Outre-mer : construire l’égalité économique réelle ?

22 mars 2016 11:26 Mis à jour: 23 mars 2016 09:48

« La France est un archipel. Elle est mondiale et elle est maritime ; elle est puissante grâce aux Outre-mer. La France est une puissance nucléaire grâce à la Polynésie, elle est une puissance spatiale grâce à la Guyane. Elle est le deuxième domaine maritime du monde par l’étendue de sa zone économique exclusive qui lui offre de grandes réserves de richesses et une croissance économique dans les domaines énergétiques, miniers, alimentaires, géopolitiques… Il est peu de domaines où l’Outre-mer ne jouera pas un rôle déterminant dans un proche avenir, dans un contexte de rareté des ressources essentielles qui conditionnent notre quotidien. » Ainsi s’est exprimé Patrick Karam, président du CREFOM, le Conseil Représentatif des Français d’Outre-mer, lors de son discours d’ouverture du dîner annuel le mercredi 16 mars au Cercle national des Armées.

Rassembler les territoires d’Outre-mer et au-delà

Créé en janvier 2014 à l’initiative de son actuel président et ancien délégué interministériel pour l’Outre-mer, Patrick Karam et avec Victorin Lurel, ancien ministre et député de Guadeloupe, le CREFOM regroupe plus de 600 associations ultramarines de tous bords politiques et territoriaux. Il s’est donné pour mission la défense, la promotion et la visibilité des ultramarins et des Outre-mer.

La France sans les îles ne serait pas la France. Gil Taieb, vice-président du CRIF

Le CREFOM, Ericka Bareigts, députée réunionnaise le connaît bien puisqu’elle fut son ancienne vice-présidente avant d’être nouvellement nommée au tout récent poste du secrétariat d’État à l’égalité réelle. Selon Mme Bareigts, le CREFOM est un outil permettant « d’échanger sur nos problèmes, mais aussi nos atouts, nos espoirs, nos ambitions, puisque nos Outre-mer portent en eux beaucoup d’atouts. Maintenant, il faut trouver un moyen de déverrouiller ces blocages que nous avons sur nos territoires ».

Plus que les Outre-mer, ce sont toutes les minorités culturelles et religieuses qui sont impliquées dans ces problématiques. Gil Taieb, vice-président du Conseil Représentatif des peuples juifs en France, le CRIF, était présent pour ce 70anniversaire de la départementalisation des anciennes colonies. Pour lui, « certains ont voulu parler de la concurrence des mémoires, nous voulons dire que nous sommes un même peuple, le peuple humain… Le Premier ministre, face aux actes antisémites, a dit que « la France sans les juifs ne serait pas la France ». Aujourd’hui, ce que j’ai entendu et que j’aimerais entendre définitivement, c’est que « la France sans les îles ne serait pas la France » ».

Une situation des Outre-mer alarmante

La date du 19 mars 2016 commémorait les 70 ans de départementalisation des anciennes colonies (Guadeloupe, Martinique, Guyane et Réunion). À cette occasion, le président du CREFOM a voulu s’adresser à l’ensemble des politiques de droite et de gauche (parmi lesquels se trouvaient l’ancien pré sident de la République Nicolas Sarkozy, l’actuel Premier ministre Manuel Valls, la présidente de la région Île-de-France Valérie Pécresse ou encore la ministre de l’Éducation Najat Vallaud-Belkacem) : « Après l’égalité politique de 1946, après l’égalité sociale de 1996, il faut maintenant que nous construisions l’égalité économique réelle ».

Le portrait socio-économique des Outre-mer est en effet alarmant : « Malgré leur dynamisme et les politiques publiques qui sont menées, les Outre-mer cumulent des situations défavorables et ne parviennent pas à rattraper les retards de développement par rapport à l’Hexagone… Nos taux de chômage sont trois fois supérieurs à la moyenne nationale. Celui de nos jeunes, explosif, peut dépasser 60%. Le taux de pauvreté est entre trois et quatre fois plus élevé que dans l’Hexagone… On prend l’exemple de la Seine-Saint-Denis : il était de 24,8% en 2011 contre 42% à la Réunion », déclare Patrick Karam.

Il continue : « Nous avons entre 23 et 39 ans de retard en matière de santé publique notamment quant à la mortalité infantile. Notre PIB par habitant dépasse péniblement 58% de la moyenne nationale avec des disparités très fortes suivant les territoires. Nous sommes donc très loin des zones et régions de l’Hexagone les plus pauvres ». S’adressant au Premier ministre, Manuel Valls, il conclut ainsi : « Nous sommes certains que vous aurez à cœur de placer les Outre-mer en tête de vos priorités absolues… »

75 propositions déposées au gouvernement

C’est Victorin Lurel, président d’honneur du CREFOM, qui a présenté des propositions visant à « favoriser la convergence réelle des Outre-mer vers la moyenne nationale » par le biais d’indicateurs précis, le PIB/habitant, l’indice de développement humain et l’écart de pauvreté. Parmi les 35 recommandations déclinées en 75 propositions, on retrouve la régionalisation du SMIC, l’obligation pour le système éducatif de former les éventuels « décrocheurs », la création de zones franches globales, le développement des transports collectifs, et, plus audacieux, la suppression progressive de la réfaction de l’impôt sur le revenu (allègements d’impôts de 30 à 40% selon les territoires) ainsi que la suppression de la sur-rémunération des fonctionnaires.

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