Au moins 11 personnes ont été tuées et près de 50 étaient portées disparues jeudi après un accident dans une mine de charbon de Sibérie, une nouvelle catastrophe qui frappe un secteur régulièrement endeuillé en Russie.
Après des opérations menées toute la matinée pour retrouver les mineurs bloqués sous terre, les services de secours ont annoncé dans l’après-midi avoir dû « temporairement suspendre » leur travail à cause d’un risque d’explosion.
Fumée dans la mine de Listviajnaïa
Les autorités avaient indiqué avoir reçu une alerte vers 08H35 locales (01H35 GMT) sur la présence de fumée dans la mine de Listviajnaïa dans la ville de Gramoteïno, dans la région sibérienne de Kemerovo, où sont situées de nombreuses mines de charbon.
Selon le service de presse du gouverneur local Sergueï Tsivilev, 285 personnes se trouvaient dans la mine au moment de l’accident, dont les causes n’étaient pas connues dans l’immédiat.
« Aucun contact » avec les mineurs disparus
Au moins 11 personnes sont mortes et 46 étaient coincées à l’intérieur de la mine, a indiqué la même source, ajoutant qu’il n’y avait « aucun contact » avec les mineurs disparus. Un précédent bilan faisait état de 49 personnes encore à l’intérieur.
« Au total, 237 personnes ont été ramenées à la surface », a indiqué sur Telegram le ministère russe des Situations d’urgence, en charge notamment des pompiers et secouristes.
Quarante-trois personnes ont été hospitalisées, dont quatre dans un état grave, selon les autorités locales.
La localisation des disparus « n’est pas connue à l’heure actuelle », a précisé un responsable du ministère, Alexeï Choulguine, cité par l’agence TASS.
Le président russe Vladimir Poutine a exprimé ses « profondes condoléances aux familles des mineurs décédés », a indiqué son porte-parole Dmitri Peskov, ajoutant espérer que « les personnes sous terre pourront être secourues ».
19 équipes de sauvetage spécialisées sont sur place
Un accident dans la mine de Listviajnaïa avait déjà eu lieu en octobre 2004, lorsqu’une explosion de méthane avait tué 13 personnes. Selon les médias russes, une explosion y avait aussi tué cinq personnes en 1981, à l’époque soviétique.
Selon un communiqué des autorités locales, 19 équipes de sauvetage spécialisées du ministère sont sur place et tentaient, jusqu’à la suspension des opérations, de parvenir jusqu’à la galerie la plus reculée de la mine, où les personnes manquant à l’appel pourraient se trouver.
Investigation pour « violation des normes de sécurité » lancée
Le Comité d’enquête local a précisé pour sa part qu’une investigation pour « violation des normes de sécurité » avait été lancée.
La mine appartient à la société SDS-Ugol, l’un des plus gros producteurs de charbon de Russie.
Les accidents dans les mines de Russie, comme ailleurs en ex-URSS, sont souvent liés au laxisme dans l’application des normes de sécurité, à une mauvaise gestion ou à des équipements vétustes remontant à l’époque soviétique.
Plusieurs accidents à déplorer
L’accident le plus meurtrier de ces dernières années a fait 91 morts et plus d’une centaine de blessés en mai 2010 dans la mine de Raspadskaïa, également dans la région de Kemerovo.
Plus récemment, en octobre 2019, la rupture d’un barrage illégal dans une mine d’or en Sibérie avait fait 17 morts. Le même mois, trois personnes avaient été tuées après un accident dans une mine du groupe Norilsk Nickel, premier producteur mondial de nickel et de palladium, dans l’Arctique.
En août 2017, huit travailleurs avaient disparu après une inondation dans une mine de diamants exploitée par le groupe russe Alrosa en Sibérie. Premier producteur mondial de diamants, Alrosa avait annoncé l’abandon des recherches après trois semaines d’opérations de secours.
Au-delà des bilans humains, parfois lourds, certains accidents attirent l’attention sur les pratiques de l’industrie minière russe, dans laquelle l’exploitation s’y fait souvent au détriment de l’environnement.
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