Le 21 septembre, le président russe Vladimir Poutine a menacé les « principaux pays de l’OTAN » avec des armes nucléaires et a ordonné le recrutement de réservistes. Les trois principaux pays de l’OTAN sont les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne.
L’enjeu est important pour M. Poutine, car l’armée russe a récemment essuyé des pertes et a reculé lors de la contre-offensive majeure des forces ukrainiennes. En même temps, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a juré de reprendre tous les territoires occupés par la Russie depuis huit ans – y compris la Crimée et les républiques autoproclamées de Donetsk et de Louhansk.
Après l’éclatement de l’Union soviétique, l’Ukraine a loué à la Russie la base navale de Sébastopol, en Crimée – le site exceptionnel doté de huit baies en eau profonde, devenu le siège de la flotte russe de la mer Noire. Récemment, vu la riposte militaire efficace des Ukrainiens, le Kremlin a discrètement retiré ses sous-marins de Sébastopol. En tenant compte que cette base navale date de l’ère soviétique, la réduction de son utilité est un coup sans précédent porté au prestige russe.
Peu après le discours de Poutine, le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a déclaré que la Russie était « en guerre non seulement contre l’Ukraine et l’armée ukrainienne, mais aussi contre l’Occident tout entier ».
Un autre conseiller russe proche de Poutine a proféré une menace nucléaire plus spécifique contre la Grande-Bretagne, l’allié le plus fiable de l’Ukraine. Il a annoncé que Poutine était prêt à lancer des attaques nucléaires contre l’Occident, y compris « contre la Grande-Bretagne ».
Le conseiller, Sergei Markov, a affirmé dans une interview à la BBC que la Russie était en train de « libérer l’Ukraine de votre occupation américano-britannique ». Il a également dit que Moscou préférerait utiliser des armes nucléaires stratégiques contre l’Occident plutôt que des armes nucléaires tactiques contre « nos frères », les Ukrainiens.
« L’Ukraine est occupée par des pays occidentaux qui forment une armée par procuration à partir d’Ukrainiens, et ce sont les pays occidentaux qui se battent contre l’armée russe en utilisant les soldats ukrainiens comme esclaves », a-t-il laissé entendre.
La Russie augmente sa production de guerre et mobilise 300.000 réservistes dans le cadre de sa « mobilisation partielle » pour mener la guerre en Ukraine. La dernière menace d’utilisation des armes nucléaires s’ajoute aux bombardements par l’armée russe de la zone proche de la centrale nucléaire de Zaporijjia qu’elle a envahie. C’est une autre menace nucléaire pour l’Ukraine et l’Occident – une menace de provoquer un accident dans la plus grande centrale nucléaire européenne qui pourrait être suivi d’une contamination radioactive de l’Ukraine et de nombreuses régions d’Europe.
Poutine menace de destruction nucléaire en se basant sur le mensonge que l’Ukraine appartient à la Russie. En réalité, l’Ukraine – comme la Pologne ou les États baltes qui ont été également incorporés dans l’ex-Union soviétique – a longtemps cherché son indépendance. L’Union soviétique a même utilisé ce fait en lui accordant sa propre représentation aux Nations unies depuis la création de cette organisation en 1945.
Les invasions de l’Ukraine par les régimes autoritaires, y compris par les Soviétiques et les nazis, n’ont jamais été légitimes, tout d’abord du fait que ces régimes n’avaient pas le soutien des Ukrainiens. La véritable souveraineté ne découle que d’une véritable approbation des gouvernés – ce dont Poutine est dépourvu en tant que dictateur non élu. Son « élection » en Russie – avec le contrôle sur les médias et en l’absence des bases mêmes de la liberté d’expression – est tout sauf une élection démocratique.
Les menaces nucléaires de Poutine demandent une réponse ferme visant comme objectif de l’écarter de son pouvoir. La responsabilité de cela incombe au peuple russe. Elle incombe également aux autres pays qui pourraient rendre son éviction plus facile en réduisant ainsi le risque d’une guerre nucléaire en Europe et en Amérique – une guerre qui laisserait un vide stratégique qui serait vite rempli par l’État-parti chinois.
Le dirigeant chinois Xi Jinping a été le plus grand soutien de Poutine et il n’a pas dénoncé la dernière menace nucléaire de ce dernier. Il en est donc également personnellement responsable. Toute mesure de rétorsion à l’encontre de la Russie pour ses actions en Ukraine devrait être suivie de mesures préventives contre la Chine pour ses menaces envers Taïwan – et ce, afin de s’assurer que le Parti communiste chinois (PCC) ne sorte pas vainqueur d’une guerre entre la Russie et les pays occidentaux.
Nous sommes à un tournant de l’histoire mondiale. Est-ce que les démocraties céderont aux menaces nucléaires de dictateurs comme Poutine et Xi Jinping – des dictateurs qui auront toutes les raisons de poursuivre leurs annexions territoriales déjà réalisées en Crimée et en mer de Chine méridionale ? Ou utiliserons-nous leurs faiblesses militaires actuelles pour les faire reculer, échouer dans leurs plans et éventuellement être relégués aux oubliettes ?
Le monde observe notre réponse à Poutine. Pékin nous observe également. Si nous montrons de la peur et abandonnons l’Ukraine, le PCC prendra cela comme un feu vert pour lancer une attaque similaire sur Taïwan. Ces agressions ne prendront fin que lorsque l’Occident prendra des risques et paiera le coût nécessaire pour éliminer ces menaces à leur source.
Cela signifie qu’il faut fournir à l’Ukraine et à Taïwan les armes dont ils ont besoin pour gagner leurs combats. Cela demande également l’imposition de sanctions plus sévères à l’encontre de la Russie, notamment l’interception navale de ses pétroliers qui, comme tant de navires pirates, sillonnent désormais les mers en toute impunité en direction de la Chine continentale.
Nous devrions faire comprendre à Poutine – et à ses acolytes – que la force ne fait pas le droit. Les dictateurs et les voleurs vont perdre parce que nous en faisons notre objectif principal.
L’avenir du monde ne doit pas appartenir à ceux qui utilisent des menaces nucléaires pour assurer des conquêtes territoriales accompagnées de tortures, de viols et de meurtres des habitants locaux. Au contraire, le monde doit appartenir aux pays qui défendent fermement leurs valeurs et garantissent la liberté de leur peuple.
Le Dr Anders Corr est directeur de Corr Analytics Inc., éditeur du Journal of Political Risk. Il a effectué des recherches approfondies en Amérique du Nord, en Europe et en Asie et il est l’auteur de The Concentration of Power (2021), de No Trespassing et a édité Great Powers, Grand Strategies.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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