Un psychologue clinicien brise le mythe selon lequel le cannabis ne créerait qu’une « simple » dépendance psychologique.
Le monde des affaires canadien salive devant un marché potentiel de 22,6 milliards de dollars canadiens (14,88 milliards d’euros) dans le domaine de la marijuana vendu à des fins récréatives au Canada, et l’on s’attend à ce qu’un plus grand nombre de nouveaux utilisateurs de marijuana apparaissent après la légalisation du 17 octobre. Mais les responsables de la santé publique veulent rappeler aux Canadiens que le cannabis est une drogue qui peut créer une dépendance – contrairement à la croyance populaire.
À l’heure actuelle, 22 % de la population adulte consomme de la marijuana à des fins récréatives au Canada, mais 17 % supplémentaires se montrent disposés à l’essayer une fois que cela sera rendu légal. Si cela se produit, l’industrie du cannabis éclipserait la recette des ventes combinées de bière, de vin et de spiritueux, selon un rapport de Deloitte en 2016.
Avant que le cannabis ne devienne légal dans tout le pays le mois prochain, le psychologue clinicien Jonathan Stea veut que les consommateurs considèrent la situation dans son ensemble – la consommation de marijuana est complexe et la recherche montre qu’elle peut en fait créer une dépendance pour certains.
« J’ai été accusé d’être un représentant de Stephen Harper ou un porte-parole des grandes sociétés pharmaceutiques, mais je suis un psychologue clinicien », a déclaré M. Stea. « Je n’ai pas de conflits d’intérêts ici, si ce n’est ce que je vois tous les jours dans le traitement des dépendances. Je vois une minorité substantielle de personnes qui sont accros au cannabis. »
M. Stea, qui travaille à l’hôpital Foothills de Calgary et qui traite des patients atteints de troubles liés à la consommation de cannabis depuis 10 ans, estime qu’une personne sur dix qui consomme de la marijuana devient dépendante.
« Bien qu’un grand nombre de consommateurs de cannabis ne deviennent pas dépendants, si l’on tient compte du fait que la consommation de cannabis est très répandue et que la société considère qu’elle n’est pas si nocive, ce nombre est en fait assez élevé et pourrait augmenter », a-t-il dit.
« Les gens pensaient que je me contredisais en disant qu’il s’agissait d’une minorité importante », explique-t-il, « mais c’est une minorité importante parce que le cannabis est très largement répandu et que beaucoup de gens l’ont essayé – en fait c’est un nombre considérable ».
M. Stea dit que la dépendance au cannabis est définie par le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5) et que l’un des symptômes caractéristiques est la nécessité d’un usage répété de la drogue pour se sentir bien – ou pour éviter de se sentir mal – et comment l’entretien de ce « système de récompense cérébrale » nuit à notre vie, tant au travail que dans la société.
« Bien que la dépendance au cannabis ne présente pas de symptômes aussi graves que l’héroïne, le fentanyl ou la cocaïne », précise-t-il, « elle peut néanmoins être très perturbatrice, et quiconque ne peut ralentir ou arrêter après plusieurs tentatives devrait être pris au sérieux ». Cependant, il note que la dépendance à la marijuana peut être minimisée ou ignorée dans la société.
« Je pense qu’il y a de la confusion chez certaines personnes quant à ce que signifie réellement la dépendance et à quoi elle ressemble, et surtout à quoi ressemble la dépendance au cannabis par rapport, disons, à la dépendance à l’héroïne. »
D’autres symptômes de dépendance que les utilisateurs de marijuana peuvent ressentir selon les critères du DSM-5 comprennent des envies de fumer, un sentiment de perte de contrôle, une consommation compulsive, des conséquences négatives, des récidives et une déficience fonctionnelle.
M. Stea a indiqué que la dépendance au cannabis peut également se manifester à travers les symptômes de sevrage chez les personnes qui cessent de fumer, comme la perte d’appétit, la perturbation des habitudes de sommeil, l’irritabilité, la dépression et l’anxiété. « Cela dissipe le mythe selon lequel le cannabis ne crée qu’une dépendance psychologique », a-t-il dit.
Le risque de développer une dépendance est plus élevé chez les jeunes
Chez les personnes qui commencent à consommer du cannabis à l’adolescence, les taux de dépendance s’élèvent à environ 1 sur 6, soit 17 %.
« Nous savons que les jeunes sont plus susceptibles de subir des désagréments liés au cannabis, y compris le risque de développer un trouble lié à la consommation de cannabis ou une dépendance au cannabis », a déclaré Amy Porath, directrice de la recherche au Centre canadien de lutte contre les dépendances et l’usage des substances toxiques, à Ottawa.
Mais la dépendance n’est qu’un des dommages que les jeunes consommateurs de cannabis peuvent subir.
« Pour les jeunes qui envisagent de consommer, nous essayons vraiment de les encourager à le faire le plus tard possible, jusqu’à ce qu’ils soient plus âgés, afin qu’ils puissent préserver la santé de leur cerveau », a dit Mme Porath.
Mme Porath, qui étudie les troubles liés à la consommation de cannabis depuis 17 ans et dirige une équipe de chercheurs qui contribuent à orienter les changements de politiques, affirme que le cerveau humain continue de se développer jusqu’à l’âge de 25 ans et que la consommation de cannabis pourrait nuire au développement continu.
Lorsqu’il s’agit de produits plus puissants contenant plus de THC (l’ingrédient psychoactif de la marijuana), elle dit qu’il n’y a aucune preuve que plus de THC entraîne plus de dépendance, mais met en garde les utilisateurs contre la consommation de produits comestibles ou à forte puissance, car cela peut augmenter les risques.
Un reportage de CBC News a récemment confirmé un pic dans les admissions aux urgences pour des surdoses de cannabis, la plupart provenant de produits comestibles très puissants. En Ontario, le nombre d’admission aux urgences a presque triplé, passant de 449 en 2013-2014 à près de 1 500 en 2017-2018, selon les données recueillies par l’Institut canadien d’information sur la santé.
« Tout ce que je voulais, c’était manger »
Un fumeur qui a récemment cessé de fumer après 10 ans d’utilisation quotidienne a dit à Epoch Times qu’il avait « les crocs » quand il était stone – un effet secondaire courant chez les fumeurs de marijuana – et qu’il prenait beaucoup de poids.
« Quand j’avais fumé de l’herbe, tout ce que je voulais, c’était manger – je pouvais manger une table entière [pleine de nourriture] », dit Douglas Sasaki, qui a déménagé du Brésil à Vancouver il y a quatre ans. « Maintenant, je ne peux même plus manger la moitié de ce que j’avais l’habitude de manger. »
Douglas, 26 ans, a décidé d’arrêter le cannabis parce qu’il veut avoir un mode de vie plus sain. Mais en plus de perdre du poids, il espère que son esprit sera plus clair afin de pouvoir mieux atteindre ses objectifs à long terme.
« Après avoir tant fumé pendant si longtemps, il y a peut-être une autre façon de vivre, et sans herbe, je peux aller mieux », dit-il. « C’est principalement à cause de ma santé, mais peut-être aussi que dans 10 ou 15 ans, j’aurai plus d’opportunités sans ça. »
Jared Gnam est un journaliste indépendant basé à Vancouver.
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