Pfizer, Moderna, Novavax: les patrons de plusieurs laboratoires américains développant des vaccins contre le Covid-19 avec de l’argent public ont récemment empoché des millions de dollars grâce à la vente d’actions, suscitant des interrogations sur la convenance de telles transactions en temps de crise sanitaire.
Le jour même où le géant pharmaceutique Pfizer a annoncé que son vaccin était efficace à 90%, selon des données préliminaires, son directeur général Albert Bourla a ainsi vendu pour 5,6 millions de dollars de titres.
Rien d’illégal a priori: cette opération était prévue, d’après Pfizer, selon des règles permettant aux dirigeants d’entreprises de procéder à l’achat ou à la vente de titres en fonction de critères prédéterminés, à une date ou à un prix précis, pour éviter justement tout soupçon de délit d’initié.
En utilisant ces mêmes règles, plusieurs responsables de Moderna ont vendu pour plus d’une centaine de millions de dollars d’actions ces derniers mois.
La société n’a lancé aucun produit sur le marché depuis sa création en 2010, mais le gouvernement s’est engagé à lui verser jusqu’à 2,5 milliards de dollars si son vaccin était validé. Le titre est passé de 19 dollars en début d’année à 90 dollars actuellement.
Pour Sanjai Bhagat, professeur spécialisé dans la gouvernance des entreprises à l’université du Colorado, les patrons ne devraient simplement pas pouvoir vendre d’actions tant qu’ils sont en poste, voire jusqu’à un à deux ans après leur départ.
« S’ils ont beaucoup d’actions et de stocks-options à leur disposition, ils ont alors intérêt à faire monter leur prix le plus possible, y compris parfois en n’étant pas forcément complètement honnêtes avec les investisseurs », avance-t-il.
Au vu du contexte, les conseils d’administration devraient au moins éloigner toute tentation. « Ne rien faire d’illégal » ne suffit pas, « les gens s’attendent à ce qu’ils agissent de façon responsable », assène M. Bhagat.
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