Mardi 21 septembre, la Commission Inceste a lancé une plate-forme téléphonique pour recueillir la parole des victimes de violences sexuelles dans l’enfance et s’inspirer de leur vécu pour définir des outils pour protéger les enfants.
La ligne 0805 802 804 est ouverte entre 10H00 et 19H00. Un autre numéro, 0800 100 811, est adapté aux horaires de l’Outre-Mer.
Les victimes trouveront aussi les modalités pour témoigner par écrit sur le site internet de la Ciivise, Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants, sous l’égide du secrétariat d’État chargé de l’Enfance, ou demander à être reçues par elle.
⚠️ 160 000, c’est le nombre d’enfants qui subissent des #violences sexuelles ou/et de l’#inceste.
Avec l’appel à témoignage de la @CIIVISE_contact , prenons conscience de l’urgence pour :
➡️Mieux protéger nos #enfants
➡️ et lutter contre les agresseurs #TemoignerProteger pic.twitter.com/mjmplgVMG6— Albane Gaillot (@AlbaneGaillot) September 21, 2021
Selon l’enquête nationale Virage de 2015, 14,5% des femmes et 4% des hommes ont subi des violences sexuelles au cours de leur vie. Plus de la moitié des femmes et deux tiers des hommes ont subi ces violences avant 18 ans.
Des « écoutants expérimentés »
En appelant ce numéro dédié, les victimes « seront entendues par des écoutants expérimentés, en mesure de décrypter les mécanismes des violences sexuelles et la stratégie de l’agresseur, qui connaissent l’impact traumatique qu’elles ont. Des écoutants qui pourront les orienter si elles ont besoin d’une aide, psychologique, sociale ou juridique », explique Édouard Durand, coprésident de la Ciivise.
« L’écoutant aura la capacité d’évaluer l’état émotionnel de la personne qui témoigne, car c’est un moment important, même si les faits ont eu lieu il y a 40 ou 50 ans », ajoute M. Durand, juge des enfants pendant 17 ans.
« Il est possible aujourd’hui de soigner le psychotraumatisme, avec des soins spécialisés, au lieu d’en traiter les symptômes toute la vie. Des victimes disent que cela a changé leur vie », précise-t-il.
Les victimes se verront en outre proposer de remplir un questionnaire élaboré avec des chercheurs pour documenter les mécanismes des violences sexuelles, leur impact y compris à l’âge adulte, et les réponses sociales et judiciaires qui ont été données. Tout cela nourrira le travail de la Ciivise qui préconisera à l’horizon 2023 une politique publique pour répondre aux besoins des victimes.
« La honte aujourd’hui change de camp »
La Ciivise a été lancée en janvier dans le sillage de la publication de « La familia grande », de Camille Kouchner, qui accusait son beau-père, le politologue Olivier Duhamel, de viols sur son frère jumeau.
Coprésidée par Nathalie Mathieu, directrice générale de l’association Docteurs Bru, composée de magistrats, avocats, membres des forces de l’ordre, chercheurs, psychologues ou pédiatres, la Ciivise a pour mission de recueillir la parole des victimes d’inceste, de mieux connaître l’ampleur et les ressorts du phénomène, et de formuler des recommandations pour l’action publique.
« On est là. On vous écoute. On vous croit. Et vous ne serez plus jamais seules. (…) La honte aujourd’hui change de camp », avait déclaré en janvier le Président Emmanuel Macron, se réjouissant que « la parole, partout en France, se libère » et promettant « d’adapter notre droit pour mieux protéger les enfants ».
« Vous n’êtes plus seuls, on vous croit »
« Les victimes ont souvent parlé, à leur proches, à l’école, parfois sans être crues. Nous leur disons : ‘Vous n’êtes plus seuls, on vous croit’. Cette fois-ci leur parole est crue, entendue, prise en compte par une instance publique et elle va aider à construire une politique de protection des victimes », explique le juge Durand.
À partir du 20 octobre, les membres de la Commission Inceste iront tous les mois dans le pays à la rencontre des victimes et sensibiliseront la population, en organisant des réunions publiques, et en consultant des professionnels, juges, médecins, services sociaux, forces de l’ordre, institutions, à la recherche de « bonnes pratiques » pour aborder ces problèmes.
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