Le procès des attentats de Trèbes et Carcassonne, qui avaient fait quatre morts en mars 2018 dont le gendarme Arnaud Beltrame, s’est ouvert lundi devant la cour d’assises spéciale de Paris.
Les sept accusés – une femme et six hommes âgés de 24 à 35 ans – comparaissent détenus pour deux d’entre eux, et libres sous contrôle judiciaire pour les autres. L’un étant absent à l’ouverture du procès, le président Laurent Raviot a ordonné qu’il soit amené par la force, tout en poursuivant l’audience, lors d’une matinée consacrée à l’organisation du planning.
Face aux accusés se sont assises les parties civiles, dont la mère et les deux frères d’Arnaud Beltrame, le lieutenant-colonel qui avait pris la place de l’otage de l’assaillant au Super U de Trèbes. La caissière prise en otage, Julie L., doit témoigner vendredi. Ce sera l’occasion « de rendre un hommage à celui auquel elle doit de pouvoir encore être là », a déclaré en marge de l’audience son avocat Henri de Beauregard.
Un procès qu’elle voit « plus intéressant » pour « ce qu’il va permettre d’apprendre autour de la personne d’Arnaud Beltrame » que du côté du box, composé « des deuxièmes, des troisièmes ou parfois des quatrièmes couteaux », a ajouté Me de Beauregard, évoquant la « frustration » des parties civiles du « fait que l’auteur n’est pas là ».
Aucun des accusés, des proches de l’assaillant, n’est jugé pour « complicité » des crimes commis par Radouane Lakdim, qui avait été abattu par les gendarmes. Cinq sont jugés pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle », deux autres pour des délits connexes.
Rappel des faits
Au matin du 23 mars 2018, ce petit dealer de 25 ans d’une cité difficile de Carcassonne (Aude), très radicalisé, se rend sur un parking connu pour être un lieu de rencontres homosexuelles. Il tire sur deux hommes. L’un d’eux, Jean-Michel Mazières, 61 ans, décède. L’autre homme est grièvement blessé. L’assaillant poursuit son périple en voiture, tire sur quatre policiers faisant leur footing, en blesse un grièvement.
Puis Radouane Lakdim arrive au Super U de Trèbes, une commune voisine de Carcassonne. Là, il tue le chef-boucher de 50 ans, Christian Medves, et un client, maçon à la retraite de 65 ans, Hervé Sosna, chacun d’une balle dans la tête. Il crie « Allah Akbar », invective les gens entre les rayons, brandit son revolver, puis prend en otage une agente de 39 ans cachée dans un local. Il lui ordonne d’appeler la gendarmerie. Au téléphone, il ne laisse planer aucun doute sur ses motivations, se présentant comme un « brigadier de l’organisation terroriste État islamique ».
« Depuis le temps que je veux faire ça », dit-il aussi aux gendarmes, se vantant de ses crimes commis plus tôt dans la matinée : « les CRS je les ai canardés », « j’ai allumé deux pédés deux balles dans la tête, sans pitié. »
Au bout d’une heure, le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, 44 ans, convainc le jihadiste de le prendre en otage à la place de l’agente. Le GIGN (unité d’intervention d’élite de la gendarmerie) donne l’assaut vers 14h30. Radouane Lakdim est abattu. Arnaud Beltrame, grièvement blessé au couteau au niveau du cou par l’assaillant, décédera à l’hôpital.
« Arnaud est un battant, il s’est battu jusqu’à la mort », a témoigné lundi sa mère Nicolle Beltrame devant la salle d’audience. « Son courage doit nous inspirer », a poursuivi son frère Cédric. « Il a été au combat, a commis un acte de bravoure, c’est ce qu’on veut qu’on retienne de lui. »
« L’irréparable et le terrible »
Au début du procès, les accusés ont brièvement décliné leur identité : Marine Pequignot, cheveux lâchés, veste noire, « téléconseillère », habite désormais à Marseille. À l’époque (à 18 ans) elle était la petite amie de Radouane Lakdim et était très radicalisée également. Elle savait, selon l’accusation, ce dont il était capable. Aux enquêteurs, elle a expliqué qu’il adorait les armes et disait souvent que « par rapport aux mécréants, il allait péter les plombs ». Sont également jugés l’ami ayant accompagné Radouane Lakdim acheter le couteau qui a tué Arnaud Beltrame, et le beau-frère de l’assaillant qui avait « nettoyé » en catastrophe l’appartement de ce dernier.
« La difficulté de ce genre de procès, c’est que celui qui a fait, qui a commis l’irréparable et le terrible n’est jamais dans le box des accusés », a affirmé son avocate, Me Emmanuelle Franck devant la presse. « Donc on remplit le box des accusés avec un certain nombre de personnes, et concernant notre client, avec des mauvaises personnes ». Le procès est prévu jusqu’au 23 février.
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