Au terme de six semaines de procès en appel afin de juger les auteurs de l’attaque perpétrée sur des policiers à Viry-Châtillon en 2016, le verdict rendu par la cour d’assises des mineurs de Paris est plus clément que celui du procès en première instance. Un verdict qui a causé stupeur et indignation dans les rangs de la police.
Dans la nuit de samedi à dimanche, le verdict est tombé lors du procès en appel jugeant l’agression survenue en octobre 2016 sur des policiers à Viry-Châtillon, en région parisienne.
Treize jeunes, qui avaient entre 16 et 20 ans au moment des faits, étaient au banc des accusés.
« Un naufrage judiciaire »
Au terme de 6 semaines d’audience à huis clos et 14 heures de délibération, 8 accusés ont été acquittés, notamment au bénéfice du doute, et 5 accusés reconnus coupables de tentative de meurtre sur personnes dépositaires de l’autorité publique.
Trois hommes ont été condamnés à 18 ans de prison, un à 8 ans de prison et le dernier à 6 ans de prison.
Selon Thibault de Montbrial, avocat d’une des policières brûlées lors de l’agression, sur Le Figaro, « c’est un naufrage judiciaire ».
« Nous savons qu’il y avait seize assaillants, le 8 octobre 2016, qui s’en sont pris aux deux voitures de police incendiées. On le sait, car une vidéo a filmé toutes les silhouettes. Il y avait à ce procès treize accusés ; en première instance, huit d’entre eux avaient été condamnés et cinq acquittés. Il y a eu un appel croisé, car personne n’était satisfait de ce premier verdict : les condamnés clamaient leur innocence et le parquet considérait les peines trop clémentes et contestait les acquittements », rappelle M. de Montbrial.
Lors de l’agression, violente et brutale, les assaillants cagoulés et vêtus de noir avaient brisé les fenêtres des 2 voitures dans lesquelles se trouvaient quatre policiers, jeté des cocktails molotov dans les habitacles, frappé les policiers et tenté de les empêcher de s’extraire du véhicule en feu.
L’agression avait eu lieu en plein jour dans la cité de la Grande Borne, considérés comme l’une des plus sensibles d’Île-de-France.
« On se demande qui est la victime finalement. Même les personnes qu’elle a reconnues ont été libérées. Ça veut dire que sa parole ne vaut rien », déplore Jérôme, mari de Jenny, une des gardiennes de la paix grièvement brûlée lors de cette attaque, sur France Bleu.
Une affaire compliquée
Pourquoi, après un deuxième procès, compte-t-on désormais davantage d’acquittements ?
S’il est indéniable qu’il y a bien eu attaque « d’un groupe organisé, équipé et préparé, qui a manifestement effectué un repérage préalable », comme le rappellent les magistrats et les jurés lors du procès, la difficulté a résidé dans l’identification des agresseurs.
Cagoulés et vêtus à l’identique, il était compliqué d’effectuer une reconnaissance faciale. En outre, aucune trace d’ADN n’a été trouvée.
Le policier directeur d’enquête a lui-même reconnu « qu’il avait des doutes et des incertitudes sur l’implication des accusés dans les faits ».
Selon BFMTV, le directeur d’enquête a écrit dans un PV versé au dossier de l’enquête que « toutes ces identifications de suspects sont basées sur des témoignages humains, qui pour la plupart ne font que rapporter des faits qui leur ont eux-mêmes été rapportés de la bouche desdits suspects et quelques aveux du bout des lèvres de certains de ces suspects ».
La policière la plus grièvement blessée a déclaré, en première instance puis en appel, avoir reconnu le « regard » de celui qui lui avait lancé un pavé. La cour a décidé que cet élément n’était « pas suffisamment fiable pour être probant au regard du temps écoulé, de la rapidité du face-à-face avec l’agresseur dont le visage était masqué, de l’émotion intense ressentie à ce moment-là ».
Un autre policier, Vincent, dont le corps a été brûlé à 25 % et qui subit encore aujourd’hui des opérations de réparation, avait aussi déclaré que le premier homme à avoir lancé l’attaque avait la peau noire, contredisant un autre témoin qui avait décrit le premier assaillant comme ayant la peau claire…
Ces détails, entre autres, expliqueraient alors pourquoi le nombre d’acquittements a finalement augmenté…
Lors de la lecture du verdict, une bagarre a éclaté dans le box des accusés, nécessitant l’intervention d’une trentaine de policiers et gendarmes.
« Notre avocat n’a jamais vu ça en 25 ans de carrière. Ce sont des gens qui ont été acquittés qui se sont emportés ! Finalement, leur nature a repris le dessus », a réagi Jérôme, le mari de Jenny, l’une des victimes.
« Incompréhensible »
Grégory Joron, secrétaire général délégué d’Unité SGP police, a réagi dans un communiqué, qualifiant ce verdict d’ « incompréhensible », et laissant « les victimes et de nombreux policiers très amers et en colère ».
« Il y a de la colère, beaucoup de déception. Avec les mêmes preuves, on se retrouve avec moins de coupables et des peines moins lourdes qu’en première instance », a-t-il ajouté.
Pour Claude Carillo, du syndicat Alliance dans l’Essonne, il s’agit également d’un « verdict choquant ».
« Pour mettre fin à toutes formes de délinquances, il faut des sanctions fermes et exemplaires », a-t-il plaidé sur 20 Minutes.
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