait vouée à l’échec », a développé M. Bayrou auprès de l’AFP, plaidant pour qu’Emmanuel Macron nomme un Premier ministre « dont il estime qu’il peut rassembler » des deux côtés de l’hémicycle.
Tant à gauche que pour les partisans d’un rapprochement avec la droite au sein du camp macroniste, « cette méthode, c’est la IVe République », juge le patron du MoDem, allié avec Emmanuel Macron depuis 2017.
Nommer un Premier ministre capable de rassembler
« Chacun va vouloir mettre ses lignes rouges », juge-t-il, citant le retour sur la réforme des retraites et celle de l’assurance chômage et la hausse du Smic à 10% pour la gauche, la reprise du projet sur l’immigration et une « politique de rigueur budgétaire » pour la droite.
Le « plan » de François Bayrou « ne consiste pas à faire un accord préalable » à la nomination d’un chef de gouvernement, mais à ce que « le président de la République nomme un Premier ministre dont il estime qu’il peut rassembler ».
« Et ce Premier ministre choisit des personnalités qui ont l’expérience, la compétence et, ce qui est très important, la compatibilité entre eux », estime le haut-commissaire au plan qui, comme ses troupes au MoDem, entendent œuvrer à un rassemblement des deux côtés de l’hémicycle.
« Il faut adopter une démarche Ve République », « celle ou la capacité de rassemblement passe par un chef de gouvernement, qui choisit des ministres », a-t-il insisté.
Alors que Gabriel Attal a été maintenu pour l’instant dans ses fonctions, au lendemain de législatives qui ont vu le Nouveau Front populaire devancer la coalition présidentielle et le Rassemblement national, cette situation « ne peut pas durer des semaines », estime le président du MoDem.
Pression de la part du Nouveau Front populaire
Alors que le Nouveau Front populaire a mis en garde « solennellement » mardi le chef de l’État contre tout « détournement des institutions » s’il ne faisait pas appel à lui pour diriger le gouvernement, la piste d’un rapprochement avec LR prend corps au sein du camp présidentiel.
Plusieurs responsables LR l’ont évoquée en revendiquant Matignon pour leur formation politique, comme Xavier Bertrand ou Olivier Marleix. Élu président du groupe LR, Laurent Wauquiez doit s’exprimer mercredi dans l’après-midi.
L’ancien Premier ministre Édouard Philippe a également plaidé pour un « accord technique » avec Les Républicains. Mais « un accord technique, ça veut dire un gouvernement technique. C’est le contraire de l’évidence. Tout est politique dans un gouvernement », a jugé M. Bayrou.
« On est en train de tout gâcher d’une élection qui a pourtant été un révélateur considérable de deux choses : les Français ont dit à la fois leur mécontentement et leur refus des extrêmes. Et on veut en sortir en disant: le choix des électeurs, c’est d’installer un parti et d’écarter les autres », a estimé le leader centriste. « Tout ceci est voué à l’échec », a-t-il dit.
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