Le déficit public « risque de dépasser » 6% du PIB cette année, contre 5,1% initialement attendus, a déclaré mercredi le ministre du Budget Laurent Saint-Martin.
« Oui, la situation de nos finances publiques est grave, et je n’irai pas par quatre chemins : en 2024, le déficit public risque de dépasser les 6% du PIB, selon les dernières estimations dont nous disposons », a-t-il annoncé devant la Commission des Finances de l’Assemblée nationale.
Un déficit « incontrôlable »
Initialement attendu à 5,1% du PIB, l’estimation avait été revue à 5,6% du Produit intérieur brut (PIB) pour finalement dépasser les 6%.
Marc Touati avait prévenu dans nos colonnes d’un déficit « incontrôlable ». « Cette augmentation de la prévision (à 5,6% ndlr) est tout à fait logique. Je l’annonce depuis 8 mois. Il faut simplement faire preuve d’un peu de bon sens et regarder les chiffres. Quand on a moins de recettes à cause d’une croissance molle et des dépenses qui augmentent, le déficit public se creuse. C’est mécanique. Ce n’est donc pas une surprise », avait-il déclaré. Il avait également alerté de la croissance de la charge de la dette avec la hausse des taux d’intérêt de la dette publique. Face au creusement du déficit, « les investisseurs vont s’inquiéter et donc, les taux d’intérêt vont encore augmenter. C’est un cercle vicieux parce que l’augmentation des taux d’intérêt va casser la croissance économique. Il y aura encore moins de recettes fiscales, plus de déficit, de dette, etc. ». « Cela montre qu’on a malheureusement un vrai problème structurel. Et encore une fois, ça devient incontrôlable », affirmait-il.
Le ministre a par ailleurs indiqué que le projet de loi de finances pour 2025 serait présenté aux parlementaires « la semaine du 9 octobre ». « Je vous confirme que la semaine du 9 octobre sera la semaine du dépôt du projet de loi de finances pour 2025 », a déclaré le ministre du Budget.
Procédure pour déficit excessif devant la Commission européenne
De son côté, le ministre de l’Économie et des Finances Antoine Armand, présent lui aussi à cette audition, a fait savoir que la France avait obtenu de Bruxelles un délai jusqu’au 31 octobre pour présenter sa trajectoire pluriannuelle des finances publiques. Celle-ci était initialement attendue le 20 septembre.
La France fait actuellement l’objet, avec six autres pays, d’une procédure pour déficit excessif devant la Commission européenne.
Le rétablissement des comptes publics passera « prioritairement » par une baisse des dépenses, a confirmé M. Saint-Martin, alors que dimanche soir le Premier ministre Michel Barnier avait évoqué aussi de possibles hausses d’impôts ciblées sur les contribuables les plus riches et les grandes entreprises, brisant le tabou en vigueur depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron à l’Élysée.
M. Saint-Martin a détaillé les deux « principales raisons » du dérapage massif du déficit public en 2024 : d’abord des recettes fiscales « moins importantes que ce qui était attendu », un écart qui s’explique, selon lui, « par la composition de la croissance, davantage tirée par les exportations que par la consommation », engendrant moins de TVA qu’espéré.
Cela s’explique aussi « par l’attentisme des acteurs économiques depuis quelques mois, et qui dit moins d’activité dit moins de recettes », a-t-il dit.
Les entreprises en particulier ont suspendu de nombreux investissements et embauches en attendant de savoir quel Premier ministre succéderait à Gabriel Attal après la dissolution de l’Assemblée nationale.
Par ailleurs, « les dépenses des collectivités territoriales ont été plus élevées que la trajectoire ne le prévoyait, de l’ordre de 16 milliards d’euros pour 2024 ».
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