Dans son livre, sous-titré « Agnès, tu as fait peur au Président… » paru chez Flammarion ce mercredi 27 septembre, l’ancienne ministre de la Santé a révélé le « journal » qu’elle a tenu de janvier à juin 2020.
Agnès Buzyn, qui avait été mise en examen pour sa gestion de la crise sanitaire du Covid-19, est revenue sur cette période en donnant sa version des faits dans un livre de presque 500 pages dont voici quelques extraits. Elle dévoile des messages échangés entre autres avec Édouard Philippe, alors Premier ministre, ainsi qu’avec le président de la République Emmanuel Macron, les avertissant à plusieurs reprises du risque de pandémie.
« Combien nous avons de masques en stock »
« Je me permets de t’alerter sur une épidémie à Wuhan en Chine qui sévit depuis quinze jours et vient de faire un premier mort. Il s’agit d’un nouveau virus de la famille des coronavirus », avait-elle informé Édouard Philippe le 11 janvier 2020. « Pour l’instant il n’y a pas de transmission interhumaine évidente. On suspecte le laboratoire P4 de Wuhan de manipuler les virus », avait-elle ajouté, précisant suivre cela « de très près », avoir alerté les ARS et pris « des dispositions dans les aéroports pour les vols directs de Wuhan avec des pratiques de détection de la fièvre ».
Le 21 janvier 2020, alors qu’elle se trouvait en présence de son directeur de cabinet et de Jérôme Salomon – qui occupait alors le poste de directeur général de la Santé et a depuis quitté ses fonctions pour partir à l’international rejoindre l’Organisation mondiale de la santé (OMS) – ils décident de tenir une conférence de presse afin de « prévenir les Français du possible risque d’une crise sanitaire mondiale, mais sans créer la panique ». Juste avant que Jérôme Salomon quitte son bureau, elle lui demande « combien nous avons de masques en stock ».
« L’OMS, ils sont en dessous de tout et il faut se couvrir »
Le 31 janvier 2020, alors qu’il y a « près de 10.000 cas de Covid dans le monde », elle écrit à son directeur de cabinet que « l’Europe doit se réunir et agir ».
« Passablement énervée par le manque de réaction internationale », elle lui indique encore : « Sur l’OMS, ils sont en dessous de tout et il faut se couvrir. »
S’offusquant « une nouvelle fois de la passivité européenne », elle envoie un message au Premier ministre en lui demandant « une réunion de ministres » tout en mentionnant que « l’Europe est en PLS ».
Ce jour-là, des Français avaient été rapatriés de Wuhan et mis en quarantaine à Carry-le-Rouet (Bouches-du-Rhône). Le professeur Didier Raoult s’était alors rendu sur place. « Et le dingue de Marseille est bloqué comme attendu par les gendarmes à l’entrée du centre, prêt à sauter sur nos compatriotes avec ses seringues… et ce n’est pas une blague !!! » avait alors écrit Agnès Buzyn à Édouard Philippe, prévenant : « Il est en train de se répandre dans la presse… » Et le Premier ministre de lui rétorquer : « Il est vraiment fondu ton pote. »
Elle somme le président de confiner la France, alors qu’elle n’est plus ministre
Le 13 mars 2020, alors même qu’elle n’était plus ministre de la Santé – ayant été remplacée par Olivier Véran le 16 février 2020 – elle avait malgré tout envoyé un message à Emmanuel Macron en lui signifiant : « Comme médecin, et ex-ministre, vous connaissez mon sentiment depuis des semaines et je continue de vous demander de tout arrêter comme en Italie, le plus vite possible. »
Trois jours plus tard, Emmanuel Macron s’était exécuté, annonçant à la télévision « un confinement strict, sans jamais prononcer le mot ».
En réaction, Agnès Buzyn avait demandé à Édouard Philippe de « clarifier » le message du chef de l’État « que les Français n’ont pas compris ». Également en colère après le président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy de ne pas avoir alerté plus tôt sur la pandémie, elle lui avait encore signifié : « De te voir en photo sur Instagram avec Jean-François Delfraissy me rend dingue. Je comprends mieux vos décisions. »
« J’ai donc dorénavant le statut de témoin assisté »
« Édouard, vous êtes en dehors de la plaque, complètement, et si tu as encore confiance en moi, prenez une décision de confinement car nous avons quinze jours de retard. Et je ne perds pas mes nerfs, je suis lucide depuis des semaines et derrière vos décisions ce sont des gens qui vont mourir. Le discours du Président ce soir est incohérent. Personne n’a rien compris et les gens vont continuer à aller travailler ! J’en ai plein autour de moi », lui avait-elle pointé avant de conclure : « Et arrêtez de faire confiance à ces scientifiques, faites de la politique et prenez vos responsabilités. »
Au sujet de sa mise en examen (remontant à septembre 2021) pour « abstention volontaire de combattre un sinistre et mise en danger d’autrui », ayant déclaré fin janvier 2020 à propos du virus que « le risque d’introduction en France est faible, mais il ne peut être exclu », Agnès Buzyn a souligné dans son livre : « Ma mise en examen pour mise en danger d’autrui m’a été signifiée le 10 septembre 2021 avant d’être finalement annulée un peu plus d’un an plus tard, le 20 janvier 2023, par un arrêt de l’assemblée plénière de la Cour de cassation, considérant qu’il n’y avait pas de motif à cette décision et que la commission d’instruction avait donc outrepassé le droit dès le départ. J’ai donc dorénavant le statut de témoin assisté comme Édouard Philippe et Olivier Véran. »
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