Loi interdisant les importations en provenance de la province chinoise du Xinjiang, sanctions contre des firmes high-tech et de biotechnologie: les Etats-Unis ont renforcé leur arsenal contre la Chine, qu’ils accusent de violer les droits des Ouïghours.
Déplorant ces violations supposées et les menaces pour la sécurité nationale américaine, l’administration du président Joe Biden a multiplié ces derniers mois les sanctions économiques contre les intérêts chinois, contribuant à la détérioration des relations bilatérales.
Jeudi, le ministère américain du Commerce a lancé l’offensive en plaçant une trentaine d’entités sur une liste noire restreignant les exportations sensibles.
Puis le Trésor a interdit aux ressortissants américains de commercer avec huit entreprises high-tech, dont le numéro 1 mondial des drones, DJI, qui était déjà depuis deux ans sur la liste noire du ministère du Commerce.
Une loi interdisant l’importation de produits fabriqués au Xinjiang
Enfin, le Sénat a approuvé jeudi à l’unanimité une loi interdisant l’importation aux Etats-Unis d’un large éventail de produits fabriqués au Xinjiang (nord-ouest de la Chine), au nom de la lutte contre le « travail forcé ».
Le ministère du Commerce et le Trésor ont décidé de cibler la haute technologie chinoise, qui serait selon eux utilisée pour violer les droits des Ouïghours.
« La Chine fait part de son fort mécontentement et de sa ferme opposition », a réagi vendredi Wang Wenbin, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, assurant que Pékin « prendra toutes les mesures nécessaires » pour protéger ses entreprises.
Les Etats-Unis « inventent toutes sortes de prétextes, abusent de leurs mesures de contrôle des exportations pour réprimer de manière déraisonnable les entités et entreprises chinoises », a-t-il souligné devant la presse. « Cela atteint désormais un point où ils n’ont plus aucun scrupule pour parvenir à leurs fins ».
Attentats prétextes
Principalement musulmans, les Ouïghours constituent le principal groupe ethnique du Xinjiang. Cette région longtemps frappée par des attentats sanglants attribués à des séparatistes ou des islamistes ouïghours fait l’objet d’une surveillance policière draconienne.
Des études occidentales, fondées sur des interprétations de documents officiels, des témoignages de victimes présumées et des extrapolations statistiques accusent Pékin d’avoir interné dans des « camps » un million de personnes, d’effectuer des « stérilisations forcées » et d’imposer du « travail forcé ».
Les Etats-Unis ont qualifié la campagne de « génocide » et effectueront un boycott diplomatique des Jeux d’hiver de Pékin (4-20 février 2022).
Pékin dément fermement ces accusations et présente les « camps » comme des « centres de formation professionnelle » destinés à éloigner les habitants de la tentation de l’extrémisme.
Des groupes de défense des droits de l’Homme affirment que la Chine exerce sa surveillance des Ouïghours via l’usage de l’intelligence artificielle pour de la reconnaissance faciale.
« La recherche scientifique en biotechnologie et en innovation médicale peut sauver des vies. Malheureusement, la République populaire de Chine choisit d’utiliser ces technologies pour contrôler son peuple et réprimer des membres de groupes minoritaires ethniques et religieux », a déclaré la secrétaire américaine au Commerce Gina Raimondo, pour justifier les nouvelles sanctions.
Les instituts de recherche visés par les dernières actions américaines comprennent des centres axés sur les transfusions sanguines, la bio-ingénierie et la toxicologie.
« Contrôle du cerveau »
Les Etats-Unis estiment que « les entreprises privées des secteurs chinois des technologies de défense et de surveillance coopèrent activement avec le gouvernement (chinois) dans ses efforts pour réprimer les membres des groupes ethniques et religieux minoritaires », a déclaré le sous-secrétaire au Trésor chargé du terrorisme et du renseignement financier, Brian Nelson.
Au total, 37 entités ont été ajoutées à la liste du ministère du Commerce des entreprises accusées d’être impliquées dans des activités « contraires à la politique étrangère et aux intérêts de sécurité nationale des Etats-Unis ».
La liste comprend des entreprises chinoises mais aussi des firmes de Géorgie, de Malaisie et de Turquie, selon le document qui doit être publié au journal officiel vendredi.
Concrètement, Washington a décidé de restreindre les exportations sensibles vers l’Académie chinoise des sciences médicales militaires et 11 de ses instituts de recherche en raison de ses travaux de biotechnologie, y compris « de prétendues armes de contrôle du cerveau ».
Le texte adopté jeudi au Congrès bannit par ailleurs l’importation de produits fabriqués en tout ou en partie au Xinjiang, à moins que les entreprises ne soient en mesure d’apporter la preuve aux douaniers qu’ils n’ont pas été fabriqués avec du « travail forcé ».
Il doit encore être signé par Joe Biden.
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