Lundi 22 avril, le couturier français Simon Porte Jacquemus publiait sur son compte Instagram une photo de deux bébés, Mia et Sun, se réjouissant avec son compagnon Marco Maestri de la naissance des jumeaux auprès de ses 6,3 millions d’abonnés. Plusieurs personnalités de la mode les ont félicités, dont Victoria Beckham et l’influenceuse Léna Mahfouf.
Un autre son de cloche est venu de Marion Maréchal, tête de liste Reconquête! aux Européennes, qui a commenté sur X cette nouvelle : « Où est la maman ? », faisant référence à la gestation pour autrui (GPA) derrière la naissance de ces enfants.
Il n’en suffisait pas plus pour déclencher l’ire de l’extrême gauche et d’une partie de la macronie, accusant la candidate d’homophobie, dans des mots plus ou moins mesurés. Pourtant la GPA est interdite en France, pour les questions éthiques qu’elle pose sur la marchandisation du corps humain.
La gauche et une partie de la macronie s’insurgent
Le post de Mme Maréchal, vu 5 millions de fois, a entraîné une vague de soutien et une vague de réponses virulentes.
La porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot a répondu à la tête de liste Reconquête! que « cette homophobie décomplexée est hallucinante », ajoutant : « Aujourd’hui, nous fêtons les 11 ans de l’adoption du mariage pour tous, une grande victoire pour l’égalité. Continuons à nous mobiliser contre toutes formes de discriminations et pour garantir les droits de tous les citoyens », éludant le fait, en tant que porte-parole du gouvernement, que la gestation pour autrui est une pratique interdite en France.
Même opposition du côté d’anciens membres du gouvernement, Olivier Dussopt protestant de façon mesurée : « Deux papas. Qui s’aiment et qui aiment ces enfants. C’est bien aussi. Une famille. C’est l’essentiel », quand Clément Beaune réagissait de manière plus virulente au propos de Marion Maréchal : « Jamais la dernière pour un propos dégueulasse, sur une famille et des enfants… »
Parmi les autres réactions, Rima Hassan, septième sur la liste LFI aux Européennes s’est attaquée personnellement à la candidate Reconquête! : « Où est votre cerveau ? Question que l’on se pose depuis des générations pour les Le Pen », a-t-elle commenté. Choix de mots identique pour la sénatrice écologiste Mélanie Vogel : «Où est le cerveau ?» a-t-elle écrit. Même élégance pour le sénateur communiste Ian Brossat indiquant préférer «avoir deux papas qu’une mère comme Marion Maréchal.»
Des soutiens de la droite
Marion Maréchal a réagi le 24 avril à ces messages des membres de la macronie en rappelant la position du président de la République sur la question : « Chers Clément Beaune, Prisca Thevenot, Olivier Dussopt : « C’est une question d’éthique et de dignité » » en référence à un tweet d’Emmanuel Macron en 2017. « Pendant mon quinquennat, la GPA restera interdite en France. C’est une question d’éthique et de dignité », avait déclaré le chef de l’État.
Jean-Philippe Tanguy, député du RN, a réfuté quant à lui les accusations d’homophobie visant la vice-présidente de Reconquête! : «Ce n’est pas de l’homophobie. La GPA est interdite en France. Voir Mme. Thevenot, porte-parole du gouvernement, se féliciter qu’on enfreigne une loi qui existe, c’est complètement surréaliste», a-t-il déclaré sur BFMTV et RMC.
La journaliste Eugénie Bastié a également pointé la réponse de l’ancien ministre des Transports, l’accusant de défendre « une pratique illégale, qui plus est vantée sans vergogne dans les médias » quand Gabrielle Cluzel dénonçait le fait d’ « invisibiliser » la mère porteuse des deux nouveaux papas « alors qu’elle a porté les enfants et les a mis au monde » – trouvant que c’est cela qui est « dégueulasse », faisant référence aux propos de Clément Beaune.
La GPA est bien une pratique interdite en France
En France, la GPA est interdite par la loi du Code civil de 1994 relative au respect du corps humain. L’article établit que « toute convention portant sur la procréation ou la gestation pour le compte d’autrui est nulle ». Selon la loi, les commanditaires d’une GPA se rendent coupables de « délit d’incitation à abandon d’enfant ». En conséquence, jouer le rôle d’intermédiaire, dans un but lucratif, entre un individu ou un couple « désireux d’accueillir un enfant », et une femme « acceptant de porter en elle cet enfant » est puni de 6 mois d’emprisonnement et de 7.500 euros d’amende.
À l’étranger, la pratique est autorisée aux États-Unis et au Canada, ouverte aux couples hétérosexuels mariés et infertiles en Ukraine et en Grèce, interdite mais contournée en Espagne ; la Thaïlande, Israël et la Grande-Bretagne réservant cette pratique à leurs seuls résidents.
Selon Aude Mirkovic, porte-parole de l’association «Juristes pour l’enfance» interviewée par CNews en 2022, « une fois importés sur le territoire français, les faits tombent sous le coup de la loi pénale », mais selon Le Parisien, « dans ce secteur peu encadré, les dérives sont nombreuses ».
Selon La Croix, les opposants à la GPA y voient non seulement une exploitation du corps de la femme qui « loue » son ventre contre rémunération, mais aussi une « chosification » de l’enfant à naître, qui devient l’objet d’un contrat et sera « abandonné » par sa mère à sa naissance. Les partisans de la GPA ne le voyant évidemment par comme ça.
La question de la marchandisation du corps humain
Si l’on tire le fil de la GPA, les questions et les implications relatives à la marchandisation du corps humain et à la traite d’êtres humains sont nombreuses.
L’ouverture de la GPA dans certains pays a vu l’apparition de trafics parallèles dans certains autres pays moins attachés aux questions éthiques de l’Occident. Des fermes de mères porteuses sont, par exemple, apparues en Inde, profitant de la précarité de femmes devenant des « machines à gestation », hébergées dans des établissements peu scrupuleux.
L’Ukraine, avant la guerre avec la Russie, était considérée comme le principal centre européen de la GPA et le deuxième au monde après les États-Unis. Il est un des rares pays au monde où la GPA commerciale est autorisée pour les étrangers. Selon des estimations citées par Le Monde, 2.000 à 4.000 enfants y naîtraient chaque année (des estimations sous-évaluées), pour des clients résidant en Chine, aux États-Unis et en Europe.
Cette question de la marchandisation du corps humain et du respect du droit français à l’international ne s’arrête pas à la seule gestation pour autrui. Depuis plusieurs années elle s’est étendue au commerce d’organes, implanté dans des pays loin de respecter les mêmes normes bioéthiques que la France.
En Amérique du Sud, aux Philippines, au Pakistan, au Kosovo, se sont ainsi développées une « mafia des organes » tenue par le crime organisé. En Chine, un pays autoritaire fortement influencé par l’idéologie athéiste du Parti communiste, cette commercialisation du corps humain est sans commune mesure, organisée à grande échelle par le régime depuis les années 2000 et alimentant le tourisme mondiale de transplantation d’organes.
Loin des polémiques françaises, l’un des derniers maillons de la marchandisation du corps humain implique un monde effrayant vers lequel aucun partisan censé de droite, de gauche ou du centre ne veut aller – d’où les précautions éthiques à prendre.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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