La Haute- Commissaire aux droits de l’homme Michelle Bachelet a appelé à un sursaut lundi face aux « plus vastes et plus sévères reculs » des droits humains qu’elle ait jamais vus, dans un discours devant la plus haute instance de l’ONU dans ce domaine.
« Pour nous remettre des plus vastes et des plus sévères reculs des droits de l’homme que nous ayons jamais vus, nous devons avoir une vision qui change la vie et une action concertée » pour la mettre en œuvre, a lancé Mme Bachelet à l’égard des membres du Conseil des droits de l’homme, qui démarre ce lundi sa « 47ème session ».
« Nous avons besoin (…) de sociétés qui, bien que diverses, partagent des engagements fondamentaux pour réduire les inégalités et faire progresser tous les droits humains », a affirmé l’ancienne présidente chilienne.
Le Tigré
A l’occasion de son traditionnel tour d’horizon sur les abus commis dans le monde, Mme Bachelet s’est dite « profondément perturbée » par les « graves violations » des droits humains dans la région éthiopienne du Tigré, où la situation humanitaire est « terrible » avec plus de 350.000 personnes en situation de famine.
Alors que se déroulent des élections nationales en Ethiopie ce lundi, Mme Bachelet a dénoncé devant la plus haute instance de l’ONU en matière de droits de l’homme les abus commis contre les civils « par toutes les parties au conflit », contre laquelle le pouvoir central a lancé une offensive militaire en novembre.
Mme Bachelet a énuméré les exécutions extrajudiciaires, les arrestations et détentions arbitraires, les violences sexuelles contre les enfants ainsi que les adultes, et les déplacements forcés.
« Des rapports crédibles indiquent que des soldats érythréens opèrent toujours dans le Tigré et continuent de perpétrer des violations des droits humains et du droit humanitaire », a-t-elle ajouté.
Elle a également fait état, dans de nombreuses autres régions d’Ethiopie, d’« incidents alarmants de violences ethniques et intercommunautaires » et de déplacements de populations: « le déploiement actuel des forces militaires n’est pas une solution durable, et j’encourage à un dialogue global et pluridimensionnel dans tout le pays ».
La Haute- Commissaire a également dit espérer obtenir cette année un « accès significatif » à la région chinoise du Xinjiang, d’où des « informations sur de graves violations des droits humains continuent de sortir ».
Xinjiang et Hong Kong
Plusieurs organisations de défense des droits humains ont accusé la Chine d’avoir interné au Xinjiang au moins un million de musulmans dans des « camps de rééducation ». Pékin dément ce chiffre et parle de « centres de formation professionnelle » pour soutenir l’emploi et combattre l’extrémisme religieux.
A Genève, Mme Bachelet a réclamé plusieurs fois à Pékin un « accès total » au Xinjiang. Et fin février, elle a réitéré son appel à une « évaluation complète et indépendante » de la situation des droits humains dans cette région chinoise.
Mais les défenseurs des droits humains demandent à l’ONU de durcir le ton.
Toujours concernant la Chine, Mme Bachelet a également souligné qu’un an s’est écoulé depuis l’adoption de la loi sur la sécurité nationale à Hong Kong, sur laquelle ses services ont fait part de « sérieuses préoccupations ».
La Russie
Parmi les nombreuses situations de reculs des droits humains dénoncées par Mme Bachelet figure également la Russie, à qui la Haute- Commissaire a appelé à « faire respecter les droits civils et politiques » en vue des élections législatives de septembre.
« Je suis consternée par les mesures récentes qui sapent encore davantage le droit des gens à exprimer des opinions critiques, et leur capacité à prendre part aux élections parlementaires prévues en septembre », a assuré la haute responsable onusienne, en citant le cas de l’opposant russe emprisonné Alexeï Navalny et le démantèlement de son mouvement.
A l’issue d’un procès à huis clos, un tribunal de Moscou a classé il y a quelques jours comme « extrémistes » les trois organisations de M. Navalny, dont son important réseau régional, entraînant leur interdiction.
« La législation restreignant les libertés d’expression, de réunion pacifique et d’association doit être mise en conformité avec les normes et standards internationaux en matière de droits humains », souligné Mme Bachelet.
Elle a également exhorté Moscou à mettre fin à la pratique arbitraire consistant à qualifier des individus, des journalistes et des ONG d’« extrémistes », d’« agents étrangers » ou d’« organisations indésirables ».
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