De nombreux habitants de Villepail (Mayenne), une petite bourgade d’à peine 200 âmes située dans les Alpes Mancelles, se plaignent des cloches des vaches de Pierre Damonneville. Une pétition a même été lancée, récoltant une soixantaine de signatures. L’agriculteur, lui, a décidé de se défendre en prenant un avocat spécialisé du barreau de Paris.
Bon nombre d’habitants de Villepail s’agacent du bruit provoqué par les cloches des vaches, assurant même que celles-ci les empêchent de dormir. Au total, une trentaine de vaches laitières appartenant au GAEC du Val de Pail sont dans le viseur. Début avril, les services de protection de l’environnement se sont rendus sur place pour constater eux-mêmes les nuisances dont se plaignent les habitants, rapporte France Bleu.
« Des gens ont pris leur voiture pour aller dormir ailleurs »
« Quand elles sont dans la pâture, auprès des habitations, c’est toute la journée, 24h sur 24, sauf quand elles vont bien sûr à la traite. Là, on a un moment de répit. On ne s’entend même pas parler », a expliqué à France Bleu Élise Durand, la deuxième adjointe au maire de Villepail. « Des gens ont pris leur voiture pour aller dormir ailleurs, dormir dans leur voiture, plus loin, dans la forêt. Certains se sont garés sur une aire de parking pour pouvoir dormir », a-t-elle encore martelé.
L’éleveur Pierre Dammoneville a commencé à mettre des cloches autour du cou de ses vaches en 2019, et le nombre a augmenté au fil des ans, devenant pour les habitants une nuisance de plus en plus problématique. Sur la centaine de vaches laitières de l’agriculteur, environ trente ont une cloche, le but étant de mieux les repérer car elles sont dispatchées sur 80 hectares de terrain vallonné, dans les Alpes Mancelles.
Une « inspection inopinée » sur l’exploitation
L’agriculteur, originaire de Sourdon (Picardie), souligne à France Bleu qu’il y a cinq ans, des voisins se plaignaient déjà du bruit des cloches de ses vaches. Parmi les plaignants, il y avait notamment un dentiste retraité et son compagnon, un ancien agent de la fonction publique, indique Pierre Damonneville. Après avoir été convoqué par le maire de la commune, l’éleveur avait accepté de ne plus faire pâturer ses vaches durant la nuit.
Mais cela ne convenait toujours pas au compagnon du dentiste, qui avait menacé de faire intervenir ses collègues de travail pour une « inspection inopinée » sur l’exploitation de l’agriculteur, si celui-ci ne retirait pas les cloches, a encore expliqué Pierre Damonneville. L’ancien agent de la fonction publique avait ensuite mis à exécution sa menace.
« J’appelle au bon sens paysan »
Le 9 avril dernier, les services de protection de l’environnement se sont de nouveau rendus sur l’exploitation de l’agriculteur et ont rédigé un rapport qu’ils ont ensuite envoyé à la préfecture de la Mayenne. Le document, que nos confrères ont pu consulter, demande à la préfecture d’obliger Pierre Dammonneville à réaliser lui-même « une campagne d’analyse des émissions sonores émises par les cloches des vaches laitières », et ce « dans un délai de trois mois ».
« Je rappellerai quand même que la charge de la preuve incombe aux plaignants. Et aujourd’hui n’est pas rapportée la preuve que ces cloches occasionnent un préjudice qui trouble la tranquillité du hameau. Il n’y a aucune position dans la réglementation aujourd’hui en France qui interdit ou qui limite l’usage de ces cloches », a indiqué à France Bleu Me Timothée Dufour, l’avocat de l’agriculteur, appelant les habitants du village au « bon sens paysan ».
Une pétition manuscrite
Pierre Damonneville, lui, est vraiment contrarié par l’ampleur de cette affaire. Il a expliqué à nos confrères qu’il était là depuis 8 ans et avait repris quatre exploitations, embauchant ainsi trois salariés. Selon lui, le fait d’avoir pu développer son entreprise déplaît « fortement » aux voisins.
Quant au maire de Villepail, Alain Blottière, il a simplement indiqué qu’une pétition manuscrite avait été lancée, demandant à l’éleveur de retirer les cloches de ses vaches, celle-ci ayant recueilli environ 60 signatures. Contactée par nos confrères, la préfecture de la Mayenne n’avait pas encore répondu à leurs sollicitations le 30 avril dernier.
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