Le procès de Gabriel Fortin, un ingénieur au chômage accusé d’avoir tué deux de ses anciens DRH qui l’avaient licencié et une cadre d’une agence de Pôle Emploi, s’ouvre mardi devant les assises de la Drôme, à Valence, pour trois semaines.
Jugé pour ces trois assassinats, ainsi qu’une tentative d’assassinat, Gabriel Fortin, en détention provisoire depuis sa mise en examen, encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
Son périple meurtrier fin janvier 2021 l’avait mené du Haut-Rhin à l’Ardèche, en passant par la Drôme. Celui qui a été surnommé, à cause du métier des victimes, le « tueur de DRH », avait été arrêté peu après après son troisième homicide, au volant d’une voiture dont la plaque d’immatriculation avait été relevée sur le lieu du deuxième assassinat, distant seulement de quelques kilomètres. Le procès doit commencer mardi matin par la sélection des jurés, avant de rentrer dans les débats l’après-midi avec les premiers témoins de personnalité.
Il garde le silence
Une incertitude taraude les parties civiles : Gabriel Fortin qui a gardé le silence pendant toutes les investigations, qui n’a pas coopéré, refusant notamment de participer aux reconstitutions, acceptera-t-il d’assister à son procès ? « Ce silence qu’il oppose depuis le début est sans doute la monnaie de la pièce du silence que l’institution juridique lui a opposé pendant plusieurs années », alors qu’il a tenté de contester ses licenciements, note Me Hervé Gerbi, avocat des sœurs de la deuxième victime, Patricia Pasquion.
« Il va falloir qu’il dépasse tout ça. S’il avait un message à faire passer, demain avec la présence des familles de victimes, avec la présence du public, de la presse, ce n’est plus l’institution judiciaire à laquelle il doit rendre des comptes, mais à la société », plaide l’avocat.
Douze avocats seront présents pour représenter une trentaine de parties civiles, famille, amis, collègues et employeurs des victimes. « Il est important que face à son silence assourdissant, parvienne l’expression des victimes », souligne Me Denis Dreyfus, qui représente l’époux et les filles de Patricia Pasquion, tuée à Valence.
Rappel des faits
Le périple sanglant du meurtrier avait provoqué un fort émoi. Le 28 janvier un peu après 8h30, Patricia Pasquion, 54 ans, cadre dans une agence Pôle Emploi, est abattue par un homme au visage masqué. Un témoin note la plaque d’immatriculation de la voiture utilisée par le tireur.
Quelques minutes plus tard, le même homme parcourt la courte distance qui le sépare de Guilherand-Granges en Ardèche, où Géraldine Caclin, responsable des ressources humaines de Faun Environnement, est à son tour abattue dans les locaux de l’entreprise. Gabriel Fortin est interpellé dans sa voiture quelques instants plus tard, sa plaque d’immatriculation repérée par des policiers.
Stupeur, quand l’enquête établit rapidement un rapprochement avec des faits commis moins de deux jours plus tôt à des centaines de kilomètres de là : la mort d’Estelle Luce, le 26 janvier, tuée par balles dans sa voiture, sur le parking de l’entreprise Knauf, dans la petite ville de Wolfgantzen (Haut-Rhin). Et le même soir, à Wattwiller, l’agression d’un cadre – qui se révèlera être l’un de ses anciens collègues dans une entreprise d’Eure-et-Loir entre 2006 et 2008 – blessé par balle par un homme qui avait réussi à s’enfuir.
Rancœur tenace
Socialement isolé, Gabriel Fortin, ingénieur discret habitant Nancy, amateur de tir sportif, vivait le chômage comme une injustice. Dès les premiers jours d’enquête, le parquet avait souligné la préméditation des actes qui semblent minutieusement préparés. Gabriel Fortin nourrissait une rancœur tenace : trois des quatre victimes avaient été associées à ses deux licenciements, d’une entreprise d’Eure-et-Loir en 2006 et de chez Faun Environnement en 2009. Il ne supportait pas la déchéance sociale du chômage, selon les éléments recueillis par les enquêteurs.
Des documents informatiques retrouvés pendant l’enquête montrent une préparation minutieuse, une haine ruminée de longue date qui finit par se transformer en acte meurtrier. À la fin des débats, trois jours de plaidoiries et réquisitions sont prévus, suivis du délibéré, attendu le 30 juin.
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