ACTUALITéS

Orthographe: les professeurs réclament du «concret» à Pap Ndiaye qui veut remonter le niveau

juillet 11, 2023 14:48, Last Updated: juillet 11, 2023 14:48
By

L’« immense chantier » sur l’orthographe, de l’école primaire au bac, annoncé par Pap Ndiaye fait figure de débat récurrent pour certains professeurs et syndicats, qui, tout en constatant une « dégradation » de la maîtrise de la langue française, demandent un « plan d’actions concret ».

En promettant un « immense chantier » du primaire au bac pour que les élèves « écrivent correctement », avec à la clef des points en moins si on fait des fautes de français lors des épreuves du baccalauréat, Pap Ndiaye s’est mis dans la roue de ses prédécesseurs qui ont voulu s’attaquer à cet épineux défi qui réserve son lot de polémiques.

Jean-Michel Blanquer ou encore Najat Vallaud-Belkacem avaient tenté en leur temps de faire remonter le niveau d’orthographe des élèves en mettant en avant par exemple, la dictée quotidienne. Sans réel succès.

Deux fois plus de fautes qu’en 1987

« Le niveau d’orthographe à l’école est malheureusement un marronnier », regrette Viviane Youx, présidente de l’Association Française pour l’Enseignement du Français. « Tout le monde en parle régulièrement mais rien n’est mis en place, il faut du concret », lance-t-elle.

Car le constat est sans appel, selon des enseignants, professeurs, syndicats ou encore linguistes : la maîtrise de l’orthographe « s’est dégradée » ces dix dernières années.

Selon les statisticiens du ministère de l’Éducation (Depp), à l’entrée en classe de 6e, les écoliers français maîtrisent de moins en moins bien l’exercice de la dictée. En classe de CM2, « en 1987, les élèves faisaient 10,7 fautes. Aujourd’hui, ils en font en moyenne 19,7 fautes », selon le ministère.

C’est l’orthographe grammaticale (règles d’accord entre le sujet et le verbe, accords dans le groupe nominal, accords du participe passé) qui concentre l’essentiel des difficultés, selon la Depp.

Même le prestigieux concours général des lycées n’échappe pas à la règle. Y compris pour l’épreuve de composition française, pour laquelle en 2022, le « jury déplor(ait) unanimement un relâchement dans l’expression et, dans trop de copies, une orthographe fautive, voire désastreuse ».

Alors comment remédier au problème ? Pour beaucoup, la sanction n’est pas la solution.

« C’est assez facile d’évoquer des sanctions au bac, mais il s’agit de répression, au lieu de faire de la prévention », balaye Roxane Joannidès, docteure en sciences du langage.

« Ce n’est pas en sanctionnant par la dictée, notamment, que l’on va faire progresser les élèves, on le sait, cet exercice ne porte pas ses fruits », abonde Guislaine David, secrétaire générale du Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire (maternelle et élémentaire).

Les profils des élèves et des enseignants ont évolué

Selon Roxane Joannidès, « il ne faut pas oublier que la société évolue, le profil des apprenants aussi. Ce qui fonctionnait avant ne fonctionne plus forcément », dit-elle, en citant par exemple « la perte de concentration des élèves ».

« Il faut que le ministre se donne les moyens de ses ambitions et pour cela, il faut s’attaquer à la formation des enseignants et amener du concret avec une nouvelle méthode », insiste-t-elle.

M. Ndiaye a ouvert une piste en incitant à ce que, pendant leur cursus, les élèves « écrivent beaucoup plus en particulier au primaire ».

Françoise Cahen, professeure de français au lycée à Alfortville (Val-de-Marne) estime de son côté que « l’orthographe, c’est une pédagogie qui est à penser. C’est une formation des professeurs qui est à peaufiner ».

Benjamin Marol, professeur d’histoire-géographie dans un collège de Montreuil, va dans le même sens et pointe le niveau d’orthographe des élèves mais aussi des enseignants. « Les copies des élèves sont remplies de fautes mais il y a aussi une baisse de niveau du côté des enseignants. C’est un peu un sujet tabou », raconte-t-il.

« En tant que prof principal, il m’arrive régulièrement de corriger des commentaires de certains profs avant de faire partir les bulletins », poursuit cet enseignant, qui regrette « la baisse du niveau des candidats aux concours enseignants ».

« Le métier de prof n’attire plus, on recrute plus largement, avec ce genre de conséquence », complète-t-il.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.

Voir sur epochtimes.fr
PARTAGER